FRAYSSE & Associés. Collection de Monsieur Edouard Cochet - page 50

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Marie-Aurore de
s
axe
, Mme DUPIN DE FRANCUEIL
(1748-1821) fille naturelle du maréchal de Saxe, grand-mère de George Sand.
L.A.S. « Du Pin, née de Saxe », Nohant 21 juillet 1807, à un ami ; 4 pages in-4.
t
rès
Belle
lettre
sur
la
carrière Militaire
et
les
faits
d
arMes
de
son
fils
M
aurice
,
père de
g
eorge
s
and
.
Elle se réjouit d’avoir enfin des nouvelles de son ami, « vous qui depuis 8 ans m’avez oublié, vous que je croyois ne plus aimer ! [...] je ne vous cache pas
ma rancune, […] mais vous souffrez à peu près les mêmes peines que moi, votre Cécile se sépare de vous, votre cœur est brisé ! j’oublie tous mes griefs
et je suis apaisée : je me rappelle avec tant de plaisir vos chers enfants et le temps heureux où mon fils était de leur âge ». Elle comprend le douloureux
sacrifice qu’il fait en mariant sa fille, « mais il est sage, il faut aux femmes un protecteur, un apui, mais on ne sait pas s’il ne deviendra pas un jour un tyran
et un despote, et cette incertitude de l’avenir, tourmente l’âme paternelle ». Ce départ va laisser un grand vide, et sa fille « va subir le sort des épouses et
des mères et par conséquent entrer dans le chemin des angoisses et des douleurs, perdre des enfans, en conserver avec anxiété », pour finalement les voir
s’éloigner de soi et passer seule sa vieillesse, comme elle : « depuis 9 ans je suis privée de mon cher Maurice, et les dangers qu’il a couru ont triplé mes
chagrins ». Il s’est engagé à la veille de la 1
ère
conscription pour pouvoir choisir son chef avant le décret de la loi, et est devenu l’ordonnance du général
d’H
arVille
à Cologne pendant 9 mois. « Revenu à Paris ne pouvant le tirer de cet état à force d’argent, j’ai sollicité pour le faire nommer sous-lieutenant,
on partait pour l’Italie, j’ai obtenu qu’il fut fait aide de camp du g
al
d
upont
; il s’est tellement montré à Marengo, qu’il fut nommé lieutenant sur le champ
de bataille. […] Il est resté 5 ans avec ce grade, parce qu’on avait pris en grippe les aides de camp. Enfin à la guerre d’Allemagne il s’est fort distingué il a
été fait capitaine sur les remparts de Vienne, et il a reçu la croix. Il vient de faire cette campagne », et s’est illustré dans « une affaire de sa compagnie toute
seule contre 1200 cuirassiers russes », qui lui a valu le grade de chef d’escadron, et M
urat
a désiré l’avoir près de lui, en qualité d’aide de camp et chef
d’escadron ; mais elle craint que si Murat devient roi de Westphalie, son fils ne soit forcé de se fixer là-bas... « Je suis depuis 13 ans dans ma terre, sans en
sortir », en compagnie de d
escHartres
: « il est maire de ma commune, il fait valoir ma terre »…
o
n
joint
une autre L.A.S. de la même, Nohant 22 novembre, à M. a
ulard
à La Châtre (1 page in-8, adresse) : elle partage son déplaisir quant au prompt
départ de son fils (Alfred, futur maire de La Châtre) : « mais enfin vous l’avez vu, il vous a amené une jolie et bonne fille ; il retourne à sa chaine »...
300 / 400
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Marie-Aurore de
s
axe
, Mme DUPIN DE FRANCUEIL
(1748-1821) fille naturelle du maréchal de Saxe, grand-mère de George Sand.
2 L.A., [1818], à
sa
petite
-
fille
Mlle Aurore d
upin
, aux Dames anglaises ; 2 pages et quart et 1 page et demie in-8, adresses (feuillet d’adresse déchiré et en
partie manquant à la 1
ère
lettre).
j
olies
lettres
à
sa
petite
-
fille
,
pensionnaire
cHez
les
d
aMes
anglaises
à
p
aris
.
