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c’est les 19/20 de la Nation Françoise, des sentimens de laquelle ni moi, ni les Puissances ne pouvons douter. Mais ce

moyen puissant ne peut être mis en usage sans des secours étrangers. Il faut donc que les Armées alliées entrent en

France et le plutôt possible. Chaque instant de délai m’ôte des forces, parce qu’il est dans la nature d’un vif enthousiasme

de tendre sans cesse à se refroidir ; il en donne au contraire à l’ennemi, à qui il laisse la facilité de rassembler ses forces,

et par les moyens qu’il ne sait que trop bien employer, de tourner en sa faveur les bras qui aujourd’hui ne demandent

qu’à s’armer pour moi. Le duc de

Wellington

que j’ai vû hier et des dispositions duquel je ne saurois assez me louer,

a fait partir un courier pour demander la liberté d’agir sans attendre que toutes les forces soient réunies. Je n’ai pas

besoin de vous recommander d’appuyer vivement cette demande, si l’on attend la réunion complette il sera impossible

de rien faire avant le 1

er

juin. Je ne doute pas du succès mais Buonaporte ne sera écrasé que sous les ruines de la France,

tandis que la célérité, en perdant plus sûrement l’un sauverait l’autre »…

134. [

Charles Maurice de TALLEYRAND

]. L.A.S. de Pierre

Gosse

, Rochefort 15 juillet 1815, au Prince de

Talleyrand

 ; 3 pages in-fol.

200/250

Sur le séjour de Napoléon à Rochefort.

Il signale l’arrivée de « Buonaparte et une nombreuse suitte » à

Rochefort, logé à hôtel de la Préfecture maritime ; il est salué par des manifestations de fidélité depuis son arrivée,

de la part d’élèves-chirurgiens de l’hôpital de la Marine, une partie de la troupe et « la canaille qui a été soudoyé ».

Buonaparte a touché 190 000 francs contre des bons de la Trésorerie nationale, et a épuisé la caisse du payeur de la

Marine « pour les dépenses de son ameublement sur les frégates », alors que les fidèles aux Bourbons ont vu « avec

peine et crainte Napoléon en rade, et son frère Joseph établis ici rue des Fonderies dans un logement qu’on a fait

meubler pour lui. Bien des motifs font présumer que les deux frères ont des rapports directs et intimes avec l’armée

française dirigée sur la rive gauche de la Loire, et l’on assure que tous les partisans de Buonaparte se rendent pour

tenter un dernier effort ou laisser des traces horribles de leurs fureurs »… Le commandant de la place aurait déclaré

que « le premier qui prendroit la Cocarde Blanche sans ordres il le feroit fusiller »…Gosse se dit le « fidèle sujet de Sa

Majesté Louis le désiré qui a servi avec honneur sous le Règne de feu Sa majesté Louis Seize ».

On joint

un imprimé :

Traduction d’une Lettre imprimée dans

le Times

, du 11 janvier 1817. Le Prince de

Talleyrand à Lord Castlereagh

(lettre du 6 décembre 1816, protestant contre des propos qui lui ont été prêtés ; in-4

de 4 p.).

135.

Charles-Maurice de TALLEYRAND

. P.A. (fragment), [1815 ?] ; un quart de page in-4.

200/250

Note pour un discours sur la famille régnante. « Encore des questions importantes, cela m’étonne beaucoup.

Nous avons à notre tête la seule famille qui puisse nous gouverner. C’est celle que toute la France, que tous les partis

veulent »…

136.

Charles-Maurice de TALLEYRAND

. L.A.S., 9 novembre [1815], à Jean-Baptiste de

La Besnardière

 ;

1 page in-4.

500/700

« Dites moi je vous prie, mon cher La Besnardière, s’il est vrai que M

r

Perrey

, que j’ai envoyé de Vienne en France

pour apporter et faire afficher la déclaration du 13 mars, qui est venu jusqu’à Château Salins lorsque Buonaparte étoit

a Paris, qui a échappé d’une heure à l’ordre donné par le télégraphe de Strasbourg de l’arrêter, qui est resté avec moi

jusqu’à la rentrée du roi en France, n’est plus attaché au ministère des affaires étrangères, par la raison quil demeure

chez moi ? Je n’aurois aucun éloignement pour établir une controverse dont ce seroit là l’objet »… [Gabriel

Perrey

,

agent et secrétaire de Talleyrand, se révèlera plus tard un serviteur indélicat.]

137.

Charles-Maurice de TALLEYRAND

.

Manuscrit

autographe d’un brouillon de discours à la Chambre

des Pairs, [1817]

; 6 pages in-fol. avec ratures et corrections.

2 500/3 000

Interventionlorsdeladiscussiondesloisd’exceptionrestreignantlalibertéindividuelleetlaliberté

de la presse

.

Il veut réfuter « deux inculpations » dirigées contre lui par le Garde des Sceaux. Il n’a pas voulu « mettre le roi en

contradiction avec lui-même. Je ne l’ai point voulu : il était inconcevable de le vouloir, et je ne l’ai point fait. […] Dans

la Charte le roi a parlé seul : c’est l’abdication du pouvoir absolu faite par l’héritier de tant de rois, tant en son nom

qu’au nom de sa royale postérité. De pareils actes se font sans ministres, personne n’a le droit de rien revendiquer.

La gloire en appartient toute entière à Louis dix huit. C’est là qu’est sa volonté, c’est là qu’il faut la chercher. C’est

là qu’est l’avenir de la France »… Les scrupules suscités par la proposition de Talleyrand sont sans fondement, car

elle ne tendait nullement à limiter la « prérogative royale » de « faire proposer des projets de loi aux délibérations des

chambres. […] Quand il plait à sa majesté de nous envoyer des projets de loi, que nous demande t’elle et qu’attend elle

de nous ? – La vérité, uniquement la vérité »… Talleyrand souligne « que c’est le même jour, dans la même séance et

par le même organe qu’ont été présentés à la chambre des députés les trois projets relatifs à la liberté individuelle, aux

ouvrages non périodiques et aux journaux ». On ne peut donc nier la connexité de ces trois projets. « Je demande qu’il