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d’abord, également minces et allongés, s’effilèrent bientôt
comme il arrive au pêcheur de crabes, quand il tire sur le
harpon. Puis, la silhouette se dressa dans toute sa hauteur
dont le développement avait je ne sais quoi de merveilleux, qui
avait moins affaire avec la majesté qu’avec la grâce. Le cache-
sexe, réduit au minimum laissait voir de dos tout le corps d’une
incomparable beauté, mais surtout quelque chose intriguait
[…] je crois bien n’avoir jamais contemplé qu’en rêve une
pareille perfection, toutes les tanagras du monde effacées
dans mon souvenir par ce qui ravissait mon regard »…
500 / 600
€
245
Marcel JOUHANDEAU
.
M
anuscrit
autographe,
De quelques symptômes de grandeur sans
préoccupation morale
, [vers 1935] ; 18 feuillets petit in-4 sous
chemise avec titre.
F
ragments
pour
A
lgèbre
des
valeurs
morales
(Gallimard,
1935)
,
recueil de maximes, morceaux de dialogue, anecdotes,
pensées éparses, réflexions plus ou moins développées.
Ces feuillets sont tantôt entièrement recouverts d’écriture
à l’encre violette, tantôt ils présentent quelques lignes
seulement ; s’y trouvent quelques ratures et corrections. « L.
exige de ses complices qu’ils ne fassent allusion jamais devant
lui à certain détail sublime qui est la part qu’il se réserve dans le
crime et le seul attrait qu’il y trouve »… Anecdotes fantaisistes
sur des agressions sur la voie publique, distinction entre vertu
et « je ne sais quel renoncement préliminaire qui dispense de
vivre », passages brefs intitulés
Du courage
et
De la fierté
, et
réflexions plus longues :
De la hauteur
,
De l’ignominie
.
Certains de ces éléments se retrouvent dans le premier
livre,
Apologie du Mal
, première partie :
Des Vertus et des
Vices
. « Quelle n’est pas la science de X, la richesse de ses
souvenirs, les subtilités de sa dialectique, le chef-d’œuvre de
sa conversation, son aisance partout, mais Z. dont la mémoire
est courte, la race neuve, qui timide ne sait parler qu’à deux et
encore dans l’obscurité où il est toujours encore un peu gêné
aux entournures n’en a que plus d’aptitude à souffrir »…
500 / 700
€
246
Marcel JOUHANDEAU
.
2
manuscrits
autographes,
La Pureté
et
Dieu
, [vers 1935] ; 6 et
51 feuillets petit in-4 sous chemises titrées.
F
ragments
pour
A
lgèbre
des
valeurs
morales
(Gallimard
1935)
,
recueil d’aphorismes, pensées éparses, réflexions plus ou
moins développées.
Manuscrits à l’encre violette, avec ratures et corrections, allant
de quelques lignes à plusieurs pages.
La plupart des éléments classés
V, La Pureté
se retrouvent,
remaniés et développés, dans le premier livre,
Apologie du
Mal
, 4
e
partie,
La Pureté morale et le Mal
(sections
iii
,
iv
,
v
,
vi
et
vii
)
. Le dossier plus important,
VIII, Dieu
présente des éléments
de réflexion ou des jalons pour le troisième livre de l’
Algèbre
:
Défense de l’Enfer
, sections
ii
et
iii
,
Dieu
et
L’Enfer
. Tous n’ont
pas été retenus pour la version publiée. Ceux qui l’ont été, ont
été élagués, resserrés et remaniés. On lit dans ces fragments
manuscrits, par exemple : « Ce n’est pas la récitation de l’acte
de Foi qui crée en nous la Foi, mais l’acte de Foi. Dans l’acte
intervient toute l’âme. Dans l’acte intervient Dieu lui-même. Dans
l’acte il y a collaboration de l’âme et de Dieu. Souvent dans la
récitation de l’acte n’interviennent que les lèvres, l’âme absente,
Dieu étranger »… L’
Algèbre
retiendra simplement : « Ce n’est
pas la récitation du Credo qui est la foi, mais l’acte de foi. Dans
l’acte il y a collaboration de Dieu et de l’âme »… De même, on
lit ici : « On croyait croire. Et si l’on persiste dans ce nouvel état
d’âme, viendra un jour où l’on en connaîtra l’insuffisance et la
médiocrité. Dieu existe toujours plus qu’on ne croit »… L’
Algèbre
donnera : « On croyait croire. Dieu existe toujours plus qu’on ne
croit, puisqu’il est l’Être
»…
Ailleurs, on lit des passages sans
écho dans l’
Algèbre
: « L’homme ne voit aucun être ni aucune
chose dans son universalité, dans son éternité, dans toute son
étendue. Il ne voit l’ensemble de rien. La Perfection de tout lui
échappe. C’est parce qu’il ne voit qu’une partie des choses et
des événements que l’homme parle d’injustice. La Justice se
rétablit dans l’ensemble qu’il ne voit pas. L’Homme doit faire
crédit à Dieu de ce que Dieu sait et de ce qu’il ignore lui-même.
Il appartient au regard de l’Homme de faire l’analyse de l’Univers
dont Dieu seul a une vue adéquate »… Etc.
800 / 1 000
€
246




