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que mes amis et mes ennemis lisent cette lettre, voient cette ouverture ! Oubliez-vous donc que je suis en exil, incapable de réclamer
par la voie de la presse bâillonnée »…
[Août 1855]
. Il ne veut pas dépasser les 14 volumes des
Mystères du peuple
: « il serait impossible
de publier l’
Empire
tel que le comprends à savoir l’exaltation d’
Aréna, Topino-Lebrun
&c, et autres Brutus du nouveau César. Bornons-
nous donc
quant à présent
à 1792 »…
Annecy 3 mars [1856]
. Il redemande que les deux derniers volumes lui soient payés 7.000 F chacun : « Vous savez quelle guerre
acharnée me fait le gouvernement de ce bandit, on entrave de toutes forces mes publications afin de me ruiner tout à fait et de me
couper
les vivres
puisque je vis en grande partie de ma plume. […] Il m’en coûte toujours vous le savez d’aborder les questions matérielles, mais
ma position que me fait l’exil et les persécutions est telle qu’il me faut braver ma fausse honte et m’adresser à vous en toute sincérité,
certain de votre loyauté. Nous voici après tout à la fin de cette œuvre entreprise il y a bientôt 7 ans, et l’espoir de la mener à bonne fin me
réconforte contre de bien grands et bien tristes abattements »...
15 mars
: « j’ai comme vous le désir de voir notre œuvre achevée le plutôt
possible.
Lorsque les temps seront venus
, nous pourrons si vous le voulez ajouter un volume ou deux où je pourrai
à mon aise
, mettre en
scène
l’Empire
et
Strasbourg et Boulogne
, chose impossible à cette heure. L’œuvre telle qu’elle est maintenant s’arrêtant au Consulat est
complète, et je puis mourir en disant dans ma petite prière
Exegi monumentum
car vous le savez les
Mys. du p
. ont été, seront à mes yeux
mon œuvre capitale »…
[Avril]
, précision de ses prénoms et date de naissance en l’an XII
de la République
. « Avez-vous lu le XIII
e
volume
et ma petite
Lettre aux abonnés
(la dernière hélas !!). Je crains bien d’être forcé de faire un volume de plus tant il y a d’admirables choses
à dire sur la Révolution puis il faut un résumé du Consulat, de l’Empire, Restauration etc. afin de
rabouter
la chose en février 1848.
Soyez d’ailleurs certain que je m’efforcerai de ne pas dépasser le chiffre
XIV
[…]. Il m’est venu l’idée d’écrire quelque chose comme
mes
mémoires
, je vous reparlerai un jour de cette pensée, et vous dirai de quelle façon je l’entends et peut-être la chose vous conviendrait-elle,
mais en tous cas ce ne serait à publier qu’en un temps de
liberté
»…
La Haye
6 août
. Il songe à s’établir en Hollande, où il a retrouvé ses
amis Barbès, Charras et Lagrange… « l’exil est cruel, et mille fois plus cruel encore, est le spectacle de l’abjection prolongée de la France,
et il est funeste pour
l’exemple
que cet affreux gredin ne soit pas encore pendu. Certes il le sera, j’en ai le ferme et doux espoir, mais il
aura joui
et désormais son nom est acquis à l’Histoire au lieu d’être acquis au greffe du bagne ainsi qu’il l’aurait dû être le 3 X
bre
1852.
Enfin, espérons »...
20 septembre
, sur le projet de vente à Lachâtre de ses œuvres en viager…
10 novembre
. Des retards dans la publication
des tomes XIV et XV des
Mystères du peuple
l’ennuient beaucoup : « Songez mon ami que je vis de ma plume – que j’aurais pu donner
deux volumes au
Siècle
, je le devais même, mais j’ai tenu à terminer notre œuvre sans désemparer. Maintenant qui sait quand elle
paraîtra. Sans parler même du préjudice matériel que cela me cause, puisque
Le Siècle
ne m’a soldé mes deux volumes contre échange du
manuscrit – songez surtout au préjudice moral, que cette interruption si prolongée va causer à notre livre »…
Annecy 16 décembre
. « Vous
pouvez compter pour certain
que toute la copie vous sera livrée
fin janvier
au plus tard – en ce cas, je m’adresserais une dernière fois à votre
amicale obligeance afin d’obtenir que le 15
e
volume soit soldé fin mars – et le 16
e
fin juin »…
20 janvier [
1857
]
. « Je regrette de ne pouvoir
vous envoyer les
Lettres sur la question religieuse
que j’ai publiées à Bruxelles, et qui ont eu (modestie à part) assez de retentissement
en Belgique, en Hollande et en Allemagne […]. Courage, mon ami, vous écrivez et ce qui est mieux vous
pratiquez
la fraternité,
la
solidarité humaines
»…
28
février
. Il a eu « une
fièvre de
travail
» pour une brochure
sur les prochaines élections
en France [
La France sous
l’Empire
]. « Je ne comptais
faire que quelques articles
pour
Le National
, et cela a
fini par un véritable livre
sur le 2 X
bre
et l’Empire.
Je m’en suis donné à
cœur
joie
[…]. J’ai écrit hier le
mot
fin
et donné le bon à
tirer – car le livre s’imprime
aussi ici. Me voici donc
complettement délivré de
cet enfantement intellectuel
qui m’a depuis six semaines
tenu dans un état fiévreux
d’excitation impossible à
vous dire. Pourvu que le
livre s’en ressente – et je
serai content »… Il parle de
la rétention de son manuscrit
des
Mystères
à la frontière, et
de ses projets littéraires…
O
n
joint
3 traités signés
par Maurice La Châtre pour la vente du droit de reproduction d’œuvres d’Eugène Sue à des journaux :
Les Mystères de Paris
à
La
Marseillaise
(1881),
Mathilde ou Mémoires d’une jeune femme
à
La Bataille
et
Les Misères des enfants trouvés
à
La Revanche
(1882) ; un
décompte du 3
e
volume des
Mystères du peuple
; et un fragment de manuscrit non identifié.
Karl Marx




