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Le modèle des savants de son temps
271. PEIRESC
(Claude Nicolas Fabri de). Pièce signée, en latin, en qualité d’abbé commendataire de Sainte-Marie de
Guîtres. Aix-en-Provence, 19 décembre 1624. 4 pp. petit in-folio, onglets, quelques mouillures.
3 000 / 4 000
Collation du vicariat de son abbaye au frère Louis Cabrier.
En
1618
, Peiresc avait reçu en commende l’abbaye
Sainte-Marie de Guîtres, au Nord-Est de Bordeaux dans l’actuel département de la Gironde. Le système de la commende
donnait la garde du bénéfice régulier d’un monastère (ses revenus) à un ecclésiastique séculier ou à un laïc, avec
dispense de régularité et de résidence. Cependant, contrairement à ses pareils de l’époque, Peiresc prit à cœur de
réformer son abbaye, ce qu’il fit avec succès, aidé par Louis Cabrier à qui il confia la direction effective de l’établissement
par le présent acte.
«
Nicolaus Fabricius de Petrisco regius senator in suprema Parlamenti curia Provinciæ, abbas commendatarius et
perpetuus administrator dominusque in spiritualibus et temporalibus monasterii Beatæ Mariæ de Aquistria Ordinis
Sancti Benedicti Burdigalensis diocesis provinciæ Aquitaniæ, dilecto nobis in Domino venerabili patri fratri Ludovico
Cabrier presbytero monacho ejusdem Ordinis Sancti Benedicti expresse professo apud monasterium Sanctorum
Apostolorum Petri et Pauli de Caunis Narbonensis diocesis (unde te evocavi, et pro disciplinæ monasticæ reductione
ad nostrum Aquistriense monasterium transferri curavimus), salutem in Christo... Te fecimus, creavimus et
deputavimus... nostrum in dicto monasterio nostro ac ejus membris et dependentiis in spiritualibus et temporalibus
vicarium generalem et specialem...
»
Traduction : « Nicolas Fabri de Peiresc, conseiller du roi à la cour du Parlement de Provence, abbé commendataire et
administrateur et seigneur perpétuel, au spirituel et au temporel, du monastère Sainte-Marie de Guîtres de l’Ordre de
Saint-Benoît, du diocèse de Bordeaux dans la province d’Aquitaine, à notre cher bien-aimé dans le Seigneur le
vénérable père Louis Cabrier, prêtre et moine du même Ordre de Saint-Benoît, profès du monastère des Saints-
Apôtres-Pierre-et-Paul de Caunes [aujourdh’ui Caunes-Minervois] du diocèse de Narbonne (d’où nous t’avons appelé,
et, pour le retour de la discipline monastique, t’avons fait transférer à notre monastère de Guîtres), salut dans le
Christ... Nous t’avons fait, créé et député... notre vicaire général et spécial au spirituel et au temporel dans notre dit
monastère, et ses membres et dépendances... »
Haute figure de la République des lettres, Claude Nicolas Fabri de Peiresc
(
1580
-
1637
) était conseiller au
Parlement d’Aix de son état. Il avait voyagé dans sa jeunesse, en Italie de
1599
à
1602
, où il avait notamment rencontré
Galilée, en Angleterre en
1606
, où il avait vu entre autres Rubens. Il avait également séjourné un temps à Paris auprès
du chancelier Du Vair, ce qui lui avait permis de fréquenter le cercle des frères Dupuy. D’une stature intellectuelle
remarquable et d’une curiosité universelle, il s’occupa d’archéologie, de numismatique, de cartographie, d’ethnographie,
de philologie, d’astronomie (il découvrit la nébuleuse d’Orion), d’anatomie (il découvrit les vaisseaux chylifères de
l’homme), d’histoire naturelle (par exemple de l’étude des fossiles)... Il réunit à cet égard une vaste collection d’objets
et de livres rares. Surtout, par son activité épistolaire (il aurait écrit plus de
40000
lettres), il se plaça au centre au centre
d’un réseau de relations savantes, devenant un intermédiaire essentiel entre les érudits et hommes de science de son
temps.
« À la charnière de la Renaissance et du monde scientifique moderne naissant, Peiresc fut à la fois
un humaniste
et
un savant, qui a pressenti la nécessaire distinction entre les domaines de la science et de
la foi »
(Michel Feuillas).
« Je dirai un mot aux religieuses à la grille du chœur »
272. BOSSUET
(Jacques-Bénigne). Lettre autographe signée à l’abbesse de Faremoutiers. Coulommiers, «
lundi soir
»,
[probablement fin décembre 1691]. 1 p. in-4, adresse au dos avec vestiges de cachet armorié de cire rouge.
400 / 500
Bossuet pasteur d’âmes en son évêché.
Nommé évêque de Meaux en
1681
, Bossuet y déploya une intense activité,
notamment auprès des abbayes : il travailla à asseoir son autorité sur celles‑ci (notamment sur Faremoutiers qui avait
pris des habitudes d’indépendance) et développa une pastorale spécifique, correspondant avec les abbesses, effectuant
des visites régulières, composant des
Méditations sur l’Évangile
et des
Élévations sur les Mystères
à l’intention des
religieuses.
…/…




