protéger Paris des Prussiens et ouvrir une nouvelle ère politique et sociale. Ils refusent de se laisser désarmer. C’est
donc l’épreuve de force entre les royalistes, grands bourgeois et conservateurs provinciaux, tous favorables à une
paix rapide avec l’Allemagne, retirés à Versailles et la population parisienne.
Le déclenchement : le 17 mars 1871, Thiers envoie la troupe au cours de la nuit s’emparer des canons de la butte
Montmartre. Ce même jour, il prend soin de faire arrêter Auguste Blanqui surnommé l’Enfermé qui se reposait
chez un médecin dans le Lot. De là, il le fait transférer en Bretagne.
Le 18 mars, le peuple parisien s’oppose à la troupe venue chercher les canons, puis, rapidement, celle-ci fraternise
avec lui. Partout dans Paris la population s’en prend aux représentants supposés du gouvernement, élève des
barricades et fraternise avec la troupe. Deux généraux, Lecomte et Thomas qui avaient donné ordre de tirer sur la
foule, sont fusillés rue des Rosiers. C’est le début de l’insurrection. Thiers gagne Versailles suivi par 100 000
parisiens.
Les élections sont organisées le 26 mars pour désigner les 92 membres du Conseil de la Commune. Les
représentants de la classe populaire dominent le nouveau conseil. Toutes les tendances politiques républicaines et
socialistes sont représentées. Jacobins admirateurs de la révolution de 1789 et centralisateurs (Charles Delescluze,
Félix Pyat, Charles Ferdinand Gambon, Pascal Grousset), radicaux partisans de l’autonomie municipale et d’une
république démocratique et sociale (Arthur Arnould, Charles Amouroux, Victor Clément, Jules Bergeret),
blanquistes adeptes de l’insurrection avant-gardistes (Jean Baptiste Chardon, Emile Eudes, Théophile Ferré, Raoul
Rigault, Gabriel Ranvier), indépendants (Jules Vallès, Gustave Courbet).
La Commune va administrer Paris jusqu’au 20 mai.
Les « Versaillais » pénètrent dans Paris le 21 mai, grâce à la trahison de Ducatel, par la porte de Saint Cloud. Les
derniers combats se dérouleront au cimetière du Père Lachaise le 28 mai. La Commune est vaincue durant cette
semaine dite sanglante. On évoque de nombreuses exécutions sommaires de la part des troupes versaillaises, de
10 000 à 25 000 exécutions sommaires, viols, meurtres d’ouvriers communards. En contrepartie les Communards
détruisirent une partie de Paris en incendiant volontairement plusieurs monuments publics historiques : Palais des
Tuileries, Palais de Justice, Palais de la Légion d’Honneur, l’Hôtel de Ville.
La répression contre les communards fut féroce : près de 10 000 condamnations à mort, 4 000 déportations au
bagne de Nouvelle Calédonie, etc. Les lois d’amnistie totale d’interviendront qu’en juillet 1880.
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[Guerre 1870/1871 – Commune de Paris]
Louise
MICHEL
(1830-1905), dite la vierge rouge de la
Commune, l’une des grandes figures communardes, institutrice et militante anarchiste, 2 pièces.
L.A.S.,
3 pages in-4, [écrite du camp de prisonniers de Satory], adressée à «
Monsieur le capitaine chargé des
papiers des détenus
», écrite au crayon graphite. Belle lettre de militante, de soutien aux « ambulancières » de
Montmartre et à son amie Julia Béatrix Euvrie : «
Dans le cas où Béatrix Euvrie arrêtée le 26 juin à Montmartre
(après avoir été une première fois reconnue innocente et mise en liberté) présentement au dépôt de la préfecture cellule 3 ; mais
qu’on va sans doute envoyer ici. Serait accusée de s’être occupée d’ambulances. Je certifie à la justice militaire pour elle et
pour d’autres ambulancières du 18
e
arrondissement que c’est moi qui depuis le 4 septembre jusqu’au jour de l’entrée de
l’armée de Versailles les ai engagées à s’occuper d’ambulances, d’asiles de travail, 1/ cherchant à établir des ambulances
volantes peu coûteuses mais donnant aux blessés les soins qui les sauvent souvent. Ces dames ne se sont occupées que
d’envoyer linge ou médicament. 2/ établissant à peu de frais des asiles où les petits enfants étaient nourris et habillés 3/
établissant entre les travailleurs et ceux qui ont besoin de faire travailler des rapports directs qui suppriment les
entrepreneurs. Je certifie de plus que Béatrix Euvrie n’a jamais suivi les bataillons fédérés et ne s’occupait que du linge des
ambulances ou autres choses de ce genre, comme une foule d’autres dames. Enfin elle avait été une première fois reconnue
innocente et mise en liberté, Mme Jules Simon s’intéresse à elle, c’est en venant de la remercier qu’elle a été arrêtée de
nouveau sur une dénonciation. Je déclare donc que les accusations portées contre plusieurs femmes de Montmartre comme
ambulancières doivent plutôt être imputées à moi qui ai tout commencé. Il m’en arrivera ce qu’on voudra mais chaque fois
que j’ai crié en avant j’ai passé la première et je revendiquerai aussi bien la part d’accusation qui m’appartient, que je
prenais la place d’un mort quand je disais certaines positions tenables. Faites de moi tout ce que vous voudrez, mais ne me
confondez pas avec ceux qui pérorent et n’agissent pas. Je vous le répète celle qui comme moi ont agi vous le diront…
». –
L.A.S.,
Paris, 55 boulevard Barbès, 8 décembre 1895, adressée à Ernest ROCHE (1850-1917), ouvrier
graveur, blanquiste et socialiste, secrétaire de la chambre syndicale des mécaniciens, 1 page in-8 avec
enveloppe : «
Mon cher Roche, Camelot du syndicat des cochers a écrit au citoyen Jaurès il y a bientôt quinze jours il lui
demandait s’il croyait possible aux amis socialistes de se réunir pour lui avancer un cautionnement…
» [De retour de
son exil de Londres depuis le 13 novembre 1895].
En septembre 1870, après la chute du Second Empire, Louise Michel participe au Comité de vigilance des citoyennes du 18e
arrondissement de Paris dont elle est élue présidente ; elle y rencontre Théophile Ferré frère de Marie Ferré, dont elle tombe
passionnément amoureuse. Dans Paris affamé, elle crée une cantine pour ses élèves. Elle rencontre Georges Clemenceau, maire de
Montmartre. On assiste alors à d’étonnantes manifestations : femmes, enfants, gardes fédérés entourent les soldats qui fraternisent




