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Mardi 6 octobre 2020
231.
René CREVEL
(1900-1935). L.A.S., Saint-Tropez
[1925], à Marcel
J
ouhandeau
; 2 pages infol.
800 / 1 000€
B
elle
lettre
à
J
ouhandeau
. Il est à Saint-Tropez,
et sa chambre donne sur le port : « Hier soir je
croyais que Neptune était un jeune homme car un
marin tout brun, le torse nu, le pantalon bleu déchiré,
de l’eau jusqu’à mi-cuisse avec un balai nettoyait
le port. Je regarde le spectacle innocent. Heureux
petits gars tout craquelés de soleil. J’ai honte de
ma poitrine couleur de poulet anémique »… Il va
travailler, « tâcher d’écrire une histoire qui sera la
somme de toutes celles que je vous ai racontées
et dont vous m’avez dit qu’elles méritaient d’être
sur le papier ». Il ne parle que pour le nécessaire,
et se vante d’être aussi chaste que silencieux « Pas
toujours bien entendu, mais si le blanc n’existait pas
il n’y aurait pas de noir »… Il donne des nouvelles de
sa famille, sa mère malade, et la pitié qu’il a ressentie
là-bas dans les montagnes : « Il y a là un drame dont
l’épilogue pourrait être votre phrase : Ils mouraient
tous comme des lapins. Alors pour ma dernière
petite sœur, une enfant que je vous ferai connaître
et qui est si extraordinaire, j’ai peur et j’arrange des
choses cruelles ». Tout cela ne doit pas l’intéresser,
mais « quand je crois à l’amitié je me montre tel que
je dois être le plus vraisemblablement c’est-à-dire
geignard comme tous les naïfs. D’où ce vide qui se
fait périodiquement autour de moi. Il est vrai que
mon gouffre est celui du changement. Il est vrai aussi
que j’ai des amitiés plus fortes que tout »… Il ajoute :
« Bonjour aux amis. Dites à Marie
L
aurencin
que je
lui écrirai dès que j’aurai une passion et la lui décrirai
dans tous les détails »…
On joint
un contretype d’une photo de Crevel par Man Ray en 1925.
232.
DANIEL-ROPS
(1901-1965). L.A.S., Chambéry 27 septembre 1941, à un ami ; 1 page et quart in-4.
80 / 100€
Il a passé son enfance dans la région de Grenoble, et craint pour son ami « des déboires, au milieu d’une population
qui manque souvent de liant »… Il recommande de s’adresser au secrétariat de la Faculté et à son vieux maître Raoul
Blanchard, doyen des Lettres, ou bien de penser à Aix-en-Provence, où il a des amis : Alexandre Marc, Jules Isaac,
Marcel Brion… « Enfin connaissez-vous les projets de reconstruction d’Oppède, le village du Lubéron ? De jeunes
architectes y travaillent et peut-être auriez-vous là l’occasion de vous employer. J’espère que les lois “aryennes” ne
jouent pas là »…
On joint
une L.S. de Paul
M
orand
à Daniel-Rops, Paris 17 avril 1934, donnant des conseils pour un protégé qui se
présente au concours, et le remerciant pour son article sur
France la Doulce
.
233.
Alphonse DAUDET
(1840-1897). L.A.S., Champrosay, [à Georges
D
ecaux
] ; demi-page in-8. 80 / 100€
« Nous venons d’apprendre l’horrible fin de Paul
M
argueritte
. La femme, les enfants, pas le sou. Si l’on fait qque
chose, – et c’est vous qui pouvez essayer – je me tiens à votre disposition »…
On joint
une carte de visite a.s. au même : « J’ai enfin l’adresse de Paul Margueritte. 5 rue Brogniart Sèvres »…
234.
Léon DAUDET
(1868-1942). L.A.S., samedi [1900], à un confrère [Édouard
D
ucoté
], et 3 documents le
concernant, 1914 ; 1 page in-8 et 4 pages formats divers.
100 / 150€
[1900]
. « J’ai déjà lu mon cher confrère la première de vos
Merveilles et moralités
. Elle me plaît vivement. Je vous
suis de longue date, et, je vous prie de le croire, avec ma plus vive sympathie littéraire »…
Paris 11-13 juin 1914
. Conditions d’un duel entre Jacques Roujon et Daudet, signées par leurs témoins : Binet-
Valmer, Régis Gignoux, Léon de Montesquiou, Lucien Moreau. Procès-verbal du duel (Daudet blessé au bras), signé
par les mêmes. « Suzon » félicite Roujon d’avoir blessé « cet abject » Daudet...
On joint
une L.A.S. de Pierre Guitet-Vauquelin à Jean Vignaud, au sujet de
Sarati le Terrible
, 1919.




