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sans compter en faveur du roi et de la reine, continuant à se charger de leur correspondance, principalement depuis
Bruxelles. Il fit néanmoins un voyage à Vienne et Prague pour rencontrer directement l’empereur d’Autriche (août-
octobre
1791
), vint secrètement à Paris pour essayer de persuader le couple royal de tenter une seconde évasion (février
1792
, occasion de sa dernière entrevue avec Marie-Antoinette), et séjourna un temps à Düsseldorf durant l’occupation
française de Bruxelles (décembre
1792
-avril
1793
). C’est à Bruxelles qu’il apprit la mort de la reine.
Femme libre et amie anglaise de Fersen, Elizabeth Foster
(
1758
-
1824
) avait rencontré Axel von Fersen en Italie
où elle s’était exilée après avoir quitté son mari et ses enfants. Née Elizabeth Hervey comme fille du comte de Bristol,
elle avait d’abord épousé le parlementaire irlandais John Thomas Foster, s’en était séparée puis était devenue la
maîtresse du duc de Devonshire, William Cavendish. Cette relation scandaleuse se transforma en ménage à trois avec
la femme de celui-ci, et elle épousa en
1809
le duc devenu veuf. Elizabeth Foster publia plusieurs romans et se lia avec
madame de Staël qu’elle fréquenta lors des deux exils de celle-ci à Londres en
1793
-
1794
et
1813
-
1814
.
Ce document a figuré en 1993 au musée Carnavalet dans l’exposition
La Famille royale à Paris
,
sous le n°
157
du catalogue.
Reproduction page 64
« On cherche à leur suggérer de m’arrêter et de m’envoyer ligoté à Paris... »
278. PAOLI
(Pasquale). Lettre signée au conventionnel Pietro-Paolo Colonna de Cesari-Rocca à Quenza. Corte, 27 juin
1793. 2 pp. 1/2 in-folio, adresse au dos, déchirure marginale restaurée due à l’ouverture sans atteinte au texte.
10 000 / 12 000
Très belle lettre du Père de la patrie corse ironisant sur des décrets liberticides de la Convention et se
réjouissant de l’apparition d’une flotte anglo-espagnole dans les eaux corses
– il prendrait bientôt des contacts
pour obtenir son intervention sur l’île. Corse des Lumières, franc-maçon, ancien chef d’État en Corse (
1755
-
1769
),
Pasquale Paoli était favorable aux idées libérales à l’origine de la Révolution française mais ne se reconnaissait plus dans
le tour tyrannique qu’elle avait pris. Lors d’une consulte à Corte, en mai
1793
, Paoli fut déclaré « Père de la patrie » et
de dures critiques furent dirigées contre la Convention. Paoli lui-même conservait une position indépendante, refusant
de collaborer avec les émigrés royalistes comme avec la Convention terroriste – mais faisait alors pour cette raison le
jeu de Londres.
«
... Son venute le copie di due famosi decreti della Convenzione. Il primo, ch’è del 23 dello scorso maggio, è stato
provocato da un sanguinario discorso, e mozione, e mozione del cittadino Barrère, deputato alla Convenzione. In virtù
dell’articolo 4to,
tutti li Corsi che sono stati dichiarati in istato di controrivoluzione dai commissari, sono
condannati ad essere trasportati nelle carceri di Francia.
Questo decreto è accompagnato da una insidiosa adresse
della Convenzione ai Corsi, nella quale
si cerca d’insinuare ad essi di arrestarmi, et di mandarmi legato in Parigi.
Nel secondo si sospende il decreto del 2 aprile finché mandono alla Convenzione il loro rapporto sulle cose di Corsica
i due commissari che sono stati nominati per venire ad unirsi ai primi tre. Giudicate voi di queste belle cose.
Le lettere di Livorno ci assiverano che
il di 14 corrente la flotta nemica combinata era alle alture di Genova. Questa
flotta inglese e spagnuola è composta di 95 vascelli di guerra.
La spgnuola è di
35
e l’inglese di
60
. Questa è
veramente tutta roba scelta. Ci sono
21
vascelli di linea, cioè, due di cento cannoni, tre di
98
, quattordici di
74
e due di
64
, quindici fregate, ed altri legni di diverse portate.
In questi due giorni passati, molti di questi vascelli sono stati in
faccia a Bastia,
e sono stati riconosciuti dal felucone uscito di quel porto per Inglesi e Spagnuoli. Dicesi che hanno
passato la punta del capo Corso, navigando all’occidente. Forse ne vedrete anche in codesti mari. Hanno gettato lo
spavento nei Presidi... »
Traduction : « ... Les copies de
deux décrets fameux de la Convention
sont arrivées. Le premier, qui est du
23
mai
passé, a été provoqué par un discours sanguinaire, et motion, et motion, du citoyen Barère, député à la Convention. En
vertu de l’article
4
,
tous les Corses qui ont été déclarés en état de contrerévolution par les commissaires,
sont condamnés à être déportés dans les prisons de France.
Ce décret est accompagné d’une adresse insidieuse
de la Convention aux Corses, dans laquelle
on cherche à leur suggérer de m’arrêter et de m’envoyer ligoté à
Paris.
Dans le second, on suspend le décret du
2
avril jusqu’à ce que les deux commissaires, qui ont été nommés pour
venir se joindre aux trois premiers, aient envoyé à la Convention leur rapport sur les affaires de Corse. Jugez vous-
même de ces belles choses.
Les lettres de Livourne nous affirment que
le 14 courant la flotte ennemie combinée était au large de Gênes.
Cette flotte anglaise et espagnole est composée de 95 vaisseaux de guerre.
L’espagnole est de
35
et l’anglaise
de
60
. Elle est de première catégorie. Il y a
21
vaisseaux de ligne, c’est-à-dire, deux de cent canons, trois de
98
, quatorze
de
74
et deux de
64
, quinze frégates, et d’autres navires de divers tonnages.
Ces deux derniers jours, beaucoup de
ces vaisseaux ont été en face de Bastia,
et ont été reconnus pour anglais et espagnols par une felouque sortie de ce




