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BOUSQUET (Joe). 1897-1950.
Ecrivain poète.
L.A.S.
Carcassonne, mardi.
4 pp. in-8
.
Longue lettre de Bousquet, remplie de
conseils sur la poésie.
(…) Vous connaissez
les poèmes obscurs de Gérard de Nerval.
Vous aurez quelques éclaircissements sur le
point de vue de cet écrivain en lisant sa pré-
face aux Filles du feu (…). Prenez d’abord les
Chants de Maldoror et la plaquette Poésies du
même auteur (…). Là-dedans, bien plus que
dans Rimbaud est la vraie source. Lautréa-
mont écrit un livre ardent, fou,
et soudain par
quelques déplacements de mots montre que
la raison doit se démettre ou qu’on doit outre-
passer ses lois (…).
Etc.
200 / 300 €
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BRAHMS (Johannes). 1833-1897.
Pianiste, compositeur.
C.A.S. « J. Br.» à Fritz Simrock.
S.l.,
(Dimanche tôt le matin), 26 mars 1876.
1 p. in-12 sur carte de correspondance,
adresse, timbre et marques postales,
petites taches ; en allemand.
Brahms annonce à son éditeur son retour
à Breslau :
[(…) Demain, j’airai chercher le
bétail broutant sur mon pâturage à Spina. Si
vous deviez trouver la vache, alors envoyer
la, puisqu’ici c’est douteux. Puis j’écrirai de
nouveau et je vous salue entre temps (…).
Concerne la réimpression des Danses Hon-
groises par Kuhé (André : Offenbach)].
700 / 800 €
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BRETON (André). 1896-1966.
Ecrivain surréaliste.
2 L.A.S. (à René Gaffet).
Paris, 27 octobre
et 23 novembre 1930.
2 pp. et 1 p. ¼ in-4.
«En butte à toute sortes de tracas matériels»,
Breton propose de lui céder quelques objets
de sa collection dont il donne le détail.
Il n’a
pu encore s’occuper du travail demandé et
commencera à s’y atteler jeudi ;
(…) Le retour à
un peu de sérénité s’imposait (…). Je n’ai pas
besoin de vous dire que j’agirai en tous points
selon vos instructions et pour le mieux (…). Je
ne vous parlais d’une cession éventuelle de
tableau ou d’objet que parce que je suis obsé-
dé de quelques dettes criardes, qu’il me faut
absolument me défaire de certaines choses et
qu’il me semble absurde de m’adresser à un
marchand (…). La vérité est que j’aurais besoin
d’une dizaine de mille francs (…).
Pour cette
somme, il est prêt à lui offrir:
le papier collé de
Braque «J’irai… le chien de verre», le fétiche
Ubi du nouveau Mecklembourg, à votre choix
(Ce fétiche, le plus beau que je connaisse,
m’est revenu à moi-même à 13,500 francs, il
y a plus de quatre ans. Un autre beaucoup
moins ancien et sans les sculptures latérales,
a fait 18,000 francs plus les frais à la vente
Bondy).
«Le paquet de tabac de Braque» est,
je crois, le papier collé le mieux centré et le
plus séduisant de tout le cubisme; «J’irai…»
le tableau le plus surréaliste avec la lettre,
de Chirico (…). Je dispose encore de deux
grandes toiles de Chirico «L’énigme d’une
Journée» (Cf. le Surr[
éalisme] et la Peint[ure])
et celle dont je vous joins la photographie, cette
dernière acquise par moi seize mille francs en
1928 à Pierre Loeb, d’un très beau fétiche de
Nouvelle-Zélande que je vous avais montré à
votre passage et de la fameuse «Mariée» de
Marcel Duchamp
(…).
Après avoir détaillé le
prix attendu des différentes œuvres, il ajoute :
Pardonnez-moi cette avalanche de chiffres.
