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jeudi 14 NOVEMBRE 2019
234. NICOLAS-MARIE FOURNIER DE LA CONTAMINE
(Gex 1760-1834), prélat, évêque de Montpellier (1806-1834) ; refusant le
serment à la Constitution civile du clergé, il perd ses fonctions ; ses prêches
conservateurs lui valent 18 mois de prison sous le consulat, à Bicêtre puis
à la citadelle de Turin. 7 lettres autographes (1 signée) à la comtesse de
Bianchi. Prison de la citadelle de Turin et Orléans, 1801-1803. 21 pp. in-4.
Adresses au dos.
Émouvante correspondance écrite lors de son incarcération à la prison
de Turin
(sauf la dernière) ; en 1801, ayant prononcé un discours à Saint-
Roch déplorant la mort de Louis XVI, il est arrêté, enfermé à Bicêtre, tondu
et confiné dans un cabanon parmi les fous ; il est transféré peu après à la
citadelle de Turin ; Napoléon le fera sortir de là sur la caution du cardinal
Fesch qui l’appela alors à Lyon. «M. l’archevêque a eu la bonté de m’écrire
un mot quand il a sçu que j’étois à Bicêtre où j’ai resté 25 jours parmi les
fols dans une loge et habillé comme eux […] ».
300 / 400 €
235. GASTRONOMIE.
4 documents.
- Petit cahier manuscrit « Des liqueurs. Le 6 août 1825 », 19 pp. in-8.
Recettes de liqueurs (eau de genièvre, liqueur au citron, persicot, ratafia à
l’orange, etc.), croquantes, friture de racines jaunes, crèmes (crème frite,
crème au café blanc, crème aux pistaches, etc.), desserts.
- 2 recettes manuscrites, XIX
e
: vin de raisins secs et bombe à la crème.
- Petit cahier manuscrit « Recettes de cuisine 1884 ».
- Imprimé du XVIII
e
, sans lieu ni date ni imprimeur (1 p. in-4) : « Manière
d’accommoder le riz, de façon qu’avec dix livres de riz, dix livres de pain,
dix pintes de lait, & soixante pintes d’eau, soixante-dix personnes se sont
trouvé nourries parfaitement pendant vingt-quatre heures ».
150 / 200 €
GASTRONOMIE :
voir également n°214
236. GRANDE-ARMÉE.
PIERRE-NICOLAS GUILLARD (né à
Friardel, Calvados, en 1791), chasseur d’un régiment de cavalerie, fait pri-
sonnier des Russes après le passage de la Bérézina, le 10 déc. 1812.
- Certificat de Baptême.
- Pierre-Nicolas Guillard. 5 lettres à sa mère, d’une orthographe fantaisiste.
Caen, Tournay et Dantzig, avril 1811 – février 1812. 15 pp. in-4. Adresses
au dos avec cachets postaux.
Très intéressant témoignage sur la condition de soldat de la Grande
Armée.
« Je vous écris ces lignes pour vous marquer que je suis incorporé
dans les chasseurs à cheval » [il a alors 19 ans]. Il va rejoindre ainsi ses
camarades de Cavalerie, puis doit être incorporé à Tournay. Il ne pourra
aller la voir, car il risque d’être considéré comme déserteur ; il raconte son
voyage en barque et à pied, par Calais, Rouen, Amiens, pour rejoindre son
régiment à Tournay. « Je vous diré que la nourriture nes pas mauvaise
nous
avons de la soupe et une demi de boulit par jour et une portion de pome
de tere et une livre et demie de pin
». Il évoque également le montant de
sa solde, le pantalon de toile blanche qu’il a dû acheter et qui lui a coûté 4
francs, les problèmes d’hygiène avec la galle et les mites qui attaquent le
régiment, ses compagnons, son « camarade de lit ». « Vous me demandé
ma manière que je suis abilié.
Je vous diré que nous somme abilié en
drap dun ver noir nous avons des veste courte il sont brodé tout au-
tour en rouge et de grand pantalon de la meme couleur ou lui ya deux
bande rouge sur chaque quile qui von depuis le haut jusqau bas
[…] et
puis des bote et un sacot et un cole noir je été obligé dacheter un mouchoir
blanc pour mettre par dessus le noir. Nous navons pas encore de chevaux
[…]. Il y a 50 chevaux mais ces pour ceux qui vont partir toute suite […] ».
Un mois plus tard, il apprend que son régiment est envoyé à Dantzig.
« Nous partons tous a pié », il est content de partir, car une maladie règne et
«
il y an a deja beaucoup qui sonmort
» dont un de ses amis d’Orbec. De
Dantzig, il se rétablit après avoir été malade durant six semaines. Il raconte
son périple à travers la campagne de Prusse, la manière dont ils se nour-
rissent et logent chez les paysans, l’arrivée à Dantzig où ils sont répartis
dans diverses compagnies, puis le froid, la faim. « Je vous diré que nous
somme dans un très mauvés pays. Les abitans ne mange perque pas de pin
si peut quil en mange il est noire comme la cheminé il ne mange que des
pome de terre et de lorge quite dans lot. Nous somme a deux sen pas de la
mer il fait très froit quand nous avon arivé nous avon trouvé la nège sur la
terre et elle y est encore et lon nous fait faire la manœuvre à cheval tous les
jour.
Les chevaux on de la nège jusqu’au vantre
. Nous touchons le pin
et la viande et sept francs par mois jé perdu un mois et demit de pres daler
à lopital car tout ceux qui vont ne touche pas de pres et il est perdu […] ».
