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120
Jean COCTEAU
.
[AF]
3 L.A.S., [vers 1913] ; 1 page in-4 chaque, la 1
ère
sur papier
gris à son chiffre.
L
ettres
du
jeune
poète
.
Maisons-Laffitte
, à un ami. Il « travaille ferme à la campagne.
Je chasse vos adorables mais pernicieux conseils […] Chaque
semaine je vais lire mon travail au Versaillais Reynaldo (dernier
fidèle) et nous passons des journées mi fou-rire mi extase à
travers des “Trianon” pleins de soldats, de veuvess maigres
et de dames énormes. Je viens de finir un sonnet pour vous
qui sera dans mon “neufvoeuvre” »… – Il félicite cet ami
dont il vient de lire le nom « en face d’un prix. Cela doit vous
paraître peu de chose… mais c’est toujours beau »… – « Je
dicte le Songe » [adaptation du
Songe d’une nuit d’été
de
Shakespeare] ; la pièce triomphe à Londres « d’une manière
inégalable
», et il voudrait bien reprendre cette mise en scène,
« plus la musique et nos vedettes. On établirait la réclame sur
cette simplification. […] L’erreur de Guitry c’est d’avoir “refait”
Kismet
– il avait perdu le
climat
, la
saveur
anglaises ».
400 / 500
€
121
Jean COCTEAU
.
[AF]
2 L.A.S., [vers 1927], à la Princesse Violette
M
urat
; 5pages
in-8 à en-tête de l’
Hôtel Beauvau
à Marseille, et 1 page in-4
avec enveloppe.
L
ongue
lettre
sur
sa
liaison
avec
N
atalie
P
aley
,
qui venait
d’épouser le couturier Lucien Lelong en 1927.
Marseille
. … « J’ai donné à Jeanjean [
D
esbordes
] la plus grande
amitié qui se puisse donner au monde. À Nathalie L. le plus grand
amour. Si l’amitié, certes, est mon fort, la maladie d’amour– je
ne peux le prendre qu’avec une femme. Vous pensez bien que
si, après 15 ans de paresse craintive des complications… que
l’amour entraîne après soi – j’ai changé de méthode – ce n’est
pas pour ouvrir la porte à une “petite femme”. L’amitié s’étaye sur
la foi »… Il lui demande le « silence entre nous sur la chose la plus
grave de ma vie » ; il voudrait la « voir prendre un style parisien –
juger Natalie du dehors […] Je traverse une période très délicate.
L
elong
doit comprendre lui-même que Natalie veut vivre libre ;
mais comme il nous a demandé un essai de reprendre un rythme
de ménage (sic) – nous avons accepté ce projet absurde –
afin
que les choses définitives ne viennent pas de nous mais de lui
»…
« Je vous aime et j’ai souffert de votre chagrin » ; il ira la voir
« dès que cette atroce crise tempête-rhumatismes me laissera
libre de mes mouvements »…
700 / 800
€
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Pierre du Cambout, 2
e
duc de COISLIN
(1664-1710) duc et pair de
France, colonel d’un régiment de cavalerie, il succéda à son
père dans ses titres et dignités et à son fauteuil.
[AF]
L.A.S., Paris 4 juin [1706], à un confrère académicien ; 3 pages
et demie in-4.
B
elle
et
rare
lettre
sur
la
situation
militaire
. [« Une seule lettre
du duc Pierre de Coislin est passée en vente », selon Raoul
Bonnet.]
… « Vous me faites bien de l’honneur, Monsieur, de vouloir
mes reflexions, je vous obeirai et vous mandrai naturellement
ce que je pense. L’armée de Flandres soubs les ordres de
l’eslecteur est occupée au siege d’Huy, chose a mon avis peu
necessaire. L’armée de la Moselle occupe un poste tres bon
et couvre Sarlouis et Thionville, elle est belle mais pas toutafait
assés nombreuse, les ennemis auront beaucoup de troupes
de ce costé la, ils marquent de la lenteur et de lincertitude dans
leurs desseins, le duc de
M
alboroug
est allé a Rastat conferer
avec le P. de Baden […] Nous avons un corps considerable
sur le Rhin ; nos affaires sont en bon estat en Italie, il est seur
que les Danois ny les troupes palatines n’y parleront point a
cause des soulevemens quil y a en Bavierre ; nostre armée
de Lombardie est a la portée de canon de celle des ennemis
qui ne poura certainement rien entreprendre, elles sont toutes
deux retranchées ; M. le duc de
V
andosme
est retourné en
Piedmond pour le siege de Thurin que l’on va faire incessament.
La santé du roy est bonne », malgré la goutte… La veille le duc
s’est rendu à l’Académie, « qui paroit bien triste depuis vostre
depart ». L’abbé
G
enest
y a lu un discours sur l’églogue, mais
sans « ces traits de profonde erudition qui n’apartiennent qu’a
vous ; […] je vous regarde comme mon maistre »…
O
n
joint
une P.S. par son père Armand du Cambout duc
de
C
oislin
(1684) ; une L.A.S. et une L.S. par son frère (et
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