avec cette foule joyeuse et pacifique. Louise Michel fait alors partie de l’aile révolutionnaire la plus radicale aux côtés des
anarchistes, et pense qu’il faut poursuivre l’offensive sur Versailles pour dissoudre le gouvernement d’Adolphe Thiers qui n’a alors
que peu de troupes. Elle est même volontaire pour se rendre seule à Versailles et tuer Thiers. Elle n’est pas suivie et le projet
avorte.
À quarante ans, membre du Comité de vigilance de Montmartre, Louise Michel est très active lors de la Commune de Paris.
Propagandiste, garde au 61e bataillon de Montmartre, ambulancière, et combattante, elle anime aussi le Club de la Révolution à
l'église Saint-Bernard de la Chapelle. Les 17 et 18 mars, elle participe activement à l'affaire des canons de la garde nationale sur la
butte Montmartre. En avril-mai, lors des assauts versaillais contre la Commune, elle participe aux batailles de Clamart, Issy-les-
Moulineaux, Neuilly. Sur la barricade de Clignancourt, en mai, elle participe au combat de rue dans lequel elle tire ses derniers
coups de feu ; elle se rend pour faire libérer sa mère, arrêtée à sa place. Louise Michel a été détenue au camp de Satory près de
Versailles. Elle assiste alors aux exécutions et voit mourir ses amis, parmi lesquels son ami Théophile Ferré (exécuté avec l’ancien
ministre de la Guerre de la Commune, Louis Rossel). Entre 1871 et 1873, elle passe vingt mois en détention à l'abbaye d'Auberive
(transformée en prison) et se voit condamnée à la déportation. C’est le temps où la presse versaillaise la nomme « la Louve avide
de sang » ou « la Bonne Louise ».
Julia Béatrix Euvrie, originaire de la Manche monte à Paris pour y épouser un imprimeur nommé Excoffon. C'est sous ce nom de
Béatrix Excoffon que les récits de la Commune nous la font connaître. Elle est l’une des femmes les plus énergiques de cette
époque troublée. Responsable d’une ambulance mobile, elle n’hésite pas à traverser les lignes versaillaises pour porter secours aux
combattants du fort d’Issy. Lors de la semaine sanglante, elle est sur les barricades pour soigner les blessés. Finalement capturée,
elle est incarcérée à Satory avec d’autres femmes, dont Louise Michel, qui va la prendre sous sa protection et restera son amie,
malgré des relations orageuses. Condamnée à la déportation, elle voit finalement sa peine commuée à dix ans de détention. Libérée
en 1878, elle continue à militer pour ses idées, aux côtés notamment de la Vierge rouge, qu’elle accompagnera à sa dernière
demeure en janvier 1905.
1000-1500
276
[Guerre 1870/1871 – Commune de Paris – Personnalités – Communards]
Lot de 25 documents,
1871-1905
L.A.S.
de Louise Mathilde de
MONTESQUIOU-FEZENSAC
(1811-1883), comtesse de Flavigny,
épouse de Maurice Charles comte de FLAVIGNY, un des fondateurs et président de la SSBM, Paris, 2
juillet 1871, en-tête «
Société de secours aux blessés…
» : «
D’après les renseignements qui m’ont été fournis, je crois, en
vérité que ces deux jeunes gens ont été très injustement arrêtés et j’ose demander que leur cause soit examinée avec une
sérieuse et bienveillante attention.
». –
L.A.S.
de François
JOURDE
(1843-1893), comptable et communard,
Versailles [Prison de Saint Pierre], 27 juillet 1871, adressée à sa mère, 1 page ½ in-8 avec enveloppe
oblitérée :
« (…) J’ai pour supporter ma détention, le sentiment intime de m’être conduit en honnête homme, dans les
délicates et pénibles fonctions, qu’un dévouement profond pour tus les intérêts m’a fait accepter dans des circonstances
difficiles et douloureuses. C’est donc dans la conscience de l’abnégation et du désintéressement que je n’ai cessé d’apporter
dans l’accomplissement de ma lourde tâche, que je puise la patience et le courage si nécessaire dans ma captivité…
» [Lors
des élections du 26 mars il est élu au Conseil de la Commune pour le V
e
arrondissement. Nommé
Délégué
aux finances
, sa pondération de bon gestionnaire et son respect scrupuleux de la Banque de France lui
attirent la rancune de nombreux communards, mais il arrive à payer la solde des Gardes nationaux,
faisant ainsi vivre près de 500 000 parisiens. Les tribunaux versaillais lui en montreront peu de gratitude,
puisqu'il est arrêté le 30 mai, condamné, en septembre 1871, à la déportation simple en Nouvelle-
Calédonie à l'île des Pins. Il est transporté à bord de la
«Guerrière»
qui atteint l'île des Pins en novembre
1872. Bien vite ses compétences de gestionnaire sont utilisées dans la colonie, il est autorisé à rejoindre
Nouméa en octobre 1873 où il trouve un emploi de comptable. Il fonde avec Juliette Lopez (compagne
du docteur Rastoul)
l'Union
, une société de secours mutuel et d'assistance aux déportés dans le besoin. Il
s'évade en mars 1874 avec d’autres camarades. Installé en Angleterre, il participe à une souscription
destinée aux victimes de la répression versaillaise. Il s'installe à Strasbourg (alors en Allemagne), puis à
Genève, Bruxelles et Londres de nouveau. Revenu en France après l'amnistie de 1880, il se montre
particulièrement actif dans la solidarité avec les Communards amnistiés.] –
L.A.S.
de Pierre Ulysse
PARENT
(1828-1880), dessinateur en objets d’art et communard, Versailles [prison de Saint Pierre], 27
juillet 1871, adressée à son épouse, 2 pages in-8, sur le ton de l’ironie : «
(…) Je n’ai pas reçu encore
aujourd’hui jeudi d’assignation, cela me fait craindre que les débats ne commenceront pas lundi, puisque suivant la loi il
faut trois jours francs entre la remise de l’assignation et l’ouverture du procès. C’est pour moi une prolongation de détention
et je n’en suis pas fort aise. J’ai vu le médecin de la prison qui pour ma diarrhée, qui du reste me fait moins souffrir m’a
recommandé de prendre des potages et de m’abstenir de fruits crus. (…) Je n’ai pu obtenir le vain que je sollicitais et qui
serait contraire à mon indisposition ; aussi ne pouvant noyer l’ennemi, je me dépouille comme je peux ; le gros de l’armée a
du reste battu en retraite. Je n’ai plus à faire qu’à quelques francs-tireurs isolés que je vais pincer derrière leurs dernières
embuscades ; mais j’ai eu à dompter à mon tour une formidable insurrection. Je suis en train de préparer une note pour mon
avocat ; cela m’occupe et me fait presque rire, car je cherche vainement à pallier ou à expliquer quelques faits qui me seraient
contraires, je ne trouve que du bien à dire de moi. Cela m’effraye un peu car j’ai vu à Satory plus de 500 détenus qui tous




