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213. COLET

(Louise Révoil, dite Louise). 8 lettres autographes signées et 2 poèmes autographes.

200 / 300

– À l’écrivain

Champfleury

(

1858

), à l’écrivain Émile

Deschamps

(

2

lettres, «

mardi soir 

», sur ses compositions

personnelles, notamment des vers sur Rome dont une pièce dédiée à lui, et «

23 août 

», sur Victor Hugo à Guernesey),

à l’écrivain socialiste Alphonse

Esquiros

(

1875

, sur ses infirmités et sa misère : «

... Les gens très riches ne comprennent

pas qu’on puisse être dans la détresse... 

»), à

son oncle

Le Blanc de Servannes. Servannes («

dimanche soir 

», lettre

de jeunesse portant la signature «

Louise Révoil 

», évoquant son bonheur familial), à une «

chère madame 

» (s.d., sur

son travail acharné, sur ses prochaines courses de journaux et de librairie, sur la croix de la Légion d’honneur qu’elle a

reçue avec une lettre du «

grand patriote 

»), à un poète (s.d., belle lettre de conseils littéraires).

– Les deux poèmes sont intitulés «

L’Unité de l’Italie. Improvisation du 2 avril 1860, à Son Excellence le comte de

Cavour 

» et «

Sur la mort de M

elle

Marguerite Burthe 

».

La «

chère muse

» de Flaubert.

La femme de lettres Louise Révoil (

1810

-

1876

), originaire d’Aix-en-Provence, vint se

fixer à Paris avec son mari le flûtiste Hippolyte Colet. Elle y tint salon et y mena une vie tumultueuse, ayant des

aventures avec différents personnages comme Musset, Vigny, Du Camp, Champfleury, Victor Cousin, et surtout

Gustave Flaubert (de

1846

à

1848

et de

1851

à

1855

) – époque où il travaillait à

Madame Bovary

.

Joint : Colet

(Hippolyte). Lettre autographe signée à son épouse Louise Colet. Blois,

17

juillet

1846

.

214. COLETTE

(Sidonie Gabrielle). Lettre autographe signée au peintre André Dignimont. [1939]. S.l.n.d. 2 pp. in-8,

sur papier ajouré façon canivet avec ornement floral collé en tête.

200 / 300

«

Cher Dig, je pense que vous serez sensible à un papier d’une grâce rustaude, mais d’un style pur. Comme vous êtes

gentil de m’envoyer toujours une belle image, tracée de votre main ! Nous sommes ici depuis le 27 août. Maurice, qui

a passé cinquante ans, n’est pas mobilisé

[le journaliste Maurice Goudeket, compagnon puis mari de Colette]

. Nous

travaillons sagement ; mais on manque d’oxygène.

Où est le temps où nous lancions le boomerang sur la pelouse de Bagatelle ? Que ce temps-là revienne, c’est un des

souhaits que forme pour vous, en vous embrassant, votre vieille amie...

»

Condorcet à Turgot :

persécution des jansénistes d’Auxerre

et censure du

Barbier de Séville

de Beaumarchais,

215. CONDORCET

(Jean Antoine Nicolas de Caritat de). Lettre autographe à Anne Robert Jacques

Turgot

. S.l.,

10 janvier [1774]. 3 pp. in-12, adresse au dos avec cachet armorié de cire rouge.

12 000 / 15 000

Lettre foisonnante dans laquelle Condorcet exprime ses engagements en faveur de la tolérance religieuse

et offre un panorama de la vie culturelle à Paris.

Un des grands hommes des Lumières, Condorcet s’était résolument engagé en cette année

1774

en faveur des idées

philosophiques. Mathématicien athée, son amitié avec d’Alembert, rencontré en

1758

, avait été déterminante : il s’était

alors lié à Voltaire, avait commencé à fréquenter le salon de mademoiselle Lespinasse, et, ayant acquis la conviction que

l’esprit humain était perfectible, il avait conditionné son action en fonction de son utilité pour aider à ce progrès. Il

attaqua certains aspects de la morale chrétienne, s’engagea en faveur des opprimés, protestants ou noirs...

Fort de son expérience mathématique, il aborda aussi des sujets comme l’économie, soutenant l’action menée par

Turgot dans son intendance du Limousin (

1761

-

1774

). Ils devinrent amis, liés par leur foi commune dans les idées

progressistes des Lumières, et Turgot, nommé contrôleur général des finances en juillet

1774

, le gratifierait de la place

d’inspecteur des Monnaies.

«

J’ai là le mémoire des Auxerrois, et j’ai bien peur que leur évêque ne se lave pas aisément du reproche d’être

complice d’une des plus lâches atrocités qu’on ait encore vues.

Jusqu’ici les noms de conspirations, de magie, &c.,

avaient servi de voile à ces actes de tyrannie, mais ici c’est une bassesse avouée. Il y a eu plus de perversité et de

cruauté dans l’affaire d’Urbain Grandier

[célèbre affaire des « possédées de Loudun », où un prêtre, Urbain Grandier,

fut contre toute justice brûlé en

1634

]

, il y a ici plus d’avilissement. L’évêque d’Auxerre n’a d’autre traité à faire avec

les honêtes gens que celui que les Hollandais proposèrent à Louis 14 aux conférences de Gertrudenberg

[conférences

diplomatiques tenues en

1710

à Geertruidenberg pour mettre fin à la guerre de Succession d’Espagne]

. Il faut qu’il

chasse lui-même les juges qu’il a protégés et rendus insolens.

Il paraît une gazette de littérature pour laquelle il faudra souscrire à votre retour.

M

elle

de Lespinasse a un torticolis

, qui a succédé à la toux et parce qu’il est apparemment nécessaire qu’elle souffre.

M. Monteynard est toujours en place

[secrétaire d’État de la Guerre de

1771

au

27

janvier

1774

]

. J’ai vu sa lettre

circulaire ; est-ce que, depuis l’éloge des administrateurs de cet été, ils se croient obligés d’en imiter le stile.

On a joué hier

Eugénie

à la Comédie française, elle a été reçue comme

Tancrède

, on a crié qu’on voulait

Le Barbier

de Séville

,

pièce du même auteur, interrompue, comme vous savez, par le coup de poing que M. le duc de Chaulnes

lui donna l’année passée. Les rieurs sont pour lui.

[Il s’agit des pièces

Tancrède

, de Voltaire

, Eugénie

et

Le Barbier de

Séville

de Beaumarchais]

.