- le destinataire devait répondre simplement par OUI ou par NON à chaque question (colonnes 4 à 7) et remettre
la carte au bureau de poste de sa localité.
Toutes les cartes étaient centralisées à Tours, puis à Bordeaux à partir du 11 décembre, où elles étaient
retranscrites sur feuille de papier puis microphotographiées. Les micro-pellicules étaient alors roulées dans une
plume creuse attachée à la plume maîtresse d'un pigeon voyageur venu de Paris par Ballon.
Le pigeon était alors amené près des lignes ennemies puis lâché. Il devait retourner à son pigeonnier à Paris.
Il restait alors à agrandir les images avec un projecteur, puis à recopier les messages et à les transmettre au
destinataire.
Une pellicule contenait 3.000 dépêches et 18 pellicules pouvaient être logées dans la plume. Un pigeon voyageur
arrivait à transmettre jusqu'à 50.000 dépêches !
Sur 363 pigeons partis de Paris par ballons et renvoyés, seuls 57 arrivèrent à destination. Beaucoup périrent de
froid ou de fatigue, ou bien furent tués par les Prussiens.
LES BOULES DE MOULINS
Les ballons montés donnaient bien satisfaction pour sortir le courrier de Paris mais comment le faire entrer ?
Après plusieurs tentatives infructueuses de diverses solutions (troncs flottants creusés, chiens, scaphandriers, etc.),
une donna satisfaction : les Boules de Moulins.
Des cylindres de zinc étanche, renfermant 400 à 600 lettres, munis d'ailettes et de couvercles lui donnant une
forme sphérique, étaient immergés dans la Seine, entre Bray-sur-Seine et Montereau en zone libre. Puis, après
avoir roulé sur le fond du fleuve entrainés par le courant, ces boules devaient êtes repêchées à l'aide d'un filet dans
Paris.
Bien que l'essai réalisé les 1er et 2 décembre 1870 entre Choisy-le-Roi et Port-à-l'Anglais fut concluant, sur les 55
boules immergées à partir du 4 janvier 1871, aucune n'arriva pendant le Siège.
Il faut dire que l'hiver 1870-71 fut terrible. La Seine charriait des blocs de glace !
Les lettres étaient centralisées à Moulins (Allier) pour être insérées dans les boules de zinc qui, une fois remplies,
étaient soudées, puis immergées dans la Seine. C'est la raison pour laquelle l'adresse est libellée "Paris par Moulins
(Allier)".
L'affranchissement était de 1F, dont 20c pour la Poste et 80c pour les inventeurs du procédé.
33 repêchages connus ont eu lieu : le premier le 6 mars 1871 aux Andelys (Eure), le dernier le 14 avril 1982 à
Vatteville-la-Rue (Seine Maritime).
268
[Guerre 1870/1871 – Siège de Paris – Philatélie]
Boule de Moulins/sac de riz.
Enveloppe sans texte affranchie 20c. et 80c. émission de Bordeaux, Càd départ Saint Brieuc 30 janv.
1871, Càd d’arrivée Paris 12 fév. 1871.
Au lendemain de l’armistice de Paris (27 janvier 1871), un nombre important de lettres restèrent en souffrance à Moulins.
Beaucoup de ces lettres furent alors remontées vers Paris. Les Prussiens ayant exigé que les correspondances soient remises
ouvertes et non cachetées. Quelques-unes furent alors introduites clandestinement dans la capitale, glissées dans des sacs de riz
destinés au ravitaillement des parisiens. Ces lettres sont caractérisées par un cachet d’arrivée du 12 février 1871.
50-100
269
[Guerre 1870/1871 – Siège de Paris – Philatélie]
Boule de Moulins.
Lettre avec texte, obl. GC 4078/ affranchie 2 x 40c. Empire Lauré (manque timbre), Càd départ
Valenciennes 30 déc. 1870, Càd d’arrivée Paris ? (peu lisible), adressée rue Sévigné à Paris par Moulins
(Allier), longue et touchante lettre d’une fille à sa mère : «
Oh bien chère mère le journal m’apprend aujourd’hui
que la poste se charge des lettres à destination de Paris ; Paris ! Point vers lequel se concentrent toutes mes pensées comme
patriote et comme amie ! Depuis la fin d’octobre où nous avons reçu votre chère lettre, nous sommes privées de vos nouvelles ;
cependant je sens que vous nous avez écrit plusieurs fois et n’accuse que la mauvaise chance ; bien sûr que vos missives se
trouvaient dans les ballons capturés par l’ennemi…
»
50-100
270
[Guerre 1870/1871 – Siège de Paris – Philatélie]
3 boules de Moulins, tentatives d’entrée.
Lettre avec texte
obl. GC 1769/ affranchie 2 x 40c. et 20c. Empire Lauré, Càd 2 janv. 1871 Le Havre,
sans Càd d’arrivée, à destination d’un garde mobile de l’armée de Paris (par Moulins, Allier) : «
Le Hâvre 2
janvier 1871, mon neveu, chargé de la part de ton père de chercher à te faire passer de ses nouvelles, aujourd’hui on indique
un moyen que je vois dans le journal et de suite j’en profite pour te faire passer ma lettre et avoir de tes nouvelles…
»
[Cette lettre fait partie des 2 à 300 autres correspondances qui furent immergées dans une boule d’acier
en aval de Montereau vers le 10 janvier 1871, devant descendre jusqu’à Paris afin d’être repêchée par des
filets barrant le fleuve. Cependant, la tentative d’acheminer le courrier dans Paris assiégé échoua. La




