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Jacques CHARDONNE
.
M
anuscrit
autographe,
Propos nouveaux n° II
, [1968] ; cahier
d’écolier
Gallia
petit in-4 de 161 pages (plus ff. vierges), couv.
cartonnée.
C
ahier
de
la
fin
de
sa
vie
,
très
probablement
inédit
.
Chardonne a noté dans ce cahier, dans une écriture large et
tremblante, des anecdotes et souvenirs, des observations sur
la vieillesse, des réflexions sur la littérature. Les corrections
au fil de la plume abondent. Un grand nombre d’entrées sont
barrées, sans que l’on puisse savoir si Chardonne en a fait
usage ailleurs ; il arrive que l’auteur revienne plusieurs fois sur les
mêmes histoires ou formules, parfois avec quelques variantes
(le style de Paul Morand, une première rencontre d’André
Malraux, un souvenir de Barrès à la
Revue hebdomadaire
, des
phrases lapidaires sur les infirmités, la mort, etc.).
La date de 1968 est récurrente [Chardonne mourut le 29 mai
1968]. Le cahier s’ouvre sur des noms d’écrivains et critiques,
la plupart contemporains : Gabriel Marcel, Henri Clouard,
Robert Sabatier, Jean Mistler, André Bay, Antoine Blondin,
André Fraigneau, et de quelques disparus (Giraudoux,
Henri Bidou). « 90 ans, âge triste, et même terrible ; on est
devenu un inconnu pour soi-même »… « Vers l’an 1920
j’ai vu
M
alraux
trois minutes chez P.V. Stock. Son veston
avait bonne mine. Marcel Arland vêtu d’un uniforme de
soldat l’accompagnait, légèrement ébloui, je crois, par son
compagnon. Près d’un siècle a passé sans que j’aie désiré
revoir Malraux »… « Écrire, cette façon d’être ailleurs »… « Mes
écrits aujourd’hui ne sont pas convenables. Je rejette ce que
je ne puis supporter »… « Quelle responsabilité que d’écrire :
donner de l’espoir sans motif ; décourager sans raison »…
« La vieillesse est chez moi une forte vibration ; la pensée,
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