230
229
96
229.
COLETTE
. L.A.S., [Paris 25 décembre 1944],
à Maurice
S
aurel
; 3 pages in-8 sur papier à
bordure de dentelle orné d’une grande vignette
chromolithographiée représentant deux mains
jointes sur un cœur de myosotis et entourées d’une
couronne de roses, enveloppe.
400 / 500€
« Bonjour, bonne année ! Cher ami, ne vous moquez
pas de ces papiers que j’aime. Celui-ci, qui porte deux
mains amies, et un cœur de myosotis, convient très bien
au sentiment qui nous lie. J’ai un joli petit livre pour vous,
illustré par
D
ignimont
[
Trois, six, neuf
], que Correa se
décide enfin à “sortir”, comme on a tort de dire »... Elle
évoque son médecin Marthe
L
amy
, que le D
r
Chadourne
a mise dans « un préventorium bien oxygéné », pour
hâter sa convalescence. « Mais c’est une chèvre difficile
à attacher. Rien d’autre, sinon que je peux de moins en
moins marcher. Mais je ne suis pas mécontente de l’état
d’esprit qui me permet de me résigner à être une infirme
officielle. Pour une fois que je suis contente de moi »…
230.
Georges COURTELINE
(1858-1929).
M
anuscrit
autographe signé,
L’Escalier
; 4 pages et demie petit
in-4, quelques corrections.
300 / 400€
Manuscrit complet du second conte du recueil
Les
Fourneaux
, paru chez Albin-Michel en 1905 (p. 15-28).
C’est l’histoire d’un couple infernal, l’oncle et la tante du
narrateur : « Entre les murs de cettemaison de Janot, l’oncle
et la tante vivaient en chat et chien, animés l’un contre
l’autre d’une antipathie instinctive qu’avaient
lentement aiguisée trente-cinq années de
tête-à-tête, le vide d’une existence provinciale
formidablement imbécile et dénuée de but.
Il suffisait à l’un d’exprimer une façon de
penser, pour que l’autre, précipitamment,
affichât une manière de voir diamétralement
opposée. […] Et ainsi, de parti pris, ils
s’exaspéraient mutuellement ; elle, agressive,
âpre, hargneuse ; lui, goguenard, dédaigneux,
fort pour les haussements d’épaules et les
silences insultants ». Pour descendre de leur
chambre à coucher à la salle à manger, il fallait
emprunter un escalier noir et tortueux au bout
d’un long corridor sombre ; la tante décida un
jour de relier les deux pièces par un escalier en
pas-de-vis, contre l’avis de l’oncle, qui refusa
obstinément de l’emprunter. L’oncle mourut
des suites d’une chute dans son escalier, et la
tante obligea les croque-morts à descendre
le défunt par l’escalier en pas-de-vis : « — Je
t’avais bien dit que tu y passerais ! murmura
cette excellente femme. »




