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Je vous joint une liste de nouvelles intéressantes que vous publierez, ou plutôt je vous les signale en peu de mots.

Le

fameux Robespierre, avec les siens, a été dénoncé et arrêté

par un parti qui s’est élevé contre lui le

27

juillet à

la Convention. Un parti favorable à lui à Paris s’y opposa de manière qu’ils en vinrent aux armes, mais les partisans de

Robespierre furent vaincus. Lui s’est tué ; son frère s’est défenestré et ce fut un très grand massacre parmi ces scélérats.

La Providence se fait une obligation de punir les auteurs de tant d’assassinats. Moi je pense que les Corses

indignes qui ont trahi là leur patrie recevront là-bas la peine de leurs fautes ;

cette nouvelle importante, je

vous la donne pour sûre, et vous pouvez en conséquence la publier... »

Luigi Battesti, ancien inspecteur des milices corses, était depuis sa prime jeunesse un partisan convaincu de Pasquale

Paoli et était traité amicalement par celui-ci.

281. ALGÉRIE. – COEN-BACRI

(Joseph). Lettre en français signée en lettres hébraïques, adressée à son commis

Simon Aboucaya à Paris. Alger, 20 août 1796. 1 p. 1/4 in-4, adresse au dos.

200 / 300

Lettre d’un homme d’affaires juif concernant le gouvernement d’Alger et les places de Gènes et de Londres.

La famille juive Coen-Bacri avait monté un important consortium commercial à Alger et fut un des fournisseurs de blé

du Directoire, lequel n’honora pas sa dette. Cette dette fut transférée au dey d’Alger qui la réclamerait encore en

1830

,

lors de l’affaire du coup d’éventail à l’ambassadeur qui déclencherait l’expédition française.

« Prisonnier de guerre à Pondichéry... »

282. INDE. – SONNERAT

(Pierre). Lettre signée avec 6 mots autographes, adressée au botaniste et agronome André

Thouin

. Pondichéry, 25 septembre 1800. 2 pp. 1/2 in-4, adresse au dos, petite déchirure due à l’ouverture sans

atteinte au texte.

1 000 / 1 200

Belle et longue de captivité évoquant ses travaux et projets.

Fait prisonnier à Yanaon en

1793

, il ne put quitter

l’Inde et rejoindre la France qu’en

1813

.

«

Qu’il y a longtems... que je n’ai eu de vos nouvelles et que je n’en ai reçues de personne. Je vous ai écrit cependant

plusieurs fois ainsi qu’à Mr de Jussieu, mais ayant été obligé de profiter de la voie anglaise, je ne sais si elles vous

seront parvenues, j’ai écrit aussi plusieurs fois à M.M. d’Angivilliers et de La Billorderie en leur adressant des graines

pour votre jardin

[le Jardin des plantes]

et

deux petits herbiers de Ceylan pour messieurs de Lamark et de Jussieu,

mais ils ne m’ont point répondu et je crains que le tout n’ait été au Muséum de Londres...

Depuis sept ans prisonnier

de guerre à Pondichéry sans pouvoir retourner dans ma patrie, j’ai toujours continué de travailler ; je voulois même

faire imprimer à Madras un ouvrage nouveau en trois volumes

, la souscription étoit presque remplie ; des raisons

politiques et momentanées m’ont retardées l’impression. J’espère bien le publier soit à mon retour en France, soit à

Pond

[ichér]

y... Je serai satisfait si vous voulez bien me donner de vos nouvelles et de celles de nos amis. Si vous voyez

messieurs de Lamark, de Lacépède, Desfontaines, Broussonet

[ce nom de sa main]

, l’abbé Mongez, présentez-leurs, je

vous prie, mes complimens. Rendez-moi le service... si, par quelques événemens que je ne puis prévoir, on avoit

discontinué de payer ma pension de 300 l

[ivres]

que j’avois sur le Cabinet du roy, de vous employer auprès de

Mr l’intendant du Jardin des plantes pour qu’on la paye à l’avenir et que mon fils puisse la toucher pour subvenir à

ses dépenses... Je n’ai eu cette pension que pour me payer en partie de

la belle collection que j’ai remis au Cabinet du

roy en 1774,

que mad

[am]

e la présidente de Bandeville vouloit me payer douze mille livres ;

vous avez eu connoissance

de celle que j’ai remise en 1781, collection rare et précieuse qui m’avoit coûté sept années de travail

et de peine pour

laquelle je n’ai reçu aucune récompense que la promesse du cordon de St-Michel, qui ne m’a pas été envoyé ainsi que

M.M. de Buffon et d’Angivilliers me l’avoient promis. On ne peut donc sans la plus cruelle injustice me priver de cette

pension...

»

Dans cette lettre, il évoque l’ancien directeur général des Bâtiments du roi Charles Flahaut de La Billarderie, comte

d’Angiviller (qui possédait une importante collection minéralogique) et le frère de celui-ci Charles-François Flahaut,

comte de La Billarderie, les naturalistes Georges-Louis Leclerc de Buffon, Jean-Baptiste de Lamarck, Étienne de Lacépède,

Pierre Marie Auguste Broussonet, les botanistes René Louiche Desfontaines et Antoine-Laurent de Jussieu, l’historien et

orientaliste Antoine Mongez, Marie-Anne Bigot de Graveron (femme du marquis de Bandeville, président aux Enquêtes,

laquelle avait réuni un impressionnant Cabinet de curiosité en sciences naturelles, mais était morte en

1797

).

Naturaliste qui contribua puissamment à éveiller l’intérêt de l’Europe pour l’Inde,

Pierre Sonnerat (

1748

-

1814

) fut appelé par son parent Pierre Poivre à l’île de France (île Maurice), et mena une brillante carrière coloniale

qu’il acheva comme commandant de Yanaon en Inde. À partir de

1768

, il explora la plupart des îles des mers de l’Inde

et de la Chine. De ses voyages, il rapporta quantité d’échantillons, de dessins et de notes, qu’il transmit à Adanson,

Cuvier, Jussieu, Lacépède, Lamarck, Linné le jeune. Il introduisit par ailleurs l’arbre à pin, le cacao et le mangoustan aux

îles de France et Bourbon (île Maurice et de la Réunion). Son

Voyage aux Indes orientales et à la Chine

, paru en

1782

,

lança en Europe une certaine mode orientaliste en attirant l’attention sur la religion, les arts et coutumes de l’Inde et

de l’archipel Indien (

DSB

, vol. XII, p.

537

).