14
*
Désespoir du Nord
(4 ff., dont 3 sur papier pelure, le 2
e
sur papier crème, 31 x 23,5 cm, piq., qqs bords effrangés, Pléiade
p. 447-448).
« Ce soir je chante, fécond pour moi cygne
Un bateau d’enfant Ophélie au fil
de l’eau. Bats le lit, ô fée
méchante ! Une aubade. »…
Mise au net sans rature ou correction, ni variante, sauf le sous-titre, supprimé au crayon : «
Chant de la nuit bague faite pour
moi seul
».
Un feuillet supplémentaire, portant le titre et le sous-titre «
Désespoir du Nord
. Chant de la nuit – Bague faite pour moi
seul », est recouvert des deux côtés de notes et brouillons au crayon, où Cocteau s’essaie à rédiger des adresses « en vers comme
Mallarmé » : pour Félix Fénéon, Paul Laffitte…
*
L’adieu aux fusiliers marins
(4 ff. de papier crème, 31 x 20 cm, Pléiade p. 449-451) :
« On me rappelle dans la Somme
Justement ce soir je devais
rejoindre Marrast à la dune
pour faire une patrouille »…
Cette mise au net, avec numérotation des strophes au crayon dans la marge (de 353 à 368), présente des ratures et corrections,
toutes entérinées dans l’édition ; ainsi le premier vers : « J’ai reçu l’ordre de partir dans la Somme » a été biffé et remplacé par :
« On me rappelle dans la Somme »...
Bibliothèque du professeur
M
illot
(15 juin 1991, n° 61)
.
36.
Jean COCTEAU
. L.A.S., Le Lavandou 13 juin 1922, à un ami ; 1 page in-4 avec une phrase au dos.
200/300
« J’espère, mon cher ami, que tu me sauras gré, en pleine colère, de t’avoir mis hors de cause,
faussement
, dans ma note aux
13. (Du reste cette note paraîtra-t-elle ?) – Je me demande sérieusement si je continuerai à écrire, en face de ces mille farces et
atrocités qu’on me réserve. Moi qui donne un sens à chaque virgule, qui construis ma phrase de telle sorte qu’on ne peut ajouter
ni enlever un mot, qui rêve d’une phrase “latine”, sans l’ombre de mode, qui ne vaut que par cette architecture profonde et
sans couleurs – comment ne tomberai-je pas malade lorsqu’ayant corrigé, renvoyé scrupuleusement des épreuves on étale sous
ma signature un texte ridicule. C’est d’autant plus grave que ce texte agacera et que les réponses porteront sur les fautes. Es-tu
mon ami oui ou non ? – J’aime la franchise. Max [Jacob] m’envoie une carte où tu lui dis qu’en effet Germain ne m’aime pas.
Soit – mais il respecte les textes qu’on lui donne et qu’il
vous demande
»... Il veut « un errata méticuleux ».
37.
Jean COCTEAU
. 12 L.A.S., 1939-1959, à Marcel Thiébaut, à la
Revue de Paris
; 12 pages in-4 ou in-8, qqs en-têtes,
3 enveloppes.
1 000/1 500
Mas de Fourques, Lunel novembre 1933
. Il souffre d’une méchante grippe dans les sinus : « J’enrage de vivre et d’attendre »...
[5] décembre 1939
. « Soyez un ange : écrivez à Paulhan qui fait paraître des passages afin que vos fragments ne coïncident
pas. Je corrigerai sur vos épreuves »...
Tilloloy [1940]
. « Pourquoi vous l’écrire puisque c’est irréparable. Mais “spirituel et
fantaisiste” à propos de
Potomak
étaient les deux termes qui pouvaient me choquer le plus. C’est dommage. [...] il ne faudrait
jamais que je permette de publier en revue »...
12 novembre 1949
. « J’aurais été ravi de vous donner q.q. pages du livre mais je
crains qu’il ne paraisse trop vite à la N.R.F. »...
12 juin 1950
. « J’étais effrayé de devenir le fantôme d’un personnage fabriqué
par la presse et que je n’aimerais pas connaître. J’ai fui. J’habite la côte et ensuite je vivrai à la campagne »...
6 janvier 1952
,
à propos de
Bacchus
: « pourquoi donc avez-vous été si sévère pour une phrase fort raisonnable et qui trouve son apothéose
dans celle de Maritain “Le diable est pur parce qu’il ne peut faire que le mal” et si Jean Marais s’accuse c’est par gentillesse,
par noblesse – prouvant encore que j’ai raison »... Du reste, c’est « tout le thème de
Bacchus
que l’Allemagne a si parfaitement
compris et mis à l’étude »...
Saint-Jean Cap Ferrat 19 mai
1957
. « Le livre est publié (plein de fautes). J’y tenais beaucoup et
cette négligence m’afflige – mais l’époque veut cela »... Il rentre « du ridicule festival de Cannes »...
Milly 26 novembre
. « Je
suis plongé dans un travail de poèmes [
Paraprosodies
] qui feraient fuir vos lecteurs. (Chiffres.) Dès que j’aurai un texte moins
énigmatique je vous l’enverrai comme preuve de mes sentiments fidèles »...
Milly 9 décembre
. « Je suis un peu embrouillé dans
l’emploi de quelques textes. Mon rêve serait de récupérer la Préface [...] afin de vous la soumettre. De toute manière je vous
enverrai quelque chose, car je suis très sensible à la continuité des sentiments dans une époque où le discontinu règne »...
19
décembre
. « Je corrige vite pour que l’épreuve ne traîne pas. Soyez assez aimable pour me soumettre au contrôle de Ganderax
et regarder encore s’il reste des fautes »...
St Jean 28 mai 1959
. « Un journal m’avait demandé mon opinion sur la brouille. Mais
comme d’habitude ce journal voulait 3 ou 4 lignes et pour le reste parle de Madeleine et de mes chats. Je me suis fait taper et
réexpédier le texte pensant qu’il pourrait vous plaire »...
38.
Jean COCTEAU
. L.A.S. « Jean », Noël 1940, [à Albert Willemetz] ; 4 pages et quart in-4.
700/800
Longue et intéressante lettre confidentielle relative à la distribution de
L
a
M
achine à
écrire
, au futur dédicataire
de la pièce. [
La Machine à écrire
fut créée au Théâtre Hébertot le 29 avril 1941, par Gabrielle Dorziat (Solange), Jean Marais
(double rôle de Pascal et Maxime), Jacques Baumer, Louis Salou et Michèle Alfa.]
Il veut plaider « la cause de Dorziat qu’il faudrait inventer pour ce rôle si elle n’existait pas », car il est contre Yvonne [de
Bray] qu’il admire pourtant davantage… « 1° Pendant qu’Yvonne descendait, se dégoûtait, se faisait plaindre et oublier du
public, Dorziat, mauvaise coquette de l’époque Bataille, montait et devenait à cause de Bernstein, de Giraudoux et de moi une
grande comédienne que le public adore et que le cinéma rend populaire. 2° Ma pièce est très écrite – dans le sens que vous