Mais dès que ma situation sera un peu réta-
blie, vous savez que je retiendrai tout ce que
je pourrai de ces choses, dont je n’avais pas
envisagé jusqu’à ces derniers jours de me
séparer. Je ne dispose plus, je vous l’ai dit,
d’aucun important manuscrit de moi (je sais
cependant que Char se déferait du manuscrit
du Second Manifeste, moyennant 6 ou 7000
francs (…).
Breton lui propose encore l’exem-
plaire d’épreuves de son premier livre
Mont de
piété
avec les corrections de l’époque;
Cet
exemplaire absolument unique s’accompagne
du premier projet de couverture (inédit), sur le
modèle des sacs à café et de commentaires
nombreux de Paul Valéry, extraits de lettres à
moi adressées pendant la guerre et recopiés
de ma main (…).
Avec sa correspondance
d’autographes, il lui signale «quatre docu-
ments très importants» de ses archives avec
notamment les cahiers de procès-verbaux du
«Congrès de Paris pour la défense et l’illus-
tration de l’esprit moderne (1921-1922) » coïn-
cidant avec la fin du mouvement Dada, et le
cahier de la «Centrale surréaliste» de 1924-
1925, contenant les observations et sugges-
tions de ses amis et anciens camarades
Ara-
gon, Artaud, Desnos, Eluard, Boiffard, etc.
Un mois plus tard Breton reprend sa correspon-
dance avec Gaffé, s’excusant d’avoir manqué
à ses engagements;
(…) J’ai été horriblement
bousculé tous ces derniers temps. La pré-
sence d’Aragon au Congrès de littérature de
Kharkov, le manque matériel de liaison entre lui
et moi, (…) l’émoi auquel ont donné lieu les ré-
sultats du Congrès lorsqu’ils ont été connus ici,
émoi que j’ai dû m’employer inlassablement
à calmer ; - les interminables conciliabules
qu’entraine d’autre part la constitution d’une
Association des artistes et écrivains révolution-
naire dont le siège est chez moi ; - l’obligation
que par surcroît je m’impose d’assister un de
mes vieux amis, le docteur Raoul Leroy, dans
son service de l’asile Sainte-Anne, et c’est loin
d’être tout – ne m’ont, hélas, pas encore per-
mis d’essayer de revivre pour vous les temps
déjà lointain de la fondation du Surréalisme
(…).
Il donne encore diverses nouvelles.
1 500 / 2 000 €
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BRETON (André). 1896-1966.
Ecrivain surréaliste.
L.A.S. à Francis Dumont.
Antibes, 13 mars 1948.
1 p. ½ in-4.
Breton se montre rétif à un projet de publi-
cation de témoignages sur le Surréalisme.
Intéressante lettre dans laquelle Breton
évoque les tensions au sein des surréalistes
et se montrant critique vis-à-vis de l’enga-
gement de Picasso.
(…) En ce qui concerne
le projet de la Gazette des Lettres, je m’y vois
très mal tenir le rôle que vous m’assignez. Un
quart de siècle… sans doute mais c’est bien
là la dernière commémoration à laquelle je
puisse prendre part. Je n’éprouve aucun dé-
sir de me mesurer à cette occasion avec les
«ex-surréalistes du C.N.E.» que vous croyez
devoir consulter et dont je récuse par avance
le témoignage. Ces messieurs m’offrent-ils ja-
mais la discussion? (…).
Il lui conseille plutôt
d’interroger
les jeunes surréaliste tels Sarane
Alexandrian, Claude Tarnaud, Alain Jouffroy,
Jean-Louis Bédouin, Gaston Puel. Voilà qui
pourrait apporter du nouveau (…). Je vous as-
sure que cela serait beaucoup moins vain que
d’espérer obtenir une déclaration de Picasso,
par exemple, qui s’est refusé tout sa vie à des
déclarations de ce genre et de qui je n’aurais
certes pas envie de solliciter (…).
300 / 400 €
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