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275.
Paul VALÉRY
. L.A.S., Paris 3 octobre 1925, [au commandant (futur vice-amiral) Jean
F
ernet
] ; 3 pages et quart in-8.
400/500
B
elle
lettre
au
commandant
du
T
ouareg
,
qui
participait
à
la
guerre
du
R
if
.
« Vous avez eu la bonne ou la mauvaise idée de m’écrire. C’était envoyer à un malheureux homme excédé d’une foule de choses
qui sont sa vie une bouffée de votre fumée, une haleine de sel, un embrun, un coup de vent, bref, quelque souffle respirable. Je
me suis retrouvé dans votre petit carré qui est un cube. Puis, je vous ai dit Good bye ; on a réciproquement disparu... Alger s’est
substituée à Naples. J’ai attrapé un coup de pied de cheval sur le quai. On a frôlé le Rif ensuite. Gibraltar. Manœuvres diverses.
Brest... Je retombe dans les ennuis, les devoirs, les gens, Paris devenu insupportable, et le triste état d’un individu manifestement
non fait pour les lettres, qu’elles ont fini par capturer, qui vit d’elles, qui enrage, qui est trop connu et qui ne l’est pas du tout,
qu’on croit communément au comble de la vanité satisfaite et qui a la sensation très pénible d’avoir enfanté un monsieur de même
nom que lui, œuvre de ses œuvres – et la plus bizarre de toutes ! Vous concevez à présent que je regrette mes quelques jours de
mer, nos quelques minutes de Pompéi et du
Touareg
. […] Je n’étais fait, voyez-vous, que pour bavarder à l’infini avec quelques
partenaires de mon espèce sur tous les sujets imaginables, et il me faut écrire pour inconnus, avec grand soin, et sans aucune
envie »...
O
n
joint
la minute autographe de la lettre de Fernet à laquelle répond Valéry.
Reproduction page précédente
276.
Paul VERLAINE
(1844-1896). L.A.S., 17 février 1890, à Léon
D
eschamps
,
directeur de
La Plume
; 1 page in-12,
adresse (carte-lettre).
800/1 000
Verlaine (deux jours avant de sortir de l’hôpital Broussais) prie Deschamps ou, en son absence, son rédacteur
R
edonnel
, de venir
le trouver le mercredi des Cendres au Café François, au coin du boulevard Saint-Michel et de la rue Royer-Collard : « On casserait
la croute après l’apéritif. Autant que je puis calculer un viatique de 200 francs qu’on m’apporterait ledit jour audit café m’aidera
très suffisamment dans mes premiers frais, chambre [à l’Hôtel des Mines, boulevard Saint-Michel], pension et quelques frusques.
Nous causerons »… Il ajoute : « Si M. Redonnel ne me connaît pas de vue il me reconnaîtra à une immense barbe, au col de fourrure
et une pipe toujours en train d’être allumée »…
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