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véritablement atteint une certaine notoriété qu’avec sa participation au Salon d’automne l’année précédente.
—Marseille, «
jeudi
» [
1919
] : «
...
Le printemps à Paris est plus beau que partout ailleurs,
quant à l’été que je connais
trop bien, il est parfois un peu terrible, j’ai senti bien souvent le bitume du pont des Arts coller après mes chaussures.
Soyez tranquille, je n’ai pas oublié le pont Royal, je l’ai peint plusieurs fois.
Descaves (l’officier de paix) doit en
posséder encore quelques exemplaires
[il s’agit du commissaire Eugène Descaves, frère du romancier et critique, qui
collectionnait les œuvres des peintres contemporains]
.
Je suis né en 1875 et Matisse en 1869.
Il fait un temps superbe
à Marseille, de mes fenêtres je vois des tas de gens se baigner...
Avez-vous vu l’exposition Matisse ?
On dit qu’elle a
beaucoup de succès. Et la triennale ?...
[Albert Marquet fait ici allusion à l’exposition
Œuvres récentes de Henri Matisse
tenue à la galerie Bernheim jeune du
2
au
16
mai
1919
, et
La triennale, exposition d’art français
, tenue à l’École des
Beaux-Arts du
5
mai au
30
juin
1919
]
»
« Avant de quitter Nice, j’ai vu Renoir plein d’ardeur...,
ce qu’il fait est de plus en plus beau... »
73. MARQUET
(Albert). 2 lettres autographes signées à Élie Faure. 1919.
300 / 400
Marquet admirait profondément Renoir,
et possédait de lui un
Paysage de Cagnes
, peint en
1915
.
Marseille,
20
mars
1919
: «
Me voici enfin arrivé à Marseille... Je suis actuellement à
[l’hôtel]
“La Réserve” (promenade
de la Corniche), il y a de ma chambre une vue magnifique ; si le courage peut arriver, le travail ne manquera pas...
Avant de quitter Nice, j’ai vu Renoir plein d’ardeur
et dans une bien meilleure santé que l’année dernière,
ce qu’il fait
est de plus en plus beau...
»
C’est en compagnie d’Henri Matisse et de Pierre Bonnard qu’Albert Marquet venait de
rendre visite à Auguste Renoir le
27
avril
1919
. — [Paris,
13
décembre
1919
] : «
C’est la déveine, la fatalité ou le Bon
Dieu ou je ne sais quoi qui suscite tous les obstacles possibles chaque fois que je dois aller voir
la collection Gangnat.
Je dois partir dans une huitaine. À mon retour, si vous voulez bien,
nous ferons encore une tentative pour voir ces
Renoirs,
peut-être que ma persévérance lassera le mauvais sort.
[L’ingénieur et industriel Maurice Gangnat,
1856
-
1924
, beau-frère de Paul Gallimard, réunit une des plus importantes collections d’art de son temps, et fut le plus grand
amateur d’œuvres de Renoir. Le catalogue de la vente aux enchères de sa collection, en
1925
, fut préfacé par Robert de
Flers et par Élie Faure.]
Le tableau que vous avez vu chez Blot représente la porte de St-Cloud et date de 1903 ou 4,
quant au Pont-Neuf, il a dû être fait deux ans plus tard
[œuvres d’Albert Marquet, probablement exposées à la galerie
Eugène Blot]
. Aurai-je le plaisir de voir cette exposition avant mon départ ? Quand venez-vous ? Mes bonnes
amitiés...
»
« Je rentre d’un magnifique voyage dans le Sud algérien... »
74. MARQUET
(Albert). 6 missives autographes signées, soit 5 lettres et une carte. 1913-1921 et s.d.
600 / 800
Marquet africain.
Artiste voyageur fasciné par la lumière de Méditerranée, Albert Marquet fit de fréquents séjours
en Afrique du Nord, notamment les hivers à partir de
1920
quand Élie Faure le lui conseilla pour raisons médicales. Il
vint ainsi deux fois au Maroc, en
1911
et
1913
, deux fois en Tunisie, en
1923
et
1926
, et surtout douze fois en Algérie,
en
1920
,
1921
,
1922
,
1924
,
1925
,
1927
,
1929
,
1932
,
1934
,
1937
,
1939
et de
1940
à
1945
.
Villa de France à Tanger,
16
août
1913
: « ...
Je suis déjà depuis quelque temps à Tanger et tout ce que je fais et tout
ce que je vois est assez loin de Dostoïevsky. Je crois quand même que le grand désir que j’ai de vous être agréable
me fera faire votre petit dessin,
je vous l’enverrai dans les premiers jours d’octobre...
» Un dessin d’Albert Marquet
servit de frontispice au chapitre consacré à Dostoïevski dans l’ouvrage d’Élie Faure
Les Constructeurs
, paru en
1914
.
— Tanger,
2
octobre
1913
:
«
Je reviens d’un voyage dans le sud du Maroc
et dans les péripéties assez mouvementées
de ce voyage il ne m’a pas été possible de songer au dessin que je vous avais promis. Je pars demain pour la France et
ne vois pas la possibilité de faire avant mon arrivée à Paris un dessin qui puisse être digne de votre livre...
» — Alger,
26
janvier
1920
:
«
Il fait un temps merveilleux à Alger. J’y vois de bien belles choses et je pense y travailler.
Amitiés...
» Sur une carte postale portant, au recto, une vue photographique du port d’Alger. — Alger, [
14
mai
1921
] :
«
Je rentre d’un magnifique voyage dans le Sud algérien
et trouve vos deux livres. Je suis ravi que vous ayez pensé à
moi et vous en remercie bien sincèrement. Ils vont charmer les longues heures du voyage, je m’embarque ces jours-ci
pour la France et, après un petit séjour à Marseille, j’irai voir le quai S
t
‑Michel. Si cela ne vous dérange pas trop,
je
pourrai vous y montrer les quelques petites choses que je rapporte de mon voyage...
»
— La Goulette [près de Tunis],
«
31 mars
» :
« ...
Je travaille en ce moment en Tunisie à La Goulette, un endroit très beau
et une population
abominable. Je serai à paris vers la fin mai et j’espère avoir le plaisir de vous voir et de vous montrer mes nouvelles
productions...
» — [Paris], s.d. : «
Rentré depuis peu de temps, j’espère avoir, pendant mon court séjour à Paris, le plaisir
de vous voir souvent.
J’expose chez Druet une quantité de toiles africaines
et je serai heureux si elles pouvaient vous
plaire...
»




