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Mardi 6 octobre 2020

« Cette année a été pour moi “l’année terrible”. J’ai dû subir deux opérations aux yeux, dont l’un est devenu

presque aveugle et l’autre a été fortement en danger de le devenir également. Il faut espérer que le progrès du

mal (glaucome chronique) a été arrêté – mais jusqu’à quand ? […] Naturellement je n’ai rien pu travailler depuis 10

mois ; j’ai passé l’été dans le Tyrol sur des hauteurs impossibles, les médecins prétendent que cela m’a fait du bien.

Ils prétendent aussi que dans quelque temps je pourrai reprendre palette et pinceaux. J’en doute fortement »…

Venise 25 décembre 1907

 : « Il commence à faire froid et “unconfortable” ici ; aussi j’ai l’intention d’aller à Munich,

après Noël, revoir mon oculiste et faire toutes les recherches possibles pour trouver des lunettes meilleures »…

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mai 1908

 : « Je crois vous avoir dit que j’ai fait mes adieux définitifs à la peinture, lâché mon atelier, vendu meubles

et effets et que je me rappelle très rarement avoir été peintre. Quoique les oculistes d’ici et de Munich m’affirment

que mes yeux vont très bien et qu’il n’y a pas d’empirement, lire et écrire me deviennent toujours plus difficiles »…

29 mai 1908

 : « Je vous remercie de tout cœur, cher ami, de votre bonne opinion, que vous conservez pour mes

faibles produits, lorsque je faisais de la peinture. Rara avis ! – car je suis tout à fait oublié, et je crains avec raison.

[…] Quant aux ouvrages de ma main, tableaux, études, dessins – je les ai tous gardés par l’excellente raison que je

n’aurais jamais trouvé acquéreur, même à vil prix »…

Munich 31 décembre 1908 

: « Mon oculiste trouve mes yeux

très-bien, je ne puis être de son avis, car je n’aperçois aucune amélioration et il n’y a pas question que je puisse

jamais reprendre palette et pinceaux »…

8 janvier 1909

 : « On a analysé mon sang après un nouveau système, […]

le soupçon que ma maladie des yeux puisse être la conséquence de certaine vieille infection n’a pas de raison »…

Vienne 18 septembre 1909 

: « Je dois constater moi-même que ma vue n’a point empiré – une amélioration n’est

guère possible – on ne peut remplacer l’iris perdue, et mes yeux resteront toujours des organes mutilés, et moi un

eunuque de la vision. […] Certes j’ai dû irrévocablement renoncer à la douce habitude de salir de la toile – mais je

cultive un autre talent, jusqu’à présent resté latent, celui de philosophe ! […] Les expositions à Munich me dégoûtent

de la peinture, comme les constructions nouvelles ici de l’architecture »…

Munich 27 décembre 1909

(carte postale

photographique le représentant de profil) : « Je viens de Vienne, j’ai fait une cure de bains sulfureux à Baden près

Vienne, qui m’a fait du bien. Mon oculiste est très-content de mes yeux. Je suis moins modeste »… Etc.