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Livres & Manuscrits
RTCURIAL
22 septembre 2020 18h. Paris
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Livres & Manuscrits
RTCURIAL
22 septembre 2020 18h. Paris
Manuscrits de Georges Brassens — Lot 219 à 240
226
BRASSENS (Georges)
Manuscrit autographe
pour la chanson
Le Pluriel.
½ p. sur 1 feuillet in-4, papier
quadrillé perforé.
Manuscrit autographe pour la chanson
Le Pluriel
, figurant sur l’album
Supplique pour être enterré à la plage
de Sète
, gravé en 1966.
L’expression « le pluriel » est souvent
utilisée par Brassens pour désigner
la foule. On retrouve cet emploi dans
sa correspondance à Toussenot, par
opposition à l’individu. L’expression,
vient probablement de son ami Toussenot
qui lui avait fait lire un de ses
textes intitulé « le Pluriel et le
Singulier ». C’est réflexions sur une
éthique individualiste datent du temps
où Brassens avait des velléités de
participer aux journaux anarchistes (
Le
Libertaire
d’abord, puis
l’Anarchiste
qui ne verra pas le jour).
La chanson fit l’ouverture des récitals
organisés par Jacques Canetti, du 16
septembre au 22 octobre 1966, au T. N.
P. de Chaillot.
Le feuillet comporte deux quatrains
avec deux débuts de refrain,
correspondant à la version définitive
des couplets 5 et 6 :
« Pour embrasser
la dam’ s’il faut se mettre à douze
/ J’aime mieux m’amuser tout seul cré
nom de nom ! / Je suis celui qui reste
à l’écart des partouzes / L’obélisque
est-il monolithe oui ou non ».
800 - 1 500 €
228
BRASSENS (Georges)
Manuscrit autographe
pour la chanson
LeMoyenâgeux.
2 p. in-4.
Version définitive, avec indication de
tonalité, de la chanson
le Moyenâgeux
,
figurant sur l’album
Supplique pour
être enterré à la plage de Sète,
gravé
en 1966.
Une faute corrigée deux fois.
C’est une des chansons de Brassens
où l’influence du moyen-âge, et
de François Villon, se fait sentir
clairement :
« Après une franche repue, / J’eusse
aimé, toute honte bue, / Aller courir
le cotillon / Sur les pas de François
Villon.
[…]
À la fin, les anges du guet /
M’auraient conduit sur le gibet. / Je
serais mort, jambes en l’air, / Sur la
veuve patibulaire.
[…]
Ma dernière parole soit / Quelques
vers de Maître François, / Et que
j’emporte entre les dents / Un flocon
des neiges d’antan...
»
Il y développe également un autre de
ses thèmes favoris : les femmes et
l’amour, de préférence décomplexé :
« J’eusse aimé le corps féminin / Des
nonnettes et des nonnains / Qui, dans
ces jolis temps bénis, / Ne disaient
pas toujours “nenni”. »
2 000 - 3 000 €
227
BRASSENS (Georges)
Manuscrit autographe
pour la chanson
Les Quatre bacheliers.
1 p. ½ sur 2 ff.
Version définitive de la chanson
les
Quatre bacheliers
, figurant sur l’album
Supplique pour être enterré à la plage
de Sète
gravé en 1966.
Un couplet a été barré après coup,
rendant ce texte conforme à sa
version définitive :
« N’a pas crié
dorénavant / Ça ne sera plus mon
enfant ».
C’est une chanson particulièrement
importante dans la vie de Brassens, en
ce qu’elle s’inspire directement d’un
événement survenu dans sa jeunesse, et
un événement fondateur.
Avec quelques amis, Georges Brassens
commet des vols dans les maisons de
Sète. Ils finissent par être dénoncer
et Brassens est condamné à quinze
jours de prison avec sursis. La honte
ressentie par sa mère, très droite
et très pieuse, le pousse à quitter
la ville et à aller à Paris. D’abord
hébergé chez sa tante, il va très
vite s’installer chez la couturière de
celle-ci, Jeanne Le Bonniec et son mari
Marcel Planche, impasse Florimont.
L’attitude exemplaire décrite dans
la chanson est celle qu’eût alors
son propre père, lorsqu’il vint le
chercher au poste. La chanson est
aussi l’occasion pour Brassens de
tracer un trait d’union entre ses idées
libertaires et la religion, estimant
que
« si les chrétiens du pays / Jugent
que cet homme a failli / Ça laisse à
penser que pour eux / L’évangile c’est
de l’hébreu. »
« Pour payer son tribut à “un père de
ce tonneau-là”, Georges fait décoller
sa complainte sur le titre d’un roman
d’Albert Marchon qui avait ébloui son
bel âge, intitulé
le Bachelier sans
vergogne,
dont l’épithète revient de
façon obsédante au deuxième vers de
chaque strophe, comme un psaume »
(Tillieu, Poulanges,
les Manuscrits de
Brassens.
)
Il est à noter que Brassens ne relate
cet événement qu’une fois que ses
parents sont morts et qu’il a lui-même
quitté l’impasse Florimont ; comme si
ces événements marquaient un tournant
qui l’autorisait à se livrer.
1 500 - 2 000 €
Georges Brassens, 1967
D.R.
226




