66
« Faites que les habitants me viennent parler... »
269. HENRI IV.
Lettre autographe signée «
Henry
» à Jean de Harambure. S.l., [probablement le 16 ou 17 avril 1589].
1 p. in-8 oblong, perforations marginales dues au système de clôture, une découpe marginale due à l’ouverture,
montage ancien sur vergé azuré ajouré pour laisser voir l’adresse au dos.
2 000 / 2 500
Très rare lettre entièrement autographe.
«
Harambure, je suys byen ayse que vous soyés logé. Fetes que les habytans me vyenet parler. Je m’en vay ce soyr à
Gonort. Adyeu. Votre byen afectyoné maître...
»
Le château de Gonnord, sur l’actuelle commune de Vallanjou en Maine-et-Loire, appartenait à la famille de Cossé.
Vers une réconciliation avec Henri III.
Le futur Henri IV, alors roi de Navarre, était l’héritier légitime du trône
depuis la mort du duc d’Anjou en
1584
, et le chef du parti protestant depuis la mort du prince de Condé en
1588
. Alors
que se déroulait la huitième guerre de Religion, le pouvoir royal se trouvait terriblement affaibli par les succès de la
Ligue que soutenait l’Espagne. Quand, en décembre
1588
, Henri III fit tuer le duc et le cardinal de Guise, il souleva une
véritable fureur populaire à son encontre, dut se tenir à Tours et renvoyer la Cour. Henri de Navarre, conseillé par
Duplessis-Mornay, décida alors de profiter de cette situation, et, quittant la Saintonge où il se tenait prudemment, il
remonta vers la Loire en mars
1589
pour entamer des négociations. Un traité fut signé le
3
avril, par lequel Henri III
accordait une trêve au roi de Navarre et lui octroyait Saumur comme ville de sûreté sur la Loire. L’armée protestante
put ainsi passer le fleuve par cette ville le
21
avril
1589
et, le le
30
avril, le futur Henri IV rencontra Henri III à Plessis-
lès-Tours : les anciens adversaires décidèrent d’unir leurs forces dans un combat commun contre la Ligue.
Après de vifs succès, ils vinrent mettre le siège devant Paris, mais Henri III fut blessé à mort par un assassin en août
1589
– il eut le temps d’appeler à reconnaître Henri de Navarre comme roi de France, et de conseiller à nouveau à celui-
ci de se convertir.
Sur Jean de Harambure, brave parmi les braves, fidèle parmi les fidèles d’Henri IV,
cf. supra
n°
268
.
« Le corps de feu ma seur, la duchesse de Bar... »
270. HENRI IV.
Lettre signée «
Henry
», contresignée par le secrétaire d’État Nicolas de Neufville, futur marquis de
Villery, adressée à Jean de Harambure. Paris, 12 mars 1604. 1 p. in-folio, adresse au dos.
1 000 / 1 500
«
Mons
r
d’Harambure, vous receverez ceste lettre par le s
r
de La Tuillerie
[Mathurin Coignet, seigneur de La Tuillerie]
,
mon maistre d’hostel que j’envoye pour
conduire à Vendosme le corps de feu ma seur, la duchesse de Bar
[Catherine
de Bourbon]
. Il vous dira comme
je desire qu’il soit mis auprés celluy de feue la royne, ma mere
[Jeanne d’Albret]
.
Partant, donnez ordre que mon intention soit suivie &
que ledict corps de madicte seur reçoyve en arrivant à
Vendosme tout l’honneur qui est deub à sa qualité et à la proximité dont elle m’attouchoit,
ainsi que vous entendrez
plus amplement dudict mons
r
de La Tuillerie, sur lequel me remectant, je prie Dieu, mons
r
d’Harambure qu’il vous ayt
en sa saincte garde...
»
Vendôme des Bourbon.
Henri IV était duc de Vendôme, et c’est dans cette ville que son père Antoine de Bourbon
(de qui il tenait le duché) ainsi que sa mère la reine de Navarre Jeanne d’Albret, avaient été enterrés. Devenu roi,
Henri IV avait récompensé un proche, Jean de Harambure, en le nommant gouverneur de Vendôme.
Sœur unique d’Henri IV, femme de tête et protestante inflexible, Catherine de Bourbon
(
1559
-
1604
) reçut
une éducation raffinée – elle écrivait elle-même des poèmes. En
1577
, son frère lui confia la lieutenance en Navarre,
Béarn, Bigorre, Foix, puis la régence quand il monta sur le trône de France. Elle administra ainsi ses états jusqu’en
1599
,
faisant notamment réaliser d’importants travaux d’urbanisme, et surmonta toutes les oppositions afin de soutenir
Henri IV dans sa lutte contre la Ligue. La question du mariage demeura longtemps ouverte pour elle : son frère lui
cherchait une brillante alliance mais ses projets échouèrent jusqu’en
1599
. Déjà âgée de quarante ans, elle se vit mariée
au duc de Bar Henri de Lorraine, qui deviendrait duc de Lorraine en
1608
. Elle nourrissait en fait une passion partagée
pour le comte de Soissons, et ne pardonna jamais à Henri IV la rupture qui lui fut imposée, d’autant plus que l’époux
désigné était catholique. Elle ne voulut jamais se convertir, malgré les pressions de son entourage, même après
l’abjuration du roi, et le pape refusa une autorisation que l’archevêque de Reims finit par accorder. Elle mourut à Nancy
le
13
février
1604
.
Sur Jean de Harambure, brave parmi les braves, fidèle parmi les fidèles d’Henri IV,
cf. supra
n°
268
.




