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260.
George SAND
. L.A.S. « George Sand », [Nohant] 25 mai 1854, à Sophie
B
ascans
; 4 pages in-8 à l’encre bleue.
1 300/1 500
I
mportante
lettre
sur
sa
fille
S
olange
,
le
ménage
C
lésinger
,
et
sa
petite
-
fille
J
eanne
dite
N
ini
; la lettre est adressée à la
directrice du pensionnat où avait été élevée Solange.
Elle la remercie des nouvelles qu’elle lui transmet. « Je suis toujours sans savoir ce que Clésinger compte faire, mais je crois qu’il
me ramènera Nini, puisqu’il ne l’a pas mise à Besançon. Il est fort possible qu’il ne soit pas assez d’accord avec ses parens pour les
charger d’en prendre soin. Je continue à ne pouvoir écrire à
Solange
[que] par l’intermédiaire qu’elle m’indique et qui ne me rassure
pas. Comment son mari s’est-il emparé de toute sa correspondance ? Il se servirait contre elle du moindre sermon maternel, et
d’ailleurs Solange n’aime pas les remontrances et ne les écoute pas. Je ne peux cependant pas approuver tant d’imprudences, tant
de provocations à l’humeur irascible qui menace de se changer en haine. Entre ces deux écueils, il faudrait m’enfermer dans une
réserve dont la froideur lui serait plus pénible que mon silence. Et puis, je vous avoue qu’en présence d’une lutte où rien de
part ni d’autre ne suit la logique naturelle, ni en bien ni en mal, je ne sais comment la conseiller pour ses affaires. J’attends des
renseignemens que je n’ai pas encore reçus, sur
les projets
de procès de Cl. [
C
lésinger
] si tant est qu’il ait des projets. Je crois que
son but principal est d’effrayer, de menacer, et par là de se dispenser de payer une pension. Je ne puis le croire assez ennemi de
lui-même pour faire un scandale qui retomberait sur lui à moitié. Et pourtant si Solange provoque cet acte de folie, en courant après
sa fille, ou en affichant des relations qu’il incrimine, on ne peut répondre de rien. Rien n’est encore en péril du côté de Nini, et
comme il m’a dit qu’au plus tard il me la ramènerait à la fin du mois, comme elle est chez une femme que je ne connais pas, mais
que Solange dit être
pleine de cœur et d’esprit
, et nullement disposée à la blesser, il me semble que courir après l’enfant ou aller
s’établir près d’elle, comme elle prétend en avoir la pensée, est le moyen le plus sûr de la faire emmener plus loin et cacher tout
à fait. Pour moi, si Cl. exige, en me rendant sa fille, que je la garde sans permettre à Solange de
la voir
, il faudra bien que je me
refuse à la reprendre à de telles conditions. Dans ce cas, et dans tous les cas peut-être, pour soustraire cette pauvre enfant à des
promenades sans but et sans fin, je tenterai de lui persuader de vous la confier, et c’est alors que
Sol
ferait sagement et pour elle et
pour Nini, de s’abstenir de la disputer et même de la faire sortir. Le mari n’ayant plus le but ou le prétexte d’exercer son autorité
sur l’enfant puisqu’elle ne lui serait plus contestée, n’aurait plus pour but d’une poursuite judiciaire, qu’une soif de vengeance
et de scandale. Dans cette situation, il ne lui serait pas aussi facile qu’il se l’imagine, de trouver des avocats honorables disposés à
poursuivre et des juges disposés à servir son ressentiment. Dites tout cela à Solange, bonne Madame, puisque vous voulez bien ne
pas vous lasser de cette mission toute maternelle. Elle écoutera peut-être vos avis et quant à moi, je vous aurai un nouveau sujet
de gratitude bien vraie »...
Correspondance
, XII, 6288.
Reproduction page précédente
261.
George SAND
. L.A.S. « GS », [Paris] vendredi matin 21 [mars 1862], à son ami le peintre Charles
M
archal
; 1 page
in-8 à son chiffre à l’encre bleue, enveloppe.
300/400
« Mon cher bonhomme, je suis rue Racine 3, ne le dites à personne, bien qu’on prétende que je suis à Paris, niez-le effrontément,
je ne veux pas d’un tas de visites. Venez me voir demain soir samedi. J’ai écrit à Alexandre [
D
umas
fils] à Villeroy mais peut-être
qu’il est ici ? Je m’occupe de choses ennuyeuses aujourd’hui et demain. Mais le soir, je compte sur vous. – On demande au portier
M
r
Manceau, on monte au 4
me
la porte à droite, on ne sonne pas, on frappe trois coups, et on s’embrasse »…
Correspondance
, XVI, 9457.
262.
George SAND
. L.A.S. « G. Sand », [Nohant] 6 mars [1867], à son ami le peintre Charles
M
archal
; 2 pages et demie
in-8, enveloppe.
600/800
« Je pense que je te verrai bientôt mon cher lapin rose. Il faut que j’aille à Paris pour la pièce d’Alexandre [
Les Idées de Mme
Aubray
de
D
umas
fils] et pour le procès de Maurice qui sera rejugé le 14, à moins que l’adversaire ne soit mort, car aujourd’hui
on nous dit qu’il est au plus mal. Comme depuis une quinzaine, c’est tantôt cela, tantôt peu de chose, nous ne savons rien. Il
est séquestré par sa maîtresse et ses compères. On ne peut s’assurer de rien, et on attend, d’un jour à l’autre, la solution. Sous
le coup de ces nouvelles contradictoires, nous avons remis les projets de comédie, et nous attendons les événements. Tu n’as pas
à te déranger, cher vieux, pour venir me chercher ou me reconduire. Probablement j’aurai Maurice à moins qu’il ne doive aller
à Nérac – et dans tous les cas je me porte très bien et suis très vaillante pour voyager seule. Tâchons d’aller ensemble à la pièce
d’Alexandre. Certes j’y aurai aussi de l’émotion. Une si belle chose a toujours du danger. Est-ce que tes tableaux seront chez toi ?
J’espère voir
Pénélope
et
Phryné
. Moi j’ai bien travaillé aussi. Mais j’en ai encore pour un mois ou six semaines après quelques jours
passés à Paris. Je te bige de tout mon cœur »...
Correspondance
, XX, 13070.
263.
George SAND
. L.A.S. « GS », [Paris] Mardi soir [18 mai 1869, au compositeur Alexandre
B
azille
] ; 2 pages in-8 à
son chiffre.
500/600
P
rojet d
’
opéra
. « L’Opéra-Comique a parlé franc. Le sujet de
Callirhoé
ne leur plaît pas. Pour le prendre ils veulent qu’on change
tout le sérieux du drame, qu’il n’y ait pas de fantastique, que la statue soit
la jeune fille déguisée
enfin de telles âneries que je
trouve inutile de vous échiner à leur donner la jouissance d’entendre la musique.
Eux
, ne sont pas si bourgeois que ça, et disent très