Paris 8 mars
. Elle a bien reçu son invitation à assister au sermon de l’abbé : « je me fais un vrai plaisir de cette matinée, si je ne puis causer avec toi, je te
verrai du moins, et après le sermon, nous trouverons bien un petit coin pour conter nos petites affaires ». Elle la sermonne de sauter la pénitence du soir en
cette période de carême : « je pense que tu n’en a nul regret [...] je voudrais bien cependant que tu en perdise l’habitude, surtout à l’approche des pâques,
un peu de recueillement, de l’empire sur toi-même, feraient voir que tu te prepare à recevoir ton createur, autrement, à quoi sert la confession ? si ce n’est
pour être meilleur ? [...] tu promets à Dieu que le prêtre représente, de ne plus retomber dans les fautes que tu te reproches, ne serait-ce que la charité envers
cette pauvre personne que tu impatiente, que tu scandalise, qui voit des péchés mortels dans des étourderies. Tu trouveras dans le monde des gens qui te
jugeront peut-être plus sévèrement, et à qui un air de tête, des paroles légères, indiscrètes, suffiront pour te blamer, t’aplaudir et te juger irrévocablement ».
Il faut qu’elle commence à s’habituer à cela dès l’école, « car c’est un petit monde tout aussi sévère, et peut-être plus juste que le véritable ; tu es assez
raisonnable pour faire sur toi ce faible effort ». Elle s’assurera auprès d’une sœur qu’elle obéit bien, « car je me méfie des de tes
non
, de tes
oui
»...
Mardi
matin.
Elle a reçu sa lettre une heure après le départ de la sienne, qui lui a fait bien plaisir et qui « forme un article bien intéressant de ton journal », et calme
sa grande inquiétude : « une mauvaise réputation dès le jeune âge s’étend souvent sur toute la vie, et il serait fâcheux de la ternir pour des billevesées qu’il
coute si peu de réprimer, fais voir que l’indulgence, le pardon, l’oubli des fautes et les caresses ont sur ton jeune cœur un empire absolu, et que tu sais tenir
les paroles que tu donnes »... Elle a vu sa maman ce matin, qui va bien mais qui est fort mécontente « de la mauvaise tenue où elle t’a trouvée chaque fois
qu’elle a été te voir » : cheveux en désordre, robe sale tachée d’encre, « ton joli châle servant à te cacher », etc. Elle la conseille sur la variation des tenues
à adopter, s’occupe de diverses affaires de sa petite-fille à faire livrer au couvent, etc.
o
n
joint
une étiquette autographe de g
eorge
s
and
: « Lettres de ma grandmère, &c G.Sand ».
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Marie-Aurore de
s
axe
, Mme DUPIN DE FRANCUEIL
(1748-1821) fille naturelle du maréchal de Saxe, grand-mère de George Sand.
L.A., Nohant 31 mai 1818, à
sa
petite
-
fille
Mlle Aurore d
upin
, aux Dames anglaises ; 3 pages in-4, adresse (petit manque par bris de cachet).
t
rès
jolie
et
longue
lettre
faMilière
et
tendre
à
sa
cHère
petite
fille
,
pensionnaire
à
p
aris
.
Elle avait tant besoin de repos, de sommeil et de silence que depuis son retour à Nohant elle a mis deux jours à ouvrir les yeux sans efforts. Elle attend
avec impatience de ses nouvelles ; le facteur Saint-Jean « qui est vieux comme le monde, qui n’a ni enfant, ni petite fille tient peut-être dans sa poche mon
espoir et ma consolation, il ne s’en doute pas le butor. Ce sera cependant ma première question en le voyant, mais avant qu’il ait fouillé dans tous ses
goussets, déployé son portefeuille, présenté ses mémoires, dit 3 ou 4 fois ce n’est pas cela, donnez-vous donc patience, tu le vois et moi aussi, mais s’il ne
m’en apportait pas ? Oh je serais bien fâchée car j’y compte »... Elle raconte les péripéties de son voyage de retour de Paris à Nohant : les repas, le manque
de confort des auberges, la perte de sa bague, et enfin son arrivée à Nohant : « Jeudi enfin, chez moi, malgré le déluge, mes gens, mes chiens, mon chat et
Barbarie ! tout seul – son ami a été mangé par les chats. Le lendemain, des visites à l’infini », Aulard, Duvernet, etc. Elle donne les nouvelles de La Châtre,
Nohant, Montgivray, etc. « Que ta lettre est sensible et aimable, ma chère petite, l’énumération que tu me fais de tes bonnes amies et de toutes celles qui
peuvent te procurer quelque douceur dans ta vie te deviennent inutiles au milieu de tes regrets de notre séparation [...] Je n’ai pas trop d’assurance pour
être tranquile : oui, oui, je reviendrai comme je te l’ai promis ». Elle l’encourage à profiter de ses maîtres, et lui promet d’écrire à la supérieure « pour une
celule, et y loger ton pinson ». Elle conlut : « Point de lettre de toi ma petite, je ferme la mienne tristement ».
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