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le voir, il se montre impatient de le lire :
« Moi qui de moins en moins me sens littérateur
Au contact des ormeaux, des chênes, et des hêtres,
Moi qui vis dans l’effroi de recevoir des lettres,
Mendès, j’irai demain au-devant du facteur ! […]
Et seul, sans qu’un voisin m’offre son exégèse,
Seul devant un décor que moi-même aurai peint,
J’écouterai Sarah chanter Sainte-Thérèse. »…
311.
Edmond ROSTAND
.
P
oème
autographe signé,
Premier passage sur mon jardin
, 27 septembre 1910 ; 1 page petit in-4
à en-tête d’
Arnaga
.
600/800
S
onnet
sur
le
jardin
de
sa maison
d
’A
rnaga
,
survolé
par
un
avion
, avec des corrections au 12
e
vers.
« J’avais sur la montagne un grand jardin secret.
Mais, ce soir, se levant du fond de la campagne,
Le long biplan que l’œil des bergers accompagne
Vint à ma solitude infliger un soufflet. […]
– Mais j’ai crié d’orgueil et j’ai pleuré de joie
Lorsque j’ai vu mon ciel devenir un chemin. »
312.
Edmond ROSTAND
. L.A.S. « Edmond »,
Cambo
[1911], à sa femme
R
osemonde
; 1 page in-4 à l’adresse d’
Arnaga
.
400/500
A
u
sujet
de
ses
S
onnets
à
M
assenet
[écrits pour l’Université des Annales où ils furent lus par
M
ounet
-S
ully
lors d’un hommage à
M
assenet
, et publiés dans
Les Annales
le 17 décembre 1911.]
« Ma chère Dodette, Bien que cela ait été une catastrophe pour mon travail, sur ta dépêche je me suis mis aux vers pour
M
assenet
.
J’ai fait un sonnet, et me souvenant tout d’un coup d’une anecdote, j’en ai ce matin rajouté un autre. Ils se complètent, le Violon et la
Lampe. – Lis toi-même pour qu’il comprenne bien la musique. Le premier doit être dit lentement, et le troisième vers du premier tercet
allongé comme un long et douloureux coup d’archet. On peut faire un grand effet de diction avec le second, […] en mettant beaucoup
d’émotion à la fin. Il faudra que
M
ounet
, peut-être, te les dise. Voilà. J’espère que Massenet qui jamais de sa vie ne m’a témoigné rien,
et qui même un moment était amer (au moment du concert des Courriéristes) aura quelque joie ; cela me consolera de lui avoir donné
cela, s’il est vraiment si malade »… Il l’embrasse, et ajoute : « Si Massenet dit que c’est le matin et non la nuit qu’il allume sa lampe, tu
lui diras qu’en poésie quatre heures du matin c’est la nuit. […] Comme c’est bâclé, si tu vois un vers à changer, dis-le »…
313.
Edmond ROSTAND
. 2
manuscrits
autographes avec
dessins
pour
La Dernière Nuit de Don Juan
, [1911] ; 2 pages in-4,
encre violette (fente marginale au premier).
600/800
B
rouillons
avec
de
nombreuses
ratures
et
corrections
de deux passages de sa pièce posthume
La Dernière Nuit de Don Juan,
pré-
sentant de nombreuses variantes avec le texte publié (ce drame en 2 parties et prologue sera créé en mars 1922 au Théâtre de la Porte
Saint-Martin). Ils se rattachent aux scènes 1, 2 et 3 de la Première Partie.
Dialogue entre Don Juan et Sganarelle, puis le Montreur de marionnettes. Don Juan demande à Sganarelle de faire monter le Mon-
treur de marionnettes qui passe dans la rue, et demande à ce dernier de lui donner une représentation : « Pulcinella ! c’est lui ! ça y
est ! nous l’avons ! »… Rostand a dessiné sur le côté droit de la page six croquis : deux silhouettes masculines en costume, trois têtes de
profil, et un nu féminin assis…
Scène 3 : dialogue entre Don Juan et le Diable [dans la version finale « La Marionnette du Diable »], et tirade de Don Juan : « Un héros. /
Fils des conquistadors je suis un condottière »…, avec de nombreuses ratures et corrections et des ébauches de vers. Rostand a dessiné
en marge la garde d’une épée, et (au crayon) une tête d’homme de profil.
314.
Edmond ROSTAND
. 3 L.A.S. à sa femme
R
osemonde
, dite « Dodette » ; 2 pages in-8 et 1 page oblong in-12 (deuil) avec
enveloppe.
400/500
« Chère Dodette, J’avais depuis longtemps fait des petites économies pour te donner un collier… Je l’espérais de perles, un jour. Je
t’offre celui-ci, d’opales… car je ne vois plus de possibilité de gagner encore de l’argent. – Même il faudra rajouter 200 fr. à ce que je
t’envoie », à prendre sur le prochain envoi de la Société. Il tient à ce collier : « je viens de le regarder à la lumière, il est plus beau que
le prix »… Il signe « Edmond ».
« Ma Dodette chérie, Je ne te le redemandais que pour te le redonner – en te suppliant cette fois de l’accepter avec un peu de plaisir.
Merci à ta lettre que j’embrasse. Nous sommes un peu ridicules en effet »… Il signe « Ton tien Ed ».
Instructions pour des obsèques [son père Eugène, en janvier 1915] : il va envoyer une auto au Splendid-Hotel dès son arrivée à Mar-
seille, pour la mener à l’église : « La messe
est à onze heures à l’Église Saint Nicolas de Myre
»…
O
n
joint
une L.A.S. d’Eugène
R
ostand
à sa belle-fille Rosemonde : « je trouve les Musardises un crâne début, plein de talent, de
sève, d’espérances, et j’ai quelque fierté de mon Eddy. Ce dont je suis le plus fier encore, c’est que vous l’aimiez si fort, et si bien »…




