94
221.
Jean COCTEAU
. 2 L.A.S. « Jean », 1931-19410, à Bernard
G
rasset
; 1 page in-4 chaque (petits manques
marginaux sans perte de texte à la 1
ère
, trous de classeur à la 2
e
).
200 / 250€
9 rue Vignon [1931 ?].
Sur l’
Essai de critique indirecte
(Grasset, 1932). « Tu ne me feras pas cette peine et tu m’as
très mal compris. Sache que toute idée de préface me gêne en principe et que je trouve ton introduction si haute
et si émouvante que cette gêne avait complètement disparu. […] Non, cher Bernard – ou je paraîtrai avec ton texte
et ma main dans la tienne – ou tu dois me rendre ma liberté. J’aime mieux paraître ailleurs que chez toi sans la
chaleur qui nous accorde. […] Je ne mens
jamais
». –
1940
. « Tes secrétaires André F[raigneau] et Chateaubriant t’ont
peut-être raconté que je sortais d’une clinique très pénible – d’où mon espèce de disparition. J’ai lu ton livre [
À la
recherche de la France
] que je trouve d’une importance extrême et qui, seul, s’oppose à tant de désordres. J’aurais
voulu te le dire et en parler avec toi »…
222.
Jean COCTEAU
.
T
apuscrit
avec
envoi
autographe signé et
date
autographe,
Lettre aux Américains
,
1949 ; 48 pages in-4.
600 / 800€
Tapuscrit de la
Lettre aux Américains
, écrite pendant le voyage de retour de New York, où Cocteau avait
présenté
L’Aigle à deux têtes
. Le tapuscrit est dédicacé à Aymée
G
rasset
, la femme de son éditeur Bernard
Grasset : « à la chère femme de Bernard qui a réinventé cette lettre en la lui lisant et en l’écoutant la lui lire. De tout
cœur Jean Cocteau ». À la fin, Cocteau a inscrit de sa main la date : « Paris-New York (Air France) 12 et 13 janvier
1949 ». Des passages ont été signalés par des traits ou encadrés, peut-être pour une publication d’extraits en
revue ; quelques notes marginales concernant des arrangements ou corrections sont peut-être de la main de Bernard
Grasset, qui publia la
Lettre aux Américains
cette même année 1949.
223.
Jean COCTEAU
. L.A.S., Saint-Jean-Cap-Ferrat 3 juin 1956, à Michael
S
mithies
à Oxford ; 6 pages in-8,
enveloppe.
300 / 400€
Sur sa prochaine réception comme docteur
honoris causa
à l’Université d’Oxford
(12 juin), à un jeune ami
anglais (1932-2019).
Il s’inquiète de questions matérielles, ne voulant surtout pas entraîner Francine Weisweiller « dans une aventure
désagréable. Ce matin, à la demande du secrétaire du vice chancelier (New College) j’ai de nouveau envoyé mes
mesures en lui expliquant pourquoi je désirais posséder un costume qui me soit propre et que je puisse emporter
en France ». Il dînera le 10 chez Lord Beaverbrook, déjeunera le 11 à l’ambassade de France… « J’ai été accablé de
demandes pour des besognes (que je refuse) en marge de notre programme. La télévision voulait me faire présenter
la Tour de Londres et autres folies qui ne me représentent que de la fatigue sur l’estrade maudite de l’actualité. Je
déteste les réunions mondaines et si la garden party n’était pas obligatoire je me serais caché dans ma chambre
d’hôtel pour ne pas m’y rendre. La seule chose qui m’importe est de vous voir, d’assister au cérémonial du 12, et de
prononcer le discours du 14. Le reste est du domaine de la corvée (sauf les repas avec les amis de mes amis.) Vous
savez que je m’efforce de vivre à contre époque […] J’ai terminé le discours. Il est à la copie. Je le faisais tout en
travaillant aux maquettes de Menton et Villefranche »... Il s’inquiète de la présence à l’hôtel Randolph d’une prise
pour son rasoir : « Depuis mes misères de peau je ne me rase qu’avec le rasoir électrique »...
224.
Jean COCTEAU
. L.A.S. « Jean », Palais-Royal 17 mars 1960, à Roger
P
illaudin
; 1 page in-4. 200 / 250€
Recherche d’un éditeur pour le « Journal sonore » que Pillaudin avait réalisé pendant le tournage du
Testament
d’Orphée
.
[Le « duc Hermann » se réfère probablement à Pierre
B
erès
, propriétaire des Éditions Hermann. Gérard
Worms était associé à la direction des Éditions du Rocher.]
« Je ne t’abandonne pas – et si le duc Hermann (qui se trompe) tombe dans les impératifs de l’actualité –
nous
trouverons une autre porte
. J’aimerais que tu portes une bonne tranche de notre “journal” avec mes textes aux
Cahiers du cinéma
. J’ai prévenu
T
ruffaut
– car Valcroze est en voyage. C’est Truffaut qui me le demande. Dépêche-
toi d’aller voir l’équipe des
Cahiers
et cela ne me gêne en rien la publication en volume, au contraire. […] J’en ai
parlé à Worms qui refuse de me croire fort d’un téléphone du Duc qui ne correspond pas à ce que tu me racontes »…
225.
Jean COCTEAU
. 2 L.A.S., 2 avril et 5 juillet 1960, à une « chère amie » ; 1 page in-4 chaque. 300 / 350€
Milly 2 avril 1960
. Il part pour Santo Sospir. « Une presque sœur très malade, les besognes, les auditions pour la
reprise de
L’Aigle
[à deux têtes], les magnétophones pour le film, les articles, les lettres, les fâcheux, les aumônes,
les refacheux. Voilà ce qui me chasse demain et m’oblige à rejoindre la Côte d’Azur »…
5 juillet 1960
. Il a lu les
lettres le soir de son anniversaire, seul dans sa chambre après avoir dû « souffler un simulacre de 71 bougies. [….]
Les lettres m’ont presque procuré de la gêne, tellement d’un seul coup elles nous plongent dans un fleuve de sang
et d’encre très doux et très calme entre des rives que je connais bien et qui s’y reflètent à l’envers. Charles s’y
montre sans masque de théâtre avec toute sa noblesse et sa gentillesse et cette enfance dont il avait les colères (je
le revois encore lancer une boîte de pastilles de Vichy qui éclatait comme une bombe). Et ce que j’aime c’est qu’il
trouve le temps d’écrire de vraies lettres dans cette épouvantable époque de hâte, de téléphone et de radio. […]
cette étonnante courbe de dos n’était point une bosse mais quelque bizarre instrument de musique dont il tirait des
accents inoubliables de sa voix nasale et passionnée. Ah ! vous m’avez fait un beau cadeau d’anniversaire »…




