228
95
Mardi 6 octobre 2020
226.
COLETTE
(1873-1954). 5 L.A.S. « Colette Willy » ou « Colette de Jouvenel », Paris 1907-[début des
années 1920] ; 5 pages et demie formats divers, 2 en-têtes
Le Matin
, une enveloppe.
400 / 500€
44 rue de Villejust 18 février 1907
, à Alfred
V
allette
, au sujet de
La Retraite sentimentale
(Mercure de France,
1907). Elle demande à quelle heure « je fais le service dans vos bureaux », jeudi. « Vous parlez que je rappellerai
à Mendès sa promesse faite à Rachilde. Bon tabac, s’il parle de la Retraite »…
57 rue Cortambert [1911-1914]
, au
même. « Gémier a besoin d’un
Dialogues de Bêtes
, moi aussi, je n’en ai pas, comment faire ? Votre imprimeur va-t-il
daigner tirer quelque chose ? Nous “jouons” le dialogue le 29 au théâtre Antoine, Gémier et Suz. Desprès veulent
le répéter cette semaine, j’ai l’air vraiment d’une gourde »…
[Novembre 1921]
, à un ami. « L’Ermite propose, comme titre et sous-titre
L’Envers du Monde. Mœurs de la Cour
et de la ville sous la République
. […] Les premières douleurs de
Chéri
à la scène me rendent folle, – et Jouvenel
m’envoie au procès Landru !!! »…
[7 mars 1922]
, à Haydée
M
agnus
-L
evel
, l’invitant à venir la voir au
Matin
: « Je serai
enchantée de vous revoir »…
[Début des années 1920]
, à un ami. « Vite, vite, cher ami, n’arbitrez pas avant d’avoir
lu les œuvres d’Elissa
R
haïs
! Je vous le demande avec instance, mais non pas comme une amicale faveur. Il ne s’agit
que d’équité »…
On joint
deux fleurs séchées pressées contre un feuillet de papier à en-tête du
9 rue de Beaujolais
; une l.a.s. de
W
illy
à Curnonsky, évoquant Colette ; une l.a.s. d’Henri Lavedan à Colette ; un fragment de lettre d’amie évoquant
son article « Bêtes amies » ; une longue l.a.s. de sa fille Colette de
J
ouvenel
sur ses rapports avec sa mère (1976) ;
et une l.a.s. de Pauline Tissandier.
227.
COLETTE
. L.A.S. « Colette Willy », [vers 1910], à un journaliste ; 1 page et demie in-12 à l’encre violette
à son adresse
25, rue Torricelli
(petite marque de rouille et trous d’épingle).
120 / 150€
Elle est « si contente. Je sais mal remercier, et je sais encore moins quêter la faveur de la critique. Elle m’est
partout, cette fois, clémente, et flatteuse, mais votre article est parmi ceux qui me touchent le plus »...
On joint
2 L.A.S. (et une carte de visite a.s.) de
W
illy
, à Laurent Tailhade (1891) et à Madeleine de Swarte.
228.
COLETTE
. 2 L.A.S. « Colette »,
Paris
[1928-1936], à « Kid » [Renaud de
J
ouvenel
] ; 4 pages in-4 chaque
(fentes au pli de la première).
500 / 700€
Belle correspondance à son beau-fils
: Renaud de
J
ouvenel
(1907-1982) est le fils naturel d’Henry de Jouvenel et
sa maîtresse Isabelle de Comminges dite « la Panthère ».
9 rue de Beaujolais [répondu 18 mars 1928]
. La lettre de Kid donne à penser qu’il n’est pas dans un état moral
excellent : « Être un “raté” à vingt ans… permets-moi de sourire. Tu as vingt ans, tu es à la veille d’une majorité
effective, tu n’as pas de maladie grave, tu te trouves en face d’une proportion d’antagonisme plutôt tonique, –
veux-tu changer avec moi ? […] C’est une lettre de pion, mais de pion désintéressé. Tu sais, ou tu devines, que
je me suis tant de fois ressuscitée, que (quelle phrase !) j’écoute avec étonnement et scandale, d’une bouche de
vingt ans, tomber des paroles désabusées. C’est peut-être naturel, à ton âge on quitte si facilement la vie. Mais…
crotte pour les personnes désabusées. Ne sois pas une de
ces personnes »... Elle ne veut pas parler de
La Naissance
du jour
, livre « plein de négligences » malgré ses trois
jeux d’épreuves. « La fin n’est pas trop mal parce qu’il y
a davantage de lettres de ma mère »… Et de terminer
par l’éloge de sa fille…
33, Champs-Élysées [1936]
. Elle
remercie « Vieux Kid » de son bouquet et apprécie son
livre [
Village X
…] : « La dernière partie, naturellement,
n’est pas celle que je préfère. Mais avant, tu restes, Dieu
merci, singulièrement poète. Si j’écrivais le “monologue
de Renaud”, il commencerait par : “Je suis un cheval
sauvage, sans mors ni bride” et puis il continuerait, asservi
avec douceur au rythme, et sans trop s’en apercevoir. Tu as
un don rare : ta sensualité, même précise, est poésie »…
On lui a dit que la connivence du chevalier et du cheval
était héritée : « Diable soit du c… qui a baptisé ta mère
du nom de “panthère”, pour ce qu’elle était dorée et
irritable ! Le cheval te vient d’elle »… Elle est charmée que
Renaud paraisse aimer la terre : « C’est pourquoi je suis de
ton parti si tu tiens à Castel-Novel. Là où il y a du gibier, il
faut quelqu’un qui sache protéger ce gibier. Là où il y a des
chiens, il faut quelqu’un à qui les chiens viennent quand il
les siffle. Au fond, mon père était très humilié que, jamais
un chien ne lui ait obéi. Nous continuerons un jour cette
importante conversation »…




