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Bayonne
9 juin 1808
. « Vous connoissiés trop bien la situation de mon ame lors de la fatale journée qui a donné
mon nom à une autre que celle qui possedoit et mon cœur et toute mon affection, pour ne pas sentir combien mes
peines ont augmenté à la mort de M
r
Visconty – j’ai manqué de 2 mois, d’être le plus heureux des hommes – le Bonheur
parfait. Soumis à la fatalité du sort je vivrai de regrets occupé de rendre heureuse une femme que je respecte, une autre
que je respecte que j’aime et que j’aimerai jusqu’aux derniers instans de ma vie. J’ai eû de bonnes intentions en faisant
le malheur de 3 »… Il ajoute : « Le roy de Naples, roy d’Espagne dans le moment arrive, les espagnols sont enchantés,
tout ira bien, et la mort du roy d’Angleterre ne pourroit arriver plus à propos ».
Bayonne 26 juin 1808
. Le prince de
Bénévent a bien jugé la peine de Berthier et senti qu’en tous ces événements, il lui reste « une espèce de jouissance :
celle d’avoir fait ce que l’Empereur désiroit. À mon age n’est-il pas assés indifferent dêtre un peu plus ou un peu moins
heureux ! Que l’Emp. traite avec bonté mon amie celle qui possède tous mes sentimens excepté mon nom […] La
princesse se conduit bien elle désire me rendre la vie agréable – elle fera sa position et la mienne – et avec la volonté que
nous avons l’un et l’autre de nous rendre heureux, peut être y parviendrons-nous »… Les affaires vont bien : « l’Emp.
ne s’est jamais mieux porté, l’impératrice de même elle engraisse, les 3 dames sont aussi aimables que belles et bonnes
et la vie icy est selon moi assés agréable »…
113.
Charles-Maurice de TALLEYRAND
. L.S. « Ch. Mau. Talleyrand prince de Benevent », Paris 28 juillet
1806, à Yves-Louis-Joseph
Hirsinger
, ministre plénipotentiaire près S.A.I. l’électeur de Würtzbourg ;
3 pages et demie in-fol.
500/600
Sur le traité de la Confédération du Rhin
.
Instructions à Hirsinger, nommé ministre plénipotentiaire à Würzburg, après la signature du traité de la
Confédération du Rhin le 12 juillet. « Vous ferez sentir que la dissolution successive et accélérée de l’ancienne
constitution germanique rendait indispensable une réorganisation nouvelle ; qu’entre les partis qui se présentaient
l’Empereur a choisi celui qui ne donnait point à la Maison d’Autriche de successeur au trône impérial d’Allemagne »…
Remarques sur la dislocation de l’ancienne fédération germanique, et sur la non-exécution de la stipulation du recès de
1803 relatif à l’organisation du Collège des Princes ; les États de la Confédération feront une déclaration à la Diète de
Ratisbonne, le 1
er
août. « Vous devrez donc proposer à l’Electeur d’entrer dans la Confédération. Vous vous attacherez
à lui faire sentir les avantages qui en résulteraient pour lui. La plénitude des droits de souveraineté lui serait assurée
dans ses Etats »…
On joint
une P.S. par le maréchal
Berthier
, ampliation du traité entre l’Empereur et « Son Altesse Royale
l’Archiduc Prince Souverain de Würzbourg », touchant l’accession de Würzburg à la Confédération du Rhin,
25 septembre 1806.
Ancienne collection
V
illenave
(avec note autographe sur les documents).
114.
Louis SUCHET
(1770-1826) maréchal, duc d’Albufera. L.A.S. « L.G. Suchet », Q.G. à Dunkelsbülh (pays
d’Anspach) 4 juillet 1806, à
Talleyrand
, S.A.S. le Prince de Bénévent, ministre des Relations extérieures ;
2 pages in-4.
500/600
Félicitations au nouveau prince de Bénévent
. « Quoique toujours retenu dans le fond de l’Allemagne, nous
n’en avons pas moins les yeux fixés sur la France et sur Paris ; nous n’en prenons pas une part moins vive à tous les
événements, qui font eclater la puissance de notre Empereur, et la gloire de notre patrie. Votre élévation au rang
de prince de Bénévent a réjoui tous les militaires, et particulierement ceux qui comme moi ont l’honneur de vous
connaître. L’armée ne saurait etre étrangère à votre destinée. Une liaison nécessaire existe entre les vainqueurs et les
pacificateurs ; nous préparons vos succès, vous réalisez les notres, et vous savez aussi remporter des victoires qui
laissent de longs souvenirs. Après vous avoir vû parmi nous, dans les mûrs de Brünn, et jusques sur le champ de
bataille d’Austerlitz, il m’appartient plus qu’à tout autre de vous exprimer le plaisir que je ressens de tout ce qui vous
arrive d’heureux »…
115.
Charles-Maurice de TALLEYRAND
. L.S. « Ch. Mau. Talleyrand prince de Benevent », Paris 10 août
1807, à S.E. François de
Beauharnais
; 1 page in-fol.
300/400
AulendemaindesondépartduministèredesRelationsextérieures,àl’ambassadeurdeFranceenEspagne
(et oncle par alliance de l’Impératrice).
Sa Majesté l’Empereur et Roi a nommé M. de
Champagny
ministre des Relations extérieures, « et a daigné me
nommer moi-même Vice Grand Electeur. En obtenant de l’Empereur un nouvel & grand témoignage de sa bonté je
perds un avantage qui étoit pour moi
du plus grand prix
, celui d’être le temoin de votre devouement à sa personne & de
votre
zele constant
pour son service. Mais Sa Majesté connoît tous vos titres à sa bienveillance ; & M
r
de Champagny
sera également empressés de vous seconder dans tout le cours de votre mission et de faire valoir tous les services que
vous avez rendus »…




