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PROUST (Marcel). 1871-1922. Ecrivain.
L.A.S. à Gabriel Mourey. S.l., mercredi soir
(après le 15 juin 1905).
4 pp. bi-feuillet
in-12 liseré de noir.
A propos de sa traduction de
Ruskin
et
évoquant son amour des fleurs.
Proust le
remercie de lui avoir renvoyer son manuscrit.
(…) J’ai corrigé immédiatement les épreuves
qui étaient absurdes (…). Je n’ai pas confondu
votre écriture et la mienne (malheureusement
pour moi, il n’y avait pas de confusion possible!);
Vous avez rétabli un n° de paragraphe que j’avais
oublié. Vous corrigez donc cela sur le texte
anglais. C’est merveilleux ! Cette manière de
conduire nos pauvres petits instruments, à livre
ouvert, sur la partition d’orchestre, m’émerveille
(…).
Il n’a pas de recommandation spéciale et
apporte quelques précisions sur l’orthographe
voulu de quelques mots.
(…). Je ne peux me
défendre d’un moment d’envie en pensant à votre
«verger » que sans doute le printemps rosit et
japonise de ces fleurs que j’ai tant aimées et que
je ne peux plus approcher depuis qu’elles me
donnent de terribles accès d’asthme, punition
de les avoir trop aimées qui prend dans mon cas
quelque chose plus encore de mythologique que
de pathologique et d’où j’extrairais, il me semble,
facilement la légende d’un Némésis (…).
Etc.
3 000 / 4 000 €
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PROUST (Marcel). 1871-1922. Ecrivain.
3 L.A.S. à Paul Souday. (1906 et 1922).
3 et 1 p. in-8 sur papier de deuil et 4 pp.
in-8.
Correspondance au célèbre critique litté-
raire Paul Souday (1869-1929), auteur d’une
biographie de Proust.
–
45, rue de Courcelles mardi [3 juillet 1906].
A
vant que ma santé fut tout à fait ruinée et
quand je sortais encore quelquefois, je me
souviens de vous avoir aperçu, chez Weber,
avec un des écrivains pour qui j’ai la plus pro-
fonde admiration, à qui je dois aussi, depuis
longtemps déjà la plus grande reconnaissance
: M. Charles MAURRAS. Peut-
être puisque
vous êtes lié avec lui, savez-vous, ou pourriez-
vous savoir qui signe Jacques BAINVILLE à la
Gazette France. Il a en e et paru sous cette
signature une chronique sur ma traduction que
je viens de faire de RUSKIN
(…). Cette chro-
nique est assez peu aimable. Mais cependant
le fait même qu’une chronique m’ait été consa-
crée doit être un e et de l’amabilité de M. Maur-
ras et je voudrais le remercier (…).
[La chro-
nique de Jacques Bainville, le 2 juillet 1906,
était en partie consacrée à la traduction par
Proust Sésame et les Lys de John RUSKIN.]
–
[Juillet 1906].
Merci mille fois cher Monsieur
de vos aimables renseignements. Et surtout
ne prenez pas la peine de me récrire pour
Sesame ! (…).
–
[7 avril 1922], avant la parution de Sodome
et Gomorrhe II.
J’ai beaucoup d’excuses
à vous faire pour le dîner sans dames de
l’autre soir. J’avais compris que vous n’étiez
pas libre ; et j’ai su le contraire trop tard. Une
autre excuse est causée par ceci. Le mauvais
hasard a fait jusqu’ici que les rares fois où je
pouvais dîner avec vous, vous aviez fait quinze
jours avant un article sur moi de sorte que cela
avait l’air d’un remerciement bien stupide (…)
Quand je vous ai vu avant hier je n’avais pas
corrigé une seule épreuve et à vrai dire je ne
sais même pas s›il en a été fait du tout, car me
sachant hors d›état de me livrer à ce travail, je
crois que c’est sur le manuscrit même (qu’on)
a établi le bon à tirer. Toujours est-il que là où je
mets un an, ils ont mis trois semaines, et sans
doute par crainte de tomber au milieu des évé-
nements politiques
[la conférence de Gênes
va commencer le 10 avril],
ils m’écrivent que
mon livre paraîtra dès la semaine prochaine.
De sorte que ce n’est pas seulement les livres
(libelli) qui ont sua fata, mais moi «Marcellus
eris» (que je n’ai pas été n’ayant pas rompu
l’âpre destin) et que d’une façon ou de la
contraire mes invitations ont l’air tantôt de
remercier mon critique, tantôt de le ménager.
Je ne suis pas si homme de lettres que cela
quoique très fier de l’être. Et j’aimerais que nos
rapports soient (…) des rapports d’homme à
homme avec d’aimables dames, sub rosa, et
en devisant de Belles Lettres, les soirs où je
ne suis pas comme avant-hier demi aphasique
(…).
Correspondance, t. VI (p. 141), et t. XXI (p.
112, texte inexact)
5 000 / 6 000 €
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