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« J’aime la vie furieusement

sans me soucier de la valeur morale des personnages qui la colorent... »

66. MAC ORLAN

(Pierre). 2 lettres autographes signées à Élie Faure. 1918-1919.

150 / 200

Brigneau (Finistère),

15

septembre

1918

: «

... Je ne me fais aucune illusion sur la portée de mes impressions littéraires ;

quand elles me permettent de recevoir une lettre telle que celle que vous m’avez écrite, je suis récompensé au-delà de

tous mes espoirs...

Je vous remercie de votre opinion sur

Le Chant de l’équipage

[roman publié par Mac Orlan en

1918

]

.

J’aime la vie furieusement sans me soucier de la valeur morale des personnages qui la colorent.

J’aurais voulu

développer à propos de votre beau livre, des thèmes qui me préoccupent...

» — [Paris],

29

février

1919

: «

... Je repars

pour l’Allemagne

[poursuivre une série de reportages pour le journal

L’Intransigeant

, qu’il réunirait en fin d’année

1919

dans un recueil intitulé

La Fin

]

. Je serai absent six semaines et dès mon retour je serai heureux de vous être

présenté. Vous allez recevoir dans qq. jours un livre dont j’aime particulièrement les 50 dernières pages

[probablement

Bob, bataillonnaire, roman d’aventures

]

.

Toujours cette sacrée inquiétude de l’aventure...

»

67. MAILLOL

(Aristide). 2 lettres autographes signées. 1904 et 1906.

800 / 1 000

– Marly-le-Roi (actuelles Yvelines),

25

novembre

1904

.

Sur le banquet Carrière

organisé par Élie Faure et qui se

tiendrait le

20

décembre

1904

sous la présidence de Rodin : «

Excusez le retard apporté à ma réponse – la cause en est

que je viens d’être subitement pris de rhumatismes, et cela m’empêchera de venir à Paris, surtout la nuit et avec ce

froid. Je suis très honoré de votre lettre – si vous pouvez m’inscrire sans que je sois obligé d’assister à la réunion et au

banquet, vous pouvez le faire et je serai très heureux de participer, si peu que ce soit, à ce banquet, mais je vois qu’il

me sera impossible de quitter la chambre avant huit jours et de venir à Paris...

»

– Banyuls-sur-Mer (Pyrénées-Orientales),

17

janvier

1906

. «

Je réponds bien tard à votre lettre, mais avant de vous

donner mon avis, qui était favorable, j’ai voulu causer avec

mes amis Roussel, Denis, Bonnard,

etc. – ils sont tous de

l’avis que cela n’est point nécessaire. Je viens aussi de voir

Valtat

, qui est aussi de cet avis.

Je reste donc seul pour vous

dire qu’une exposition des amis chez Durand-Ruel m’aurait convenu.

Recevez donc mes regrets et croyez-moi bien

vôtre...

»

« Il y a longtemps que les dévots de Puget-Théniers se plaignent... »

68. MAILLOL

(Aristide). 3 lettres autographes signées. 1921.

1 200 / 1 500

Sur sa statue

L’Action enchaînée

, hommage à Auguste Blanqui.

À l’initiative de Gustave Geffroy, auteur d’une

biographie de Blanqui,

L’Enfermé

(

1897

), et avec l’appui de Georges Clemenceau et d’Octave Mirbeau, ce bronze

monumental avait été commandé par la Ligue des droits de l’Homme pour être installé à Puget-Théniers, bourg natal

du révolutionnaire dans les Alpes-Maritimes (

1908

). La nudité de cette allégorie, placée près de l’église, choqua les

bien-pensants et amena les autorités à la déplacer.

– Banyuls-sur-Mer (Pyrénées-Orientales),

10

décembre

1921

.

«

Je reçois un télégramme de Matisse

me disant qu’il

vient d’apprendre qu’il y a des pourparlers entre un particulier de Monaco et la ville de Puget-Téniers pour vendre un

modèle de

la statue de Blanqui en bronze se trouvant à Puget-Théniers.

Matisse me dit qu’il vous a averti et me prie

de vous envoyer des renseignements pour que vous puissiez agir...

Voici quelques renseignements au sujet de ma

statue :

la statue a été fondue par

[Jean-Augustin]

Bingen et

[François]

Costenoble, dans le quartier de la rue d’Alésia

[à Paris]

... Cependant ce fondeur ne possède pas de modèle plâtre de ma statue, ce qui est indispensable pour fondre

un bronze... Aucune commande ne m’a été faite de cette statue par l’État ni par aucune municipalité.

Il va sans dire

que la ville de Puget-Téniers n’a aucun droit de vendre des modèles de ma statue.

D’autant plus que cette statue ne

m’a pas été payée – j’ai accepté de la faire pour le prix de la fonte. J’ajoute que le plâtre qui a servi à la fonte m’a été

acheté par l’État, par les soins de Gustave Geffroy

[écrivain et critique d’art]

. Dans le cas où ces pourparlers

existeraient, je vous serai bien reconnaissant d’employer votre autorité pour les arrêter...

»

– Banyuls-sur-Mer,

15

décembre

1921

. «

...

Je vous ai écrit à la prière de Matisse

– et je n’ai pas hésité à le faire, ayant

toute confiances aux motifs qui ont poussé Matisse à s’adresser à vous... Je réponds à votre questionnaire : 1° Les

intentions du maire de P.-T., je ne les connais pas encore. 2° Le bronze se trouve sur place publique. 3° 

Le bronze est

parvenu à P.T. par la suite naturellement de la commande que m’en avait fait le comité de P.-T. par l’intermédiaire

à Paris de G. Geffroy, Clemenceau et Mirbeau

.

4° Je ne sais lequel était le président. On m’a appelé chez Clemenceau,

où j’ai accepté de faire le monument pour 7 mille francs, mais je n’en ai touché que 3 mille qui ont servi à payer la

fonte. 5° Je ne vois pas d’inconvénient à la campagne de presse. Je la laisse à votre jugement...

»

– Banyuls-sur-Mer,

25

décembre

1921

. «

Je sais enfin la vérité sur notre affaire. J’ai une lettre du maire de Puget-

Théniers. Je vous l’envoie, cela m’obligera de vous l’expliquer – voici mon idée là-dessus. J’ai donné cette statue à

condition qu’elle serait placée à mon goût. Le comité m’a assuré qu’elle ne serait pas déplacée. La place est admirable.

je lutterai pour la conserver.

Le ministre des Beaux-Arts

[Léon Bérard]

n’a aucun droit à changer ma statue, pour

un buste, il me semble. La statue ne se trouve pas devant l’église, mais à côté où il n’y a pas de sortie.

C’est le mur

doré de cette église qui m’a séduit. Les journaux de Paris ont parlé, en se moquant plusieurs fois de cette affaire, car

il y a longtemps que les dévots de Puget-Théniers se plaignent.

On se demande pourquoi ? Bien entendu, c’est pure

question de politiquaille de village. Voyez vous-même si on peut encore en rire un peu dans ces journaux de Paris. Pour

moi, je vais répondre au maire et tâcher de le convaincre...

»