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vaudra mieux ne pas dépeindre trop en noir la famille de ton

fiancé, ne parle pas surtout de la fiancée. Tu sais comment est

Mémé ». Il conseille aussi de ne pas gaspiller l’argent : « Tu sais

bien que je serai toujours là pour t’aider, aussi longtemps que

je vivrai », mais ses fonds baissent…

30 août

. « Je t’écris sur la

Place Joffrin, en sortant de la mairie. […] Le mariage aura lieu

de 9

h

45 à 11

h

suivant ton jour »…

10 septembre

. « Mémé parle

très gentiment de toi et de Marcel ». Mais il s’inquiète de sa

santé : « Il faut que tu ailles voir un médecin »…

19 septembre

,

conseils à son « petit Marcel » pour aller chez le dentiste.

Céline « a besoin de calme pour couver l’enfant qu’elle va nous

donner. […] La prochaine fois je te dirai

tu

 »…

1

er

octobre

. Il

demande à qui envoyer le chèque pour l’appartement… « M

me

Florence

G

ould

m’a envoyé pour Céline un billet de 50.000

fr »… La mort de Roger

N

imier

l’a « atterré »…

8 octobre.

« J’ai

écrit au Colonel, ta mère a écrit à Marcel, pour le faire patienter.

[…] bientôt rien ne vous séparera »…

18 octobre

. Il ne faut pas

faire attention à ce qu’écrit Élise : « Si vous ne venez plus à

Rueil, c’est moi qui en souffrirai. […] vous êtes la joie de mes

vieux jours »…

23 octobre

. Il est très flatté que Marcel dise

que ceux qui ont à élever des enfants devraient lire

L’École

des filles 

: « Je crois en effet avoir fait avec Céline la même

expérience qu’auprès de mes petits élèves durant 37 ans »…

8 novembre

. Invitation à Célinette à le rejoindre chez Lipp, ou à

la librairie Gallimard : « Je te paierai tes taxis »…

11 novembre

.

Longue et affectueuse lettre à Marcel, après avoir déjeuné en

tête à tête avec la « maman chérie » de son gendre (sans le

dire à Mémé [Élise]) ; il parle avec plaisir du « nid » charmant du

couple, et de la « grande aventure » de sa pièce aux Mathurins

[

Léonora

]. « Zut, j’ai oublié de te dire

tu

. C’est une habitude

à prendre. […] dans mon cœur je ne sépare pas Marcel de

Céline »…

19 novembre

. Il aime la paix et espérait la ramener

entre Mémé et Marcel, mais peut-être que Marcel a raison :

« En ne voyant pas Mémé, vous mettrez fin à toute dispute »…

6 décembre

. « J’ai eu tous les courages hier soir, j’avais aussi

tous les honneurs, mais ce qui me comblait, c’est de savoir

que dans la poche de notre premier ministre [Pompidou] se

trouvait grâce à moi l’adresse de Marcel. Je crois qu’il ne va

pas tarder à sentir les effets de cette requête »…

[Octobre 1963]

. « Mémé est très souffrante. La mort de

C

octeau

l’a beaucoup affectée. […] Marcel et toi vous êtes

deux gosses ridicules. La prochaine fois que vous me faites

une scène pareille, je vous déculotte et je vous fesse en pleine

rue devant Marc »…

27 juillet 1964

. « Je t’adresse trois mille

francs pour finir ton mois. Économise maintenant un peu plus.

J’ai peur d’être gêné »…

11 août [1965]

. On trouve à Paris, à Montmartre, des chambres

et cuisine pour 15 000, 20 000 francs par mois ; leur hôtel

est « beaucoup trop cher »… Il indique l’Hôtel Lorette…

19

octobre

. À l’hôtel on lui a dit que Céline partait le matin et

rentrait le soir : « tu dois travailler »…

19 novembre

. À cause

des réclamations des créanciers de sa fille, « je vis un véritable

enfer. […] Jamais je n’avais eu pareil esclandre »… Il réglera

l’arriéré, mais ne reverra Céline que lorsqu’elle pourra lui

montrer ses quittances. « Avec vous deux, je n’ai eu que des

déconvenues, des ennuis, alors que j’ai tout fait pour toi. Bien

sûr, tu n’es pas la plus coupable »…

Lundi soir [fin 1965]

. « J’ai

été bien attristé par ce déjeuner. Pour le moment, il s’agit que

tu travailles, mais il me semble que Marcel a beaucoup de

loisirs. Pourquoi ne ferait-il pas un travail supplémentaire ?

[…] je ne pourrai pas continuer à vous entretenir »… Il leur

donne encore 15 jours, puis il arrêtera les frais. « Marcel est un

homme et non seulement il n’assure pas la vie de sa famille,

mais même pas sa propre vie. S’il n’arrive pas à assurer ta

vie, mieux vaudrait vous séparer »… – « Ne compte plus sur

moi. Une femme de ménage peut gagner 500 fr. de l’heure.

Travaille. C’est ce que je fais à 78 ans »… Etc.

10 janvier [1966]

, mise en garde à Marcel : « Maintenant la

coupe est pleine. Faites bien attention. Si vous frappez Céline

encore une fois et si vous la menacez et lui demandez de

l’argent, c’est moi qui vais prendre l’initiative du combat et vous

verrez comment cela finira pour vous. C’est bien entendu. Je

vous adresse un

ultimatum

. Vos promenades nocturnes, vos

menaces, vos chantages, vos voyages à mes frais ont assez

duré. Cela va changer ou vous allez changer »… Ronseaux a

noté en travers de la première page : « Je Ne Vous craint Pas ».

O

n

joint

une l.a.s. à Monique Lécuyer (sœur de Céline) où il est

question de Céline, 25 avril 1966.

1 200 / 1 500

255

Marcel JOUHANDEAU

.

M

anuscrit

autographe d’une

conférence

, [avril 1966] ; 85

pages in-8 sur papier quadrillé perforé dans un classeur à

anneaux bordeaux, pagination et qqs modifications au crayon

rouge,

C

onférence

en

I

talie

,

véritable

« 

examen

de

conscience

 »

de

l

écrivain

à

la

fin

de

sa

vie

.

« C’est une sorte d’examen de conscience que je voudrais

faire qui perd tout son sens justement, parce que je touche

à la fin de ma vie. Il n’est certes pas de sujet qui me soit

plus familier que moi-même. J’en ai commencé l’étude, en

ouvrant les yeux. Puis-je prétendre me connaître ? Toucherai-

je aujourd’hui à l’essentiel ? »… Il évoque quelques influences

de ses débuts d’écrivain (Apollinaire, Barrès, Jules Renard,

Charles-Louis Philippe), souligne son indépendance puisqu’il

ne vit pas de sa plume, cite un fragment de l’

Essai sur

moi-même

et parle de Guéret et Chaminadour (anecdote

amusante sur une offre de conciliation de Gide, p. 50). Il

évoque un projet de publier son œuvre dans la « Bibliothèque

de la Pléiade », le classement du « butin matériellement assez

considérable » (p. 53-56). Puis il parle de la foi (« inimaginable

[…] que les hommes puissent se passer de Dieu, la plus

belle relation à laquelle nous puissions prétendre et que nous

puissions entretenir », p. 58), du bonheur (« faire un pacte avec