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296.
BAGNE
. L.A.S. d’Henri
J
ournet
, « Bagne de Brest » 16 octobre 1838, à M.
C
hampeaux
,
agent comptable de la
Chiourme de Brest ; 4 pages et demie in-4, adresse (dernier feuillet monté sur carte au scotch, transcription jointe).
300/400
Belle lettre du forçat Henri
J
ournet
, supplique écrite du bagne de Brest, demandant à son correspondant d’intercéder auprès
de M.
G
leizes
(Commissaire de Marine à Brest) pour qu’il diminue sa peine... Henri Journet est un forçat auquel Victor
H
ugo
apporta son soutien (Hugo intercèdera lui-même auprès de M. Gleizes en sa faveur), et avec lequel il entretint une correspondance,
jusqu’au décès de Journet en 1847. Journet était poète et lettré, et Hugo réussira à le faire entrer comme écrivain copiste dans les
bureaux de l’administration des hôpitaux maritimes à Brest vers 1839-1840 ; certains détails sur le Bagne rapportés par le forçat
l’aideront probablement pour
Les Misérables
. Le style de ce bagnard poète, « pauvre Journet » comme l’appelait Hugo, est d’un
lyrisme poignant et très touchant : « La nature humaine est ainsi faite que, quelque soit notre infortune, quelque soit notre misère,
l’espérance glisse toujours dans notre âme angoissée un de ses sublimes rayons, [...] c’est pour cela que je porte ma vue jusqu’à
vous, dont l’âme généreuse et grande s’ouvre aux ailes d’azur qui vous font pousser des soupirs et verser des larmes de bonheur !
Oh non ! non, au bagne l’on ne peut pas dormir. Je suis un grand coupable ! Oui Monsieur, mais prenez en pitié mon infortune
et mon repentir bien sincère ! Oh, je vous en supplie, au nom de l’humanité, prenez en pitié la jeunesse du pauvre poète ! Car
plus de jeunesse, plus de poésie ! [...] Depuis quinze ans que j’habite sous le ciel du bagne, j’ai vieilli de vingt ans ! Je n’ai encore
vu que 26 printemps, et je suis arrivé à la fin de ma vie de poète ; je n’ai plus de jeunesse, plus de passion, mon cœur est mort !
[...] Ne repoussez pas la prière qui vous est faite par un pauvre proscrit ! tendez lui votre main [....] dites un mot en sa faveur à
l’honorable M. Gleizes, dont la miséricorde a effacé la légère faute qu’il a commise il y a deux mois, et il aura la consolation de
voir diminuer sa peine »...
297.
Mikhaïl Bakounine
(1814-1876) théoricien de l’anarchisme et philosophe. L.A.S. « MB », Locarno 3 juillet 1871,
à un ami italien ; 3 pages in-8 ; en français.
500/700
«
B
eppe
vient de m’écrire qu’il a été excessivement satisfait de sa rencontre avec vous. [...] J’ai écrit à nos amis des Montagnes à
propos des souscriptions que vous voulez entreprendre. Ils ont reçu cette nouvelle avec reconnaissance et joie. Mettez-vous donc à
l’œuvre plus vite, car les malheureux réfugiés de France ont bien besoin de secours. [...] Beppe m’écrit que vous voulez m’envoyer
une adresse à laquelle je pourrai vous envoyer mon livre [
L’Empire knouto-germanique et la révolution sociale
] au nombre de 200
exemplaires, dont vous tacherez de vendre une partie et dont vous tiendrez le reste à la disposition de Beppe »... Il enverra dans le
même ballot des exemplaires des statuts généraux...
298.
Mikhaïl Bakounine
. 2 L.A.S. « M », Locarno 10 et 18 juillet 1871, à un ami italien ; 2 pages et demie et 1 page
in-4 ; en français.
1 000/1 500
A
u
sujet
de
son
journal
L
a
S
olidarité
et
des
secours
aux
C
ommunards
réfugiés
.
10 juillet
.
B
eppe
écrit qu’il reviendra dans peu de jours, et qu’il envoie son article. « Aussitôt que je l’aurai reçu, je le prierai
d’aller vous voir en passant par Milan et de faire tous ses efforts pour vous entretenir avec lui chez nous, vous et
B
izzoni
», qui
doit venir dans une quinzaine de jours à Locarno… Il espère que Stampa pourra les rejoindre : « Nous le désirons tous ardemment,
moi surtout. Nous aurions tant de choses à vous dire ». Sa chambre préférée l’attend chez Paolo
G
avirati
... Il a reçu le paquet de
livres ; la vente de la première livraison [
L’Empire knouto-germanique et la révolution sociale
] l’intéresse d’autant plus « que j’ai
destiné toute la somme que je pourrai réaliser au secours de nos amis les réfugiés de France. Ils en ont bien besoin. […] Et quelques
minimes que soient les résultats que vous pouvez obtenir par une souscrition à Milan, je vous engage beaucoup à l’ouvrir et à la
poursuivre avec la plus grande énergie. Que faire, nous ne sommes pas riches et c’est en réunissant de petites sommes que nous
parviendrons à faire quelque chose »... Les souscripteurs ne signeront pas de leur nom, mais par quelque chiffre ou lettre, que
La
Solidarité
publiera avec la somme versée. «
La Solidarité
qui s’est fortement ressentie de la crise générale va enfin reparaître, établie
sur des bases solides maintenant »...
18 juillet
. 50 exemplaires de la première livraison ont été envoyés d’Arona la veille. « La somme que nous réaliserons sera tout
entière employée au secours de nos amis les Français »...
299.
Mikhaïl Bakounine
. L.A.S. « MB », Locarno 18 août 1871, à un ami italien ; 3 pages in-8 ; en français.
700/800
À
propos
de
la
R
éponse
d
’
un
international
à
M
azzini
, traduite par Emilio Bellerio et publiée en supplément au numéro du
14 août du
Gazzettino Rosa
.
Aujourd’hui encore Bakounine n’a rien reçu : « Ni opuscules, ni
Gazzettino Rosa
. […] Quant à l’opuscule je l’ai bien vu annoncé
dans le
Gazzettino
que reçoit l’ami
B
ellerio
, mais les Bellerio ne l’ont pas reçu non plus »... Il prie d’en envoyer 150 exemplaires
à Beppe, et à lui-même 30. « Je vous ai envoyé hier par un ami encore 30 exemplaires de la 1
ère
livraison de mon livre – qui seront
probablement déposés dans le bureau de rédaction du
Gazzettino Rosa
. Envoyez-les je vous prie tous et de suite à Beppe. [...]
Envoyez-moi je vous prie le N° de l’
Unità Italiana
où se trouve reproduit le grand article de
M
azzini
dans lequel il fait mention
de moi. Et en général, tâchez de m’envoyer, autant qu’il vous sera possible, tous les articles des différents journaux qui feront
mention de la lutte que nous avons entonnée contre Mazzini. [...] à propos – avez-vous des rapports avec le
Proletariato Italiano
?
Envoyez-lui plusieurs exemplaires de mon article contre M
r
Mazzini. D’ici je lui enverrai un exemplaire de mon livre »...




