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110

270.

Alfred JARRY

(1873-1907).

M

anuscrit

autographe

,

Pantagruel

Prologue – Acte premier

 ; 33 pages sur

30 feuillets in-fol. (effrangeures aux premiers et derniers feuillets de l’acte I), sous chemise cartonnée

verte portant le cachet de J.H. Sainmont et le tampon à la tête de crocodile.

7 000 / 8 000€

M

anuscrit de

travail d

une

toute

première

version de

P

antagruel

,

avec un

P

rologue

inédit

.

Le projet de

Pantagruel

, livret d’opéra-bouffe d’après

R

abelais

pour son ami le compositeur Claude

T

errasse

(1867-1923), occupa Jarry près de dix ans, de 1897 à 1905, et connut plusieurs versions successives ; c’est Eugène

Demolder qui mettra au point le livret en 5 actes et 6 tableaux sur lequel travaillera Terrasse (l’œuvre fut créée au

Grand Théâtre de Lyon le 31 janvier 1911) et qui sera publié en 1911 sous les deux noms de Jarry et Demolder.

Le présent manuscrit correspond à la seconde rédaction de la première version (après une première rédaction en

ancien français), élaborée en 1899-1901, et destinée au théâtre des Pantins. Il est soigneusement établi à l’encre

noire, les noms des personnages et les didascalies soulignés à l’encre rouge. Il a cependant servi ensuite de manuscrit

de travail, et présente de nombreuses corrections, additions et annotations, par Jarry lui-même, mais aussi par

Claude

T

errasse

et par

W

illy

, à la collaboration duquel on a fait appel (Terrasse annonçait dans

Le Courrier français

du 5 mai 1901 avoir terminé

Pantagruel

, « livret de Jarry et Gauthier-Villars »).

Prologue

. Cahier in-fol. cousu, comprenant 1 feuillet de titre et 6 feuillets numérotés au crayon rouge 1 à 6 écrits à

l’encre au recto ; sur la page de gauche en regard des pages 2, 3 et 4, Jarry a noté des brouillons de vers au crayon,

très corrigés.

Ce

Prologue

, resté inédit, comprend deux scènes ; il évoque la mort de Badebec, femme de Gargantua, qui vient

de donner naissance à Pantagruel. « La scène représente une prairie ».

Scène I

 : « Gargantua, le petit Pantagruel

aux soins des Gouvernantes, Buveurs, Sages-Femmes, Pages, moines » ; elle commence par un

Chœur des Buveurs

 :

« Tire, baille, tourne, brouille »…. (qu’on retrouvera avec des variantes en tête de l’acte I du livret de 1911), suivi d’un

Chœur funèbre

 : « Elle en mourut, la noble Badebec »… Les deux chœurs alternent et se mêlent aux déplorations

de Gargantua… La scène s’achève sur cette didascalie : « Le Chœur sort ; Chœur Funèbre, mouvement de marche,

presque devenu le Chœur bachique, mais sur les paroles :

Elle en mourut

, etc. se perdant au loin. Gargantua reste à

table et s’assoupit en marmottant exactement sur l’air bachique : Ci-gît son corps, etc. » Scène II : la Fée Glou-Glou

apparaît à Gargantua, et d’un coup de baguette ressuscite Badebec et tous les aïeux de Gargantua : «

Marche des

Géants, qui couvrent toute la scène

 » ; Glou-Glou se déclare marraine de Pantagruel sur qui elle veillera, en donnant

à Gargantua et Badebec l’immortalité ; « 

Le Chœur des Buveurs reprend à l’orchestre

 ».

Claude Terrasse a porté quelques annotations au crayon rouge ou bleu ; Jarry a corrigé quelques vers de la

première scène, porté en marge quelques annotations, mais surtout a couvert trois pages de brouillons pour mettre

en vers plusieurs passages parlés.

Acte premier

, complet, en 5 tableaux. Cahier in-fol. cousu de 23 feuillets écrits à l’encre au recto (cahier en partie

défait avec les feuillets en partie détachés). Sur la page de gauche en regard, mais aussi parfois en marge du texte,

nombreuses annotations au crayon ou à l’encre, principalement par

W

illy

.

Premier Tableau

(5 scènes) : « Le parvis de Notre-Dame. Les tours dans le fond » ; Pantagruel décroche les cloches

de Notre-Dame ; figurent le Peuple de Paris, Panurge, les jeunes Gouvernantes, Pantagruel « en gros bébé sur un

cheval de bois » ; intervention du Guet ; scène avec les Vieilles et les Portefaix ; le tableau s’achève avec l’apparition

de la Sorcière.

II

e

Tableau

(3 scènes) : « La salle du conseil de Picrochole » : Picrochole, La Sorcière, le duc de Menuail,

le comte Spadassin ; puis apparaît la Fée Glou-Glou « travestie en vieux capitaine à la barbe blanche ».

III

e

Tableau

(4

scènes) : « Le Cloître de Sévillé. La porte fermée du couvent à la première scène, l’intérieur du réfectoire ensuite » :

Pantagruel, Panurge en écuyer, hommes d’armes de la suite de Pantagruel, Glou-Glou (qui va se changer en Frère

Jean), le Frère Portier, le Prieur, Moines ; à la fin surviennent Picrochole, Spadassin, Menuail, la Sorcière, l’armée

de Picrochole.

IV

e

Tableau

(2 scènes) : « Panurge à la broche dans une cheminée turque. Une vieille Négresse le

retourne devant le feu ». Panurge est sauvé par Glou-Glou ; long monologue de Panurge à la scène 2.

V

e

Tableau

(2

scènes) : « Devant la grande porte de Thélème » : Pantagruel, Glou-Glou en moine, Panurge, Suite, Gardes, Pages,

etc. Maîtres d’instruments, Chevaliers, Dames à cheval, etc. Le « Chœur des Gardes, des deux sexes », commente

six entrées de ballet : les religieux et religieuses de Thélème » ; les Maîtres d’instruments ; Orfèvres, lapidaires,

brodeurs, tailleurs, etc. ; les Chevaliers ; les Fauconniers ; les Dames à cheval. L’acte s’achève ainsi : « (

La porte

s’ouvre. L’inscription fulgure, et tous crient

 :)

Fais ce que voudras

. Bacchanale ».

Pas de correction de Jarry, à l’exception d’un béquet à la scène 2 du II

e

tableau. En marge, et sur les pages de gauche

en regard, nombreuses annotations de la main de Claude

T

errasse

et aussi de

W

illy

 : « Maintenir c’est parfait », « en

vers », « Ficher en vers, confectionner un couplet de présentation par la Fée des Buveurs d’Eau à l’usage du public

de poires », « maintenir intégralement cette phrase leitmotiv », etc. Au III

e

Tableau notamment, Willy note : « Il faut

que Frère Jean ait son existence propre (et ne soit pas Glou-Glou) ; il faut que le rôle soit gueulé par une basse,

non pas miaulé par un soprano, n’est-ce pas Claude ? Par conséquent, bousculer toute cette scène II, et présenter

joyeusement Frère Jean, solide, entripaille, luron etc. etc. » Et il biffe au crayon toute une partie de la scène

On joint

une L.A.S. de Claude

T

errasse

à

J

arry

lui demandant de venir déjeuner le lendemain : « Avons à causer

urgence Pantagruel –

Munissez-vous du manuscrit complet.

Expliquerai affaire demain – ai convoqué Willy »…

Expojarrisition

(1953, n° 332).