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d’urgence l’envoi de 5 francs… – Il envoie
Daphné
, et en attend « le frêle prix commercial », grâce auquel il pourra retirer ses
chaussures réparées : « Les poètes lyriques ne chaussent point le cothurne […] Pauvres poètes exilés que nous sommes, languissants
loin de la patrie […] Je travaille. Ces gouffres d’horizons m’élargissent l’âme »… Il demande l’envoi d’un pantalon et d’un veston
ne servant plus…
31 mai
. Le colis annoncé s’est égaré : « On néglige fort, dans ces villes d’eau – les humbles vagabonds sacrés […]
Je mène l’œuvre d’une main harmonieuse et forte – avec une lenteur rapide »…
9 juin
: « Comme je veux que ce soit à l’improviste
que – soudain – la foudre sonne aux cloches attendez pour faire voler le silence [en] éclats d’avoir reçu le N° qui est là, tout prêt –
gerbe de lilas spirituels dont les parfums profonds vont ravir les seuls anges ! » Il réclame le montant de l’abonnement. « La revue,
dans cette 2
e
série va resplendir d’un éclat plus pur ». Il prie Segard de lui procurer un annuaire du
Tout-Paris
, « à cause de ma
solitude où je termine la g
de
œuvre promise, mes 8 romans »… –
Aix-les-Bains [juillet]
. Il remercie pour l’envoi de son livre [
Hymnes
profanes
], qu’il annoncera dans le n° 14 du
Saint Graal
: « Je vous remercie aussi pour votre abonnement. Sur la liste des abonnés
votre nom succède à d’autres tels Frédéric
M
istral
et la plupart des meilleurs Poëtes du moment. Mais vous avez tort de ne pas
comprendre que les 1
er
N
os
si glorieusement
héroïques
, d’une revue qui n’a souci que de justice et de l’aspect éternel des choses,
sont laborieux à lancer et que ces purs travaux sont cruels et trempent le front – sous le soleil tout rouge – de sueurs comme d’une
rosée de diamants douloureux ! » Il réclame sa souscription (affiche-prospectus sur papier vert jointe)…
Aix-les-Bains 2 août
: « La
Revue va brillamment. Outre les lettres des Miens et celles de la plupart des Maîtres toutes frissonnantes d’éloges, j’ai reçu de
notre ami commun Georges
R
odenbach
une admirable page. Les lignes scintillent de sympathies et de pénétration. C’est une âme
décidément bien fine et bien délicieusement mélancolique que celle de ce poète ! »… Il n’a pas reçu
La Plume
dans lequel on cite
La Souffrance des Eaux
… Il remercie pour l’abonnement : « Vous savez combien ces luttes sont précieuses et combien j’ai besoin
d’être appuyé contre des cœurs amis. Plus tôt vous enverrez votre obole, plus vous aurez servi les intérêts des puissantes Muses
aux tempes ombragées de cèdre »… 7 août. Il a réclamé le paquet égaré, et demande un nouvel envoi de vêtements : « Je vous le
répète : je suis nu comme un dieu ! et mes chaussures rongées par les boues brûlantes d’été volent en lambeaux »…
[Naples
18 septembre 1897]
: « Les
Vers Dorés
se sont levés enfin comme un astre héroïque ! J’ai là un exemplaire sur Hollande
pour vous à 10 frs. Ceci presse surtout, car toujours ma vie est prodigieuse et amère »…
[Anzio 1
er
octobre]
: « Malgré des prodiges,
je me retrouve en un embarras cruel » ; il réclame l’envoi urgent de 5 francs.
Nice 23 octobre
. Il a revu Rome « en compagnie
de l’ineffable jeune fille qui vient d’assumer le poids de mes amères et rayonnantes destinées. […] J’aurai poussé si loin et si
profondément mes torches sur les gouffres intérieurs de l’homme qu’une synthèse victorieuse prendra corps. Un nouveau signe
d’art a lui », mais sa pauvreté persiste…
Cannes 31 décembre
[1897]
. Il prépare le prochain numéro du
Saint-Graal
, et réclame un envoi de 10 fr. pour rassurer l’imprimeur…
– Dans le n° 18, il consacrera une « page profondément réfléchie et mélodieusement sculptée » au livre de Segard
Le Départ à
l’aventure
… – « La lecture de vos sonnets m’avait ans doute beaucoup ému car j’ai été emporté par le cours de mes réflexions sur
vous. J’ai dit des choses solennelles et sincères peut-être. […] Mon numéro est excessif et les caractères débordent. Cet imprimeur
est un homme haïssable. Bref il me faut 10 francs de plus, je ne les ai pas et je ne puis retirer le N°. Votre talent est ici coupable »…
[Puget-Théniers février 1899]
, au dos d’un bulletin de souscription pour le n°20 du
Saint-Graal
: il lui réserve un exemplaire de
La Souffrance des Eaux
« avec une hautaine et simple dédicace »… « Pauvre et cher
R
odenbach
! La lutte est grave mais terrible ô
dors en paix, mélancolique ami »… Etc.
O
n
joint
une page du Supplément de
La Plume
avec dédicace a.s. à Achille Segard (8 avril 1895, mauvais état).
266.
Georges SIMENON
(1903-1989). 2 L.A.S.,
Château
d’Échandens, près Lausanne
1963, à Emmanuel
B
erl
; 1 page
in-4 et 1 page oblong in-12 à son en-tête (et une enveloppe au
même, 1971).
400/500
26 août 1963
. Il remercie Berl de son appréciation des
Anneaux
de Bicêtre
, et du « très curieux et passionnant album que je [...] lirai
lorsque mon fils de 14 ans daignera me le rendre. J’ai gardé, croyez-
le, un excellent et amusant souvenir de la table ronde radiophonique
de 1952 »...
5 décembre 1963
. « Hé ! non, je ne crois pas, dans la vie,
être tendre ni amer, encore moins agressif. Mais votre observation, qui
rejoint celle de ma femme à la vue de l’émission, votre amitié attentive
aussi, méritent une explication. Le sous-titre de la série, exigé par moi,
est : “... Vu par Roger
S
téphane
”. Je prétends en effet que, dans une
interview, la personnalité de l’interviewer a autant d’importance que
celle de l’interviewé. Nous avons enregistré, Stéphane et moi, en deux
fois, huit heures et demie d’entretien. Stéphane [...] s’est sans cesse
appliqué à me mettre hors de mes gonds. Il y a réussi quelques fois » ;
ce sont ces moments que R. Stéphane a gardés en réduisant l’interview
à trois heures...




