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brouille avec Arthur
m
eyer
[Mirbeau va quittre
Le Gaulois
pour
Le Figaro
] : « Depuis trois jours je nage dans une tragédie » digne
d’Eschyle : « Meyer y joue le rôle de traître. Trois actes sont actuellement représentés ; il en manque deux qui ne tarderont pas. Comme
dénoûment, je prévois ceci. Meyer tué par moi, ou bien Meyer passant en police correctionnelle »...
Vannes [9 juin]
. Après « des courses
furieuses », ils sont arrivés dans un pays splendide, mais « de maison, point. Nous songeons à camper, près d’un dolmen. Je suis trop
fatigué pour vous éclairer sur notre situation et sur nos projets ». Il demande si Hervieu est content de
L’Inconnu
: il compte «
chroniquer
sur ce bouquin mystérieux, qui m’enchante de plus en plus »... –
[Novembre]
, il ne dira « rien qui soit désagréable à
G
oncourt
». Il trouve
que Geffroy « ne s’est pas fendu » pour le roman d’Hervieu, et dénonce les « petites coteries » : « Vous avez fait un beau et grand livre » ;
il se moque de
r
AffAëlli
et du « bon garçonnisme niais de ce banlieusard. Quant à
h
uysmAns
, c’est une vermine »…
[Kérisper 4 février
1888
]
. « Intoxication – surmenage – fièvre paludique ! – Quel article pour Jules Simon ! »... Lui-même ne commence à travailler
qu’aujourd’hui, très touché par la « tendre ingéniosité » d’Hervieu, à lui redonner du courage. «
m
AupAssAnt
est un imbécile d’avoir pris
la chose ainsi. Il aurait dû, au moins, vous savoir gré, d’avoir écrit, à propos de lui, une belle page de littérature. Notez, cher ami, que
je ne suis pas sûr de la critique je vous ai faite. Vous pouvez avoir absolument raison : et c’est peut-être un très mauvais livre que
Pierre
et Jean
»...
Dimanche [27 février]
. Il est l’objet d’une enquête de la gendarmerie d’Auray : « nous nous attendons à tout : perquisition,
interrogation, enquête, etc.
G
yp
le veut, et cela sera. Il faut que cette misérable nous poursuive partout où nous allons, et que partout
nous ayons la réputation d’être ou des assassins ou des voleurs ! Et ce qui est vraiment inconcevable, et vraiment effrayant, c’est la
complicité de la magistrature »... Il se demande qui protège Gyp...
[16 avril]
. Il n’arrive pas à travailler et compte partir pour le Midi. « J’ai
reçu de
G
oncourt
une lettre charmante, affectueuse, et faite pour me redonner du courage ». Il reçoit aussi un petit journal marseillais,
L’Actualité
, avec un article de Jules
B
ois
: « C’est admirable ! Un article superbe, et comme aucun critique, à Paris, ne serait capable d’en
faire un pareil ! Des pensées élevées, une intelligence très pénétrante, et un style ! C’est un chic type que ce Jules Bois […] c’est agréable,
d’entendre parler de soi, dans de l’écriture comme celle-là ! »...
[Menton 21 mai]
. Un vieux juge de Colombo lui a beaucoup parlé de
Ceylan et de l’Inde : « Or, rien de tout ce que nous a raconté
d
eloncle
n’existe », et deux personnes qu’il vantait sont « une espèce
d’idiot » et « un vulgaire escroc »...
[Levallois-Perret 2 juin
1889
]
. Il est dégoûté par la vente de
L’Angélus
de
m
illet
, et que « M. Georges
Petit d’accord avec M. Wolff, ait sauvé l’honneur de la France, en payant 553 mille francs, le tableau de Millet. C’est monstrueux ! C’est
à faire une révolution, à brûler le Louvre, à immoler Meissonier sur la place Malesherbes »...
Les Damps [12 septembre]
. « Je songe
souvent, sans les connaître, à vos douleurs, et j’en suis triste infiniment. Aujourd’hui, j’ai passé toute ma journée à lire vos lettres
anciennes. Quel trésor est votre cœur, mon cher Hervieu ! Quelle sensibilité suraigüe ! Et de quelle amitié ces lettres débordent »...
[Les
… / …
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