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Livres & Manuscrits
RTCURIAL
22 septembre 2020 18h. Paris
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Livres & Manuscrits
RTCURIAL
22 septembre 2020 18h. Paris
Manuscrits de Georges Brassens — Lot 219 à 240
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BRASSENS (Georges)
Manuscrit autographe
pour la chanson
Supplique
pour être enterré à la plage de Sète.
1 p. in-4, encre verte.
État définitif avec de très légères
variantes pour la chanson
Supplique
pour être enterré à la plage de Sète
,
figurant sur l’album éponyme paru en
1966.
Notre manuscrit commence au vers 37
et va jusqu’au vers 81 et dernier.
Il manque donc un f. qui contient le
début de la chanson.
Les variantes consistent
essentiellement en l’inversion de deux
couplets et en de petites modifications
d’articles.
« L’évolution du travail sur le texte
nous montre la difficulté rencontrée
par l’auteur. Il cherche comment
agencer ses vers et ses idées sans
tomber dans le verbiage et l’anecdote »
(Tillieu, Poulanges,
les Manuscrits de
Brassens.
)
Né à Sète en 1921, Brassens y passe
toute son enfance jusqu’à l’affaire
des vols qui le contraint à se faire
oublier et quitter la ville. Il
passera le reste de sa vie à Paris,
puis entre la capitale, sa maison de
Crespières (Yvelines) et sa villa de
Bretagne. Dans la fameuse rencontre
entre Brel, Ferré et Brassens de 1969,
il expliquera : « Je te signale que je
m’en fous d’être enterré à la plage de
Sète, ça m’est complétement égal. J’ai
fait ça pour m’amuser, pour aller aux
bains de mer… » La chanson est bien
plus un prétexte pour se référer à Paul
Valéry, décrire un paysage qui lui est
familier et de parler de la mort sur
un ton badin.
« La mort est un sujet que la chanson
emprunte souvent. […] Brassens
“travaille” la mort comme un sujet
formel, dans la tradition chansonnière
française, pour arriver à en tirer un
texte intégrable dans son répertoire.
Le summum arrive avec “La supplique
pour être enterré à la plage de
Sète », le retour aux origines. Dans
les inédits, les chansons abandonnées,
on retrouve très souvent ce thème,
comme si, lancinant, il revient à
chaque panne d’inspiration. Brassens
regarde sa propre mort avec les yeux
d’un hidalgo angoissé. Par fierté,
il plante “des fleurs dans les trous
de son nez” et par angoisse, il veut
“faire la tombe buissonnière”. »
(Poulanges, p. 150).
Dans une lettre à Roger Toussenot
(Paris, 9 septembre 1948), où il
évoque Gide et Valéry, Brassens fait
une mention au poème de ce dernier :
« Tu connais la fin splendide du
“Cimetière marin” : “Le vent se lève !…
Il faut tenter de vivre !” Tenter de
vivre ! Comme je me sens vieux soudain
devant ce devoir spirituel ! »
1 500 - 3 000 €
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BRASSENS (Georges)
Manuscrit autographe
pour la chanson
Jean rentre au village.
1 p. et 2 quatrains sur 2 ff. in-4
collés ensemble.
Version définitive de la chanson
Jean rentre au village
, que Brassens
ne grava jamais sur disque. Il l’avait
présentée en 1969 lors de l’émission
Campus
sur Europe 1, mais elle ne sera
finalement disponible pour le public
qu’avec l’interprétation de Maxime Le
Forestier en 2005.
Le vers
« L’est déjà en tombe »
a été
corrigé en
« L’est déjà en terre »
.
Sur la première page, les lieux qui
marquent la progression de Jean sont
entourés, peut-être comme moyen de
mémoriser l’enchaînement des strophes :
« hospice
[…]
morgue
[…]
bière
[…]
route
[…]
terre »
.
1 500 - 3 000 €
Georges Brassens et Fred Mella, 1973
D.R.




