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70

250.

Henry de MONTHERLANT

(1896-1972).

M

anuscrit

autographe (fragment),

Le Carnaval de Madrid

, [1925]

; 2 pages

in-4 avec ratures et corrections sur papier pelure, barrées d’un trait diagonal.

100/150

P

remier

jet du début du

C

arnaval noir

, essai de 1925 recueilli dans

Un voyageur solitaire est un diable

, très différent du texte définitif.

« De tous les plaisirs, le voyage n’est pas seulement le plus triste ; il nous donne une âme idiote par laquelle nous tentons de nous

intéresser à des choses qui ne font pas partie de notre domaine, et les niaiseries dont nous nous écartions chez nous, nous y courrons à

l’étranger »... Suit la description du carnaval à Madrid : l’affluence d’hommes travestis et masqués, l’esprit de liberté qui domine. « Nous

répandons indifféremment le bien et le mal. Nous poursuivons jusqu’à l’épuisement des choses dont au fond nous n’avons pas envie,

nous tourmentons ce que nous aimons, nous serrons dans nos bras quand tombe la nuit des êtres que nous détestions si fort dans le

jour que nous évitions de regarder leur visage »...

251.

Henry de MONTHERLANT

.

M

anuscrit

autographe,

Post-scriptum

, 1927 ; 2 pages petit in-4 au dos de 2 ff. d’épreuve

corrigée consacré à Maurice Barrès.

120/150

S

ur

M

aurice

B

arrès

. Il souhaite que les pages des derniers chapitres soient tenues pour inachevées, « comme la borne d’une étape »,

car sa pensée a évolué depuis. « Pour Barrès, très certainement, tout, hormis quelques illusions agréables, est digne de visée.

Ce que je

comprends

, étant moi-même dans cette position, c’est qu’on sente le besoin d’en sortir, et qu’on le sente en toute noblesse. Deux façons

de sortir. Ou bien, la grâce. On reçoit la foi en quelque chose. Ou bien, ne l’ayant pas reçue, on se donne à quelque chose à quoi on ne

croit pas. Mais dans cette seconde alternative, qui fut celle où se résigna Barrès,

ce que je ne comprends pas

, c’est la contrefaçon de soi-

même à laquelle on s’oblige pour la durée d’une vie. Ah, je saisis bien son sourire sur son lit de mort. […] est-il besoin de dire aussi que

comme Barrès bâtonna longuement M.

R

enan

, qu’il adorait, et parce qu’il l’adorait, même quand j’accuse Barrès, si c’est avec âpreté, c’est

avec l’âpreté d’amour ? Disons plus posément : avec une admiration qui n’a jamais faibli et une amitié voilée de tendresse ».

252.

Henry de MONTHERLANT

. 4 L.A.S., vers 1927-1928, à un ami ; 4 pages et quart in-4.

150/200

Alger [avril 1927]

. « Voici l’aimable soierie que vous avez bien voulu me prêter »... Il sera lundi à Fès...

9 août 1928

. À propos d’

Essences.

Paul Valéry et l’unité de l’esprit. Montherlant et les mystères...

d’Étienne

B

urnet

(Seheur, 1929).

« Je souhaite que vous ayez attendu mon

addition pour envoyer le tout à Burnet, car je pense qu’il m’“épaulera”, étant libre-penseur enthousiaste »...

Vendredi

. Confirmation de

son arrivée à Rouen lundi : « En 12 heures, nous aurons largement le temps de “nous camper” »... – Il garde le souvenir le plus charmant

de son séjour. « Moi qui ai horreur d’aller chez les autres (quand je fus chez les Burnet, c’était que j’étais souffrant, inquiet, et qu’il était

médecin) vous vous arrangez pour que chez vous je ne sente aucune contrainte »...

253.

Henry de MONTHERLANT

. L.A.S., Oasis de Nefta 5 avril 1928, à un critique ; 2 pages in-4.

200/300

Il le remercie de son article intelligent sur son dernier ouvrage et lui exprime son désaccord sur deux points : « Chez

G

ide

, j’estime

l’homme, et particulièrement son courage [...] j’ai beaucoup moins d’estime pour l’artiste et l’écrivain, et je ne comprends pas comment

il peut exercer une influence, saut à un point de vue sexuel tout à fait spécial. L’influence (réelle) exercée par Gide est pour moi un

mystère ; peut-être me rencontré-je avec lui ; en tous cas, je n’ai pas subi la sienne. Je sais fort bien qui m’a réellement influencé parmi

les écrivains du XIX

e

et du XX

e

siècle : Chateaubriand, Flaubert, Barrès, d’Annunzio. Pour les autres : rencontres ». Pour prouver que

le cœur apparaît bien dans ses ouvrages, il va envoyer à son correspondant « un petit volume de pages choisies de moi, précisément

intitulées

Pages de tendresse

 »...

O

n

joint

une L.A.S. de Jules

R

omains

à André Figueras : « il n’est que trop vrai qu’une bonne partie de l’“intelligensia” semble avoir

pris à tâche l’accélération immédiate de notre décadence »...

254.

Henry de MONTHERLANT

.

M

anuscrit

autographe, [1953 ?]

; 2 pages in-4 au dos d’un fragment de tapuscrit et d’une

lettre à lui adressée.

200/250

S

ur

L

e

M

aître

de

S

antiago

(une version différente a été donnée par Montherlant dans « Quelques souvenirs sur

Le Maître de

Santiago

 » dans la Pléiade). Il cite une lettre d’un « capitaine français commandant au nord de l’Annam », relatant une affaire en 1949 où

un de ses légionnaires a été tué : « Dans la poche de sa vareuse, j’ai trouvé un exemplaire du

Maître de Santiago

. Ses camarades m’ont dit

qu’il en lisait quelques pages, chaque soir. […] Il m’a semblé que ce simple fait pouvait être dans votre métier qui comporte avec le mien

l’analogie de la vocation, une satisfaction très grande de savoir que dans l’atmosphère de dépouillement moral qui caractérise notre vie

ici, l’une de vos œuvres fut une source de lumière pour un inconnu »… Le légionnaire et l’explorateur Raymond

M

aufrais

ont emporté

ce livre condamnant les conquêtes coloniales, et Montherlant cite quelques phrases de sa pièce : « Les colonies sont faites pour être

perdues. […] Aux jeunes gens les expéditions maritimes, c’est bien ce qu’il leur faut. Mais les hautes aventures sont pour les hommes

de notre âge, et

les hautes aventures sont intérieures

 ».

255.

Henry de MONTHERLANT

.

M

anuscrit

autographe,

Interview sur

Les Garçons

, [1969] ; 1 page in-4 biffée, au dos

d’un fragment de lettre à lui adressée.

100/120

« Alban, jusqu’à sept ans, a lorgné alternativement du côté des garçons et du côté des filles : cela fait partie de son âge physiologique.

À 16 ans il rentre dans un collège où les a. p. sont un genre. Comme c’est un bon jeune homme [...] il ne veut pas se singulariser,

il contracte une de ces amitiés, mais attention ! C’est aussi un type qu’il aime »... Ensuite Alban tâchera de le rendre « meilleur » en

général... « S’il est “prince” dans une cabane avec son ami, il lui avait donné rendez-vous là uniquement pour lui parler de leur “nouvelle

vie” morale et de la réforme tentée. Et, cette horreur, il la montrera quand, retrouvant plus tard un ancien camarade de classe, il

découvrira que celui-ci est “un exclusif”, adonné exclusivement à un tel amour, et il rompra avec lui »...