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41 DERAIN
(André). 4 lettres autographe signées à Élie Faure. 1935 et s.d. 2 enveloppes.
800 / 1 000
– S.l., «
dimanche
». «
Cher ami,
je suis au café des Deux-Magots tous les jours de sept à huit.
j’y serai demain lundi
ou si vous préférez un autre rendez-vous, mon nouveau téléphone est Gob 56-16. Demain après-midi je serai dérangé
chez moi par des visiteurs embêtants, c’est pour cela que je ne vous dis pas de venir. Mais je pense en avoir fini à
5 heures 1/2 au plus tard. Téléphonez-moi...
»
– Paris, «
le 7 janvier
» [
1935
]. «
Cher ami, je suis désolé de ce contretemps, ma sonnette ne marche pas d’habitude, la
grille est ouverte et on frappe avec le marteau de la porte d’entrée. Je vous souhaite un prompt rétablissement et craint
d’être involontairement l’auteur de votre indisposition.
Je n’ai plus mes toiles pour un mois environ, j’ai une exposition à Stockholm
et j’ai envoyé beaucoup des choses que
j’avais ici. Je vous serre bien cordialement la main et je vous prie de m’excuser...
» Derain allait exposer le mois suivant
à la Svensk-Franska Konstgalleriet à Stockholm.
– Paris,
10
juin
1935
. «
Je vous remercie d’avoir vu mon exposition
. Je n’ai malheureusement pas grand chose d’autres
ou tout au moins de mieux. Je vais commencer de grands travaux cet été que je vous ferai voir en cours de route. Votre
ami...
» André Derain venait d’exposer en mai
1935
à Paris à la galerie Renou et Colle.
42. DUFY
(Raoul). Lettre autographe signée à Élie Faure. Paris, 21 novembre 1921. 1 p. 1/2 in-12, enveloppe. 600 / 800
«
Je vous fais toutes mes excuses du retard que je mets pour vous dire que je tiens à m’associer à la bonne action dont
vous m’entretenez dans votre lettre.
Voulez-vous me dire où et quand je dois déposer mon tableau
et où je pourrai prendre des billets de la tombola, non
dans l’espoir de regagner ma toile mais dans celui d’aider un camarade en risquant la chance d’une bonne fortune...
»
Aide au peintre Francisco Iturrino.
L’artiste espagnol, qui avait subi un temps l’influence du fauvisme (comme
Raoul Dufy) et introduit cette esthétique en Espagne, avait effectué des séjours prolongés à Paris avant guerre et y avait
noué diverses amitiés dans le milieu artistique. Amputé d’une jambe en
1921
, il connut de graves difficultés financières,
mais Élie Faure organisa alors une tombola à son profit avec des tableaux donnés par leurs amis peintres.
« Voilà, je ne crois pas du tout à l’histoire...
Mais je crois à l’imagination créatrice, et je l’aime... »
43. DUHAMEL
(Georges). Correspondance de 20 lettres autographes signées, soit 15 lettres et 5 cartes, adressées à
Élie Faure. 1920-1934 et s.d.
400 / 500
Georges Duhamel partageait avec Élie Faure une expérience de médecin militaire durant la Grande Guerre, mais n’était
pas animé par la même radicalité et n’avait pas subi comme lui l’influence nietzschéenne. Ces rapprochements et
divergences traversent la présente correspondance, d’une grande richesse.
Il commente ici les ouvrages d’Élie Faure.
La Danse avec le feu et l’eau
:
«
Ne croyez-vous pas qu’il est inquiétant
de
confondre le principe d’antagonisme
[allusion à certains aspects de la philosophie nietzschéenne adoptés par Élie
Faure]
, qui, même dans ses manifestations les plus cruelles, est à la base même de la vie et une grande source
d’inspiration pour les arts,
avec les entreprises de destruction imbéciles et industrialisées
dont la guerre 1914-1918
fut le plus parfait modèle ?
»
(
16
juillet
1920
). –
Napoléon
:
«
... Voilà,
je ne crois pas du tout à l’histoire.
J’ai assez
de mal à me représenter les gens que je vois tous les jours depuis vingt ans pour mettre l’histoire à son plan et à sa
place. Mais je crois à l’imagination créatrice, et je l’aime. Votre portrait est d’un poète...
» (
3
mai
1921
). –
Les Constructeurs
,
livre qui évoque les hautes figures de Cézanne, Dostoïevski, Lamarck, Nietzsche et Michelet :
«
Quel beau livre ! Comme il réconforte et désespère à la fois ! Quel hymne à la gloire de notre malheureuse
humanité ! Quelle grandeur dans la faiblesse !...
» (
8
janvier
1922
). –
L’Art médiéval
:
« [un livre qui «
permet de
savoir ce qu’un homme ardent, passionné, pieux, peut faire en faveur de la civilisation morale dans une époque qui
meurt de civilisation matérielle...
» (
8
janvier
1922
). –
Histoire de l’art
: «
ce livre bouillonnant, presque haletant,
où les idées se suivent, se bousculent, s’enchaînent finalement
» (
23
septembre
1927
).
Georges Duhamel évoque également les idées développées dans son propre ouvrage
Géographie cordiale de l’Europe
: «
Je
n’attribue aucune vertu profonde aux conquêtes militaires...
Nietzsche et Wagner ont conquis la France bien mieux que
les armées...
Imaginez l’Allemagne asservissant la France ou vice-versa. Quel bénéfice pour l’esprit ?...
» (
28
mars
1931
).
Il se réjouit de l’influence encourageante qu’Élie Faure exerce sur lui : «
Vous êtes, sachez-le, un des très rares esprits
généreux et hardis, un des porteurs de flamme dont j’admire et l’œuvre et le caractère...
» (
15
juillet
1924
). «
... Il me
semble, à vous lire, que je mérite de vivre encore longtemps & de travailler. Il me semble, à vous écouter, que je ne suis
pas indigne de cette langue et de cet esprit qu’ont honorés tant de grands hommes. Je fais des projets, je ne sent plus mes
limites, la source de courage jaillit, roule, inonde tout...
» (
28
février
1926
). Il aborde aussi leurs divergences concernant
l’action politique et le régime communiste : «
J’ai, l’un des premiers, écrit que le phénomène russe était considérable et
qu’il fallait, justement, le considérer avec respect. Je me suis fait couvrir d’injures et de menaces... Aujourd’hui, des gens
comme Gide viennent manger les marrons que nous avons tirés du feu... Vous dites que je m’engage dans une impasse.
Pourquoi ? Parce que je veux, Français que je suis, comprendre et discuter...
» (
7
août
1932
).
Joint,
2
pièces : brouillon autographe d’une lettre d’Élie Faure à Georges Duhamel (s.l., probablement
1932
), sur des
questions politiques. – Lettre autographe signée de Georges Crès à Élie Faure (Paris, « mardi », probablement
1928
),
concernant un projet de préface d’Élie Faure pour un ouvrage de Georges Duhamel.




