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LETTRES PROVENANT DES PAPIERS DU MARÉCHAL LANNES
« Je suis souvant fâché d’avoir versé mon sang
pour la gloire de l’
[empereur]
... »
295. LANNES
(Jean). Lettre autographe signée à sa seconde épouse Louise Guéhenneuc. Marienburg [actuellement
Malbork en Pologne], 25 mai 1807. 2 pp. in-4, adresse au dos avec marque postale « n° 48. Grande Armée ».
2 000 / 2 500
Extraordinaire lettre sur ses relations avec Napoléon I
er
, sur la campagne de Pologne,
sur la mort du fils de
Louis Bonaparte et d’Hortense de Beauharnais. Blessé à la bataille de Pultusk qu’il avait remportée en décembre
1806
,
le maréchal Lannes avait dû rentrer en France se reposer. De retour en Pologne en mai
1807
, il assista à la prise de
Dantzig le
20
du mois, assisterait à la bataille de Heilsberg le
10
juin, et commanderait le centre à la bataille de Friedland
le
14
juin.
«
Je suis bien fâché contre toi, ma vilaine amie, il a falu que je reçoive une lettre qui détruise toutes les excuses que tu
me dis pour que je te le pardonne ; de quoi diable viens-tu me parler de contaisse, et-ce que toutes les contaisses du
monde peuvent me faire oublier un seul instant ma Louise que j’adore ? Oui, ma chère Louise, je t’aime trop pour
penser à d’autres que toi, ainsi sois bien tranquile, et demande moi pardon dans toutes tes lettres ; que je suis content,
ma bonne Louise, que ton ami aille bien
[le futur comte et sénateur François-Scholastique Guéhenneuc, père de
Louise]
. Dis-lui combien j’usse été affecté si je n’eusse appris en même tems que sa maladie son rétablissement.
Je suis revenu depuis hier de devant Dantzit ; cette place a capitulé ;
il est possible que cela nous donne la paix. Pour
moi, ma chère amie, je n’ose pas y croire, tant je la désire.
On dit que l’empereur a été très affecté de la mort du petit Napoléon.
Je suis bien impatient, ma chère Louise, de ne pas voir la fin de tout ceci. Je suis dégoûté à tel point que j’aborre mon
état ; on m’en a tant fait que je ne répons pas de ne pas partir ; je te jure, ma chère Louise, que
je suis souvant fâché
d’avoir versé mon sang pour la gloire de l’
[empereur]
.
J’ai toujours été victime de mon attachement pour lui, il n’aime que par boutades, c’est-à-dire quand il a besoin de
vous.
Je suis triste, je voudrais être près de toi et de mes enfans. Adieu, ma bonne amie, écris-moi souvant, embrase pour
moi ton ami, et toute la famille...
»
« La bataille de Tudela est la plus belle que nous ayons jamais eu... »
296. LANNES
(Jean). Lettre autographe signée à son épouse Louise Guéhenneuc. Tudela, 25 novembre 1808. 2 pp. in-4,
adresse au dos avec marque postale « n°13 armée française en Espagne » ; petites déchirures due à l’ouverture sans
atteinte au texte sur le feuillet d’adresse.
1 500 / 2 000
Lettre triomphante sur sa victoire de Tudela.
Lors de la campagne menée personnellement par l’empereur en
Espagne pour redresser une situation mettant le trône de son frère Joseph en péril, Lannes fut chargé des opérations
contre le général espagnol Francisco Javier Castaños – le vainqueur de Bailén –, et remporta la victoire décisive de
Tudela le
23
novembre
1808
.
«
Je t’avois écrit, ma bonne amie, de Burgos que je comptois rester auprès de l’empereur. Je reçus l’ordre le même jour
de venir prendre le commandement du corps d’armée de monsieur le maréchal Mançay
[Bon-Adrien Jeannot de
Moncey]
et de la division du général Lagrange
[Joseph Lagrange]
;
je me suis
[mis]
en marche de Logron
[Logroño]
pour venir attaquer l’ennemi qui étoit ici au nombre de cinquante mille hommes commandés par Castagnos.
Dans une position épouvantable, il a été culbuté de toute part par six mille hommes. Juge de la valeur de cette
canaille,
j’espère que tout sera pris avant quatre jours. On a été à leur poursuite de tous les côtés. Il n’a plus un seul
canon, nous lui avons pris toute son artillerie, fait jusqu’à présent six mille prisoniers. Ainsi... voilà ses armées si
redoutables totalement détruites.
…/…




