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qui ont néanmoins donné les bases du nouveau droit public, conservées par la Charte de « ce roi digne de la France
comme la France est digne de lui »... Ainsi, la liberté de la presse est une nécessité du temps, et il en appelle en
particulier à ses contemporains : « N’étoit-elle pas l’objet des vœux de tous ces hommes excellents que nous avons
admiré dans notre jeunesse, des Malesherbes, des d’Estigny, des Trudaine qui certes valoient bien les hommes d’état
que nous avons vus depuis »… En conclusion, il plaide pour la tranquillité de la société et la confiance populaire : « Il
y a quelqu’un qui a plus d’esprit que Voltaire, plus d’esprit que Bonaparte, plus d’esprit que chacun des directeurs,
que chacun des ministres passés, présents, à venir, c’est tout le monde. S’engager ou du moins persister dans une lutte
où tout le monde se croit intéressé, c’est une folie et aujourd’huy toutes les folies politiques sont dangereuses. Quand
la presse est libre, lorsque chacun peut savoir que ses intérêts sont ou seront deffendus, on attend du tems une justice
plus ou moins tardice, l’espérance soutient […] mais quand la presse est asservie, quand nulle voix ne peut s’élever les
mécontentemens exigent de la part du gouvernement ou trop de foiblesse ou trop de répressions. […] Dans l’intérêt
du roi et de la France je demande une loi répressive et je vote contre la censure ».
142.
Charles-Maurice de TALLEYRAND
.
Manuscrit
autographe, brouillon de discours, [1821-1822] ; 3
pages et demie petit in-4 avec ratures et corrections.
2 000/2 500
Réflexions sur les lois, à propos de la liberté de la presse
, question sur laquelle Talleyrand intervint deux fois
à la Chambre des Pairs, le 24 juillet 1821 et le 26 février 1822
.
« Les lois ou les constitutions ne valent que quand elles rédigent ce que le tems demande. – Quand elles rédigent
sans que le tems préside à la rédaction, elles sont mauvaises. – Le tems ne recule jamais ; quelquefois il est stationnaire.
Il ne commande rien, et alors on doit attendre tout ce qu’il y a d’esprit et l’époque où il est stationnaire est employé à
arranger ce qui est. […] Tel étoit le beau siècle de Louis quatorze. – Plus souvent il marche, mais marche lentement, et
sa lenteur doit rendre l’esprit timide – si l’esprit va plus vite que le tems, il s’égare. Tant que l’assemblée constituante
a rédigé ce que le tems prescrivoit, elle a été bien : cette rédaction se trouve exprimée dans tous ses cahiers, et cela est
devenu le code de notre époque, et pas seulement en France. Le tems dès lors vouloit la liberté de la presse – elle a
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