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François-Henri-Joseph Blaze, dit CASTIL-
BLAZE
(1784-1857) compositeur et critique
musical. 11 L.A.S., Paris 1821-1838, à son
oncle Sébastien
B
laze
, notaire à Cavaillon
(une à son père, notaire à Avignon, et une à
sa sœur Henriette) ; 32 pages in-4, adresses.
800 / 1 000€
Belle correspondance familiale, évoquant le
monde de la musique et du journalisme
.
9 avril
1821
, justifiant pour son père sa décision de se fixer
à Paris, fondée sur la nécessité d’indépendance
financière et des charges de famille : « je ne vois
que le métier que je fais qui puisse me donner de
quoi vivre et de quoi élever mes enfans. […] toutes
les chances sont pour moi »…
18 mai 1825
. « Mon
théâtre et mon commerce m’ont rendu cette année
vingt-cinq mille francs environ »… Cependant il prie
son oncle de s’occuper de ses affaires, et expose les
détails d’une proposition de vente de sa belle-sœur
Angélique Bury…
15 octobre 1828
. Annonce de la
mort de sa femme, « notre bonne Félise », après une
longue et douloureuse maladie (détails)…
5 février
1833
. « L’année dernière a été très mauvaise pour
moi, j’ai quelques espérances pour celle-ci mais
elles sont fort éloignées » : son
Don Juan
passera
après
Le Bal masqué
d’Auber et Scribe. « Si
R
ossini
me manque et qu’il faille trop attendre pour passer
à l’Opéra je me déciderai à transmuter ce drame lyrique en un drame parlé pour la Porte S
t
Martin où Victor
H
ugo
vient
d’obtenir un succès admirable,
Lucrèce Borgia
. Je fais de la prose dans
Le Constitutionnel
et
La Revue de Paris
, c’est là le
plus clair de mon affaire »… La rumeur court dans le monde d’un mariage de sa « grosse dévote » de fille Christine, avec
Jules
J
anin
… Débuts de son fils dans le journalisme…
27 décembre 1834
. Commentaire sur une épreuve de force entre le
directeur de l’Opéra-Comique et la « coalition des auteurs ». On répète maintenant
Robin des Bois
: « nous irons en scène
le 10 janvier s’il n’y a pas quelque nouveau coup de Jarnac. Les auteurs ne font que de la drogue, le directeur mange son
argent […], je laisse faire et attends patiemment comme Jonas que Ninive soit détruite on vienne crier famine chez moi. Si
Robin des Bois
est encore arrêté on ne pourra pas dire que j’ai sollicité sa reprise »…
18 août 1835
. « Il y a de l’écho, Figaro
l’a dit et je le répète » : après le mariage de son fils Henri, celui de sa fille Christine, fiancée avec
B
uloz
, directeur de la
Revue des Deux Mondes
et de la
Revue de Paris
: « M. Buloz n’a pas de fortune – 20 ou 25 mille francs, mais il est dans une
belle position, directeur et actionnaire de deux journaux qui marchent bien, ayant 8000
f
pour sa direction, le logement, et
même la voiture. Il n’est pas précisément beau, mais il est de belle taille et fortement constitué. C’est un parfait honnête
homme, plein de délicatesse et fort amoureux, il soupire depuis un an »…
12 octobre 1835
. Il fait « marcher de front » la
noce de sa fille avec un opéra en 3 actes pour le Théâtre-Italien. « Rossini en est très content et moi aussi »… Les quatre
rôles principaux seront tenus par Lablache, Tamburini, Rubini et Mlle Grisi, le livret a été admirablement traduit. « J’avais
fait l’an passé à Champigny un opéra-comique dont le sujet était l’élection d’un pape, cela ne pouvait guère se représenter,
bien que ce fût tout à fait en dehors des choses religieuses, Rossini voulut voir ma partition, il y trouva de la gaîté, de la
verve comique, il me dit qu’il voyait en moi un homme capable de ranimer le genre bouffe qui se perd. On ne nous fait, on
ne nous envoye que des opéras pleurards, Lablache n’a pour lui que
La Prova
, déjà bien vieille et bien usée. Faites-nous
une farce d’une gaîté folle pour cet acteur, et tâchez d’y introduire ces trois morceaux que je trouve excellens. La musique
est élastique, elle dit ce qu’on veut lui faire dire »… Il a suivi les conseils de Rossini ; ce sera
Gayoffe
, tragi-comédie en trois
tableaux…
30 janvier 1836
. Très souffrant, il a dû renvoyer la représentation au mois de septembre. « La
G
risi
qui devait
jouer le rôle principal a été malade pendant les répétitions »…
13 novembre 1835
. Nouvelles heureuses des nouveaux
mariés, et grande satisfaction quant au gendre
B
uloz
, « comme moi parti de zéro », etc. « Sa figure a du rapport avec celle
de Bonaparte, il est légèrement
guéché
»… Nouvelles de son opéra, auquel il ne manque que les récitatifs. « La
M
alibran
est à Milan, si celle-là remplaçait M
lle
Grisi ce serait trop beau »… C’est une grande affaire pour lui, qui pourrait lui ouvrir
une carrière « plus lucrative et moins pénible que celles des journaux »...
29 mars 1836
. « Je suis en marché pour vendre
mon magasin de musique et mes planches »…
23 décembre 1842
. Amusante anecdote sur l’origine de son pseudonyme
(
Gil Blas de Santillane
), et la méprise causée par la publication d’un extrait de ce roman dans la presse. « Je suis dans un
grand mouvement d’affaires, il me faudrait un secrétaire un commis, un galopin pour m’aider à faire ce que je fais tout
seul »… Instructions précises pour terminer l’affaire de la
Méthode de violon
de Kaudelka, dont il a avancé les frais de
gravure…
On joint
3 l.a.s. de son neveu Sébastien Blaze fils (1822), de son frère Elzéar (1838), et de son fils Henri (1844).