- Lettre de la mère d’un de ses compagnons, adressée à sa mère,
datée du 17 octobre 1812, disant qu’elle n’a plus de nouvelles
de son « petit », « depuis le 29 mai quil mécrivé de Danzic ou il
me marquet quil partent pour battre contre les russes […] ».
- Pièce signée par les membres du Conseil d’administration du deuxième
régiment de chasseurs à cheval (1 p. in-4, en-tête, Tournay 2 nov. 1813) :
certificat adressé à la mère de Guillard l’informant qu’il a été fait prison-
nier des Russes le 10 dec. 1812. Ce certificat dressé un an après les faits,
laisse supposer qu’il n’y a plus de nouvelles de lui.
600 / 800 €
237. VINCENT D’INDY
(1851-1931), compositeur. Lettre autographe si-
gnée « Vincent » à sa seconde épouse, la pianiste Caroline Janson. 1 p. in-8
écrite au crayon au dos d’une convocation du Théâtre National de l’Opéra
pour une répétition de St-Christophe (12 mars 1920).
Emouvante lettre amoureuse. « Ma Chérie, j’ai encore dans l’œil (pas le
sale, le propre, le bon), la douce petite figure aimée de mon enfanlou, à la
gare, et je conserve cette petite figure à moitié triste, à moitié souriante, et je
l’aime tant. J’ai assez bien dormi avec 3 hommes de peu d’intérêt qui ron-
flent encore […]. Il est prêt de 4 heures, on va bientôt arriver et je n’ai pas
vu venir l’accident. Je tacherai, en arrivant à l’Hôtel de France de redormir
encore quelques heures, comme quand on arrive un matin chez la Mémé,
seulement il n’y aura pas la Mémé, ni du nez, ni du bras. Heureusement que
je vais retrouver tout ça dans 4 jours. Je t’aime de toute mon âme ».
150 / 200 €
238. ITALIE. VICTOR-EMMANUEL II
(1820-1878), premier roi
d’Italie. Pièce signée, 40 x 45 cm. Turin, 30 nov. 1862. En-tête comme roi
d’Italie « per grazia di dio e per volonta della nazione ». Beau et grand sceau
sou papier gaufré. Pliée.
Permission donnée au vicomte Roger de Saint-Sauveur de prendre son
poste de consul de France à Cagliari. Belle et grande signature « Vittorio
Emanuele », avec contresignature de Giacomo Durando.
On joint un brevet de nomination d’officier dans l’ordre des saints Maurice
et Lazare, octroyé au même Roger de Saint-Sauveur, signé par Cibrario
(Turin, mars 1865).
200 / 300 €
239. [RUDYARD KIPLING]. RAYMOND POINCARÉ.
2 lettres dacty-
lographiées signées à Edouard Soulier, pasteur et homme politique, 3 pp.
in-4. Paris, août-octobre 1923.
Refus de la Légion d’honneur à Rudyard Kipling.
Poincaré en explique
les raisons.
150 / 200 €
240. ÉMILE LÉVY
(1826-1890), peintre et illustrateur, prix de Rome de
peinture (1854). 14 L.A.S. à différents correspondants (dont 5 à une « chère
signora », quelques unes co-écrites avec son épouse), 26 pp. in-8 et in-16.
1859-1890.
Belle correspondance artistique et amicale.
« Je pioche comme jamais ;
le soir je rentre à 9 ou 10 heures, j’allume ma lampe suspendue maintenant
dans l’atelier et en voilà jusqu’à une heure ou deux et la nuit, n’étant déran-
gé par rien, ni bruit, ni changement de lumière comme le jour, on ne perd
pas une minute […]. » 1866. Lettre d’amour à sa chère Olga. «
Depuis
que je vous connais, je deviens tout amour, tout poésie
; ça m’enrage de
sentir les chaines qui m’attachent à la terre. Je n’ai plus même de goût au
travail […]. Je vous vois, je pense, je rêve, je cause avec vous ; je vous fais
mille demandes et mille réponses. Je vous interroge, je sonde l’avenir. J’ai
confiance, je suis heureux […] ». 5 lettres à une « chère signora » (épouse
d’un de ses condisciples de laVillaMédicis) concernant la restauration d’un
plafond, la situation du pays après la capitulation de Sedan, ses peintures
dans les Pyrénées etc. « Mais en réalité, je ne travaille pas beaucoup. J’ai,
du reste, beaucoup de difficultés à trouver des modèles, et quels modèles !
Jolis, mais puants ! heureux s’ils ne nous laissent pas des souvenirs grouil-
lants ; vous devez m’entendre, j’ai un crapaud de 4 ans que j’attends en vous
écrivant et qui ne se presse pas ; il ne connaît pas encore le prix de l’argent et
estime plus sa chère liberté. Le petit animal est tout ce que j’ai jamais vu de
plus beau comme nature et de plus sale aussi – il dévore huit ou dix gâteaux
durant une séance de 2 heures ou 3.
Si je parviens à terminer l’étude
d’après ce garnement plus 2 têtes d’étude, de fantaisie, des femmes
coiffées du madras des Pyrénées, et le tableau que j’ai emporté dont
l’exécution sera fort avancée, je m’estimerai très heureux et je crois
que j’aurai largement retrouvé mes frais de voyage
[…] ». Il organise et
met en place, au Palais Royal, des réunions avec ses anciens camarades de
Rome. Il évoque encore la mort de Conte et de Baudry. Dans une dernière
lettre, écrite peu avant sa mort, il évoque sa santé déclinante. « Hélas ! Je
n’échappe pas à une foule d’autres inconvénients de santé ; mais je puis
toujours travailler, je n’ai donc pas le droit de trop me plaindre […] ».
500 / 600 €




