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salut.

Nous avons reçu largement ce que nous avions si modestement semé : continuez dans votre effort avec une âme

croyante en elle et en tous. Je me dis la même chose. Elle est notre raison de vivre.

Car je le sens bien, ce n’est pas le

corps qui est l’essentiel. Il est indispensable mais dans l’intérêt de cette clarté intérieure qui se réunit à toute

l’essence de l’univers et que nous portons momentanément en nous.

Nous sommes à un carrefour de l’humanité où

le crime et la vraie foi font également leur preuve. Mais rien n’arrête la vraie lumière et sa victoire est sûre...

»

« N’ai-je pas raison de croire à la puissance de la vie ? »

22. CARRIÈRE

(Eugène). Correspondance de 33 missives (32 autographes signées et une autographe), soit 29 lettres

et 4 cartes, adressées à Élie Faure. 1899-1905 et s.d. Plusieurs enveloppes conservées.

3 000 / 4 000

Très belle correspondance artistique et philosophique.

– [Paris],

2

mai

1902

. «

...

Comme vous, je pense qu’un homme sans passé est sans avenir.

Vous vous méfiez avec

juste raison d’une plante sans racines. Les miennes n’étaient pas là où vous pouviez le croire. C’est ce que j’ai voulu

dire. Elles sont plus dans le passé qui m’a initié à la vie présente. Votre salon m’a vivement intéressé par le goût et la

mesure, et la jolie forme d’expression, si correspondante à l’émotion ressentie. Je ne savais pas que c’était votre

première critique écrite, mais le vif sentiment de l’art et la justesse de votre esprit me disait bien combien vous vous

étiez préparé au droit de dire vos émotions. J’aurais grand plaisir à vous connaître plus complètement...

»

– [Paris],

31

décembre

1902

. Lettre écrite après l’opération réussie de son cancer : «

Je ne puis finir ni commencer ces

deux années ans

[sans]

penser à vous avec une émotion bien sincère. Nos actes sont le véritable enseignement dont

nos paroles ne sont quelquefois que la broderie. Si les hommes plus avancés dans la vie que leurs semblables sont

portés à la présomption de l’expérience, combien sont-ils surpris et charmés, s’ils sont de bonne volonté, que la sagesse

en activité leur est présentée par des êtres nouveaux, plus jeunes et à la fois plus vieux. Comme les saisons sont plus

nouvelles et aussi plus âgées que les précédentes, mais seules les floraisons sont aimables et fécondes. Puis-je être

pessimiste.

N’ai-je pas raison de croire à la puissance de la vie ?

Lorsque la bonté est fécondée par l’amour, nous

sentons autour de nous et en nous-mêmes ce mouvement sourd que nous paraît avoir la terre à l’approche des instants

où sa vitalité veut reparaître. C’est par vous aussi, cher ami, que s’est accru ma confiance, votre bonté affectueuse pour

moi m’a été si douce. Je n’oublierai pas les jours et les nuits de la rue Méchain...

»

– Saint-Valéry-sur-Somme,

24

août

1904

.

«

... J’ai passé 2 jours à Londres... J’ai revu les choses qui parlent de la

pensée éternelle de l’humanité (autant que l’éternité est promise à l’homme).

Je me suis senti toujours aussi ému et

fortement impressionné qu’à tous les instants où je me suis trouvé en communion de cette haute révélation.

Ce sont

les vrais bienfaiteurs de l’humanité, ceux qui nous réunissent à la vie générale.

Il faut aussi relier à elle tout ce qui

nous arrive de bien et de mal, l’action de la vie. C’est à cette condition que nous pouvons reprendre haleine, mettre de

la proportion dans les événements trop proches de nous...

J’espère en la logique que la vie qui force chaque chose à

reprendre sa vraie place...

»

– [Paris],

27

septembre

1904

. «

... Je n’ai pu vous demander de venir déjeuner avec moi, car je me suis trouvé à la fois

occupé de choses et de gens.

Mon tableau, surtout, qu’il fallait avancer au milieu de toutes ces diverses occupations...

Voulez-vous... après-demain vendredi m’attendre au café Mazarin à midi au boulevard Montmartre ? Nous passerions

un moment ensemble et vous viendriez avec moi voir mon tableau...

»

– Mons,

24

novembre

1904

. «

...

C’est ainsi la critique moderne... créatrice d’un sens nouveau de l’unité. Il y a une

date sur la critique spécialiste. Je suis très heureux de pouvoir vous dire combien l’avènement de cette forme de

collaboration m’est sensible et me paraît vraie. Que vous en soyez le représentant m’est aussi bien cher.

Vous

m’aimez, cher ami, et vous le faites voir. Je ne sais si je mériterai jamais ce que vous pensez de moi. Il est vrai que vous

exprimez votre opinion et non la mienne sur mon labeur. Heureusement peut-être pour moi. Nous aurions des

différences à constater qui ne seraient pas en ma faveur. Comme je ne suis pas juge, je veux vous remercier simplement

et vous dire que je suis heureux de vous avoir inspiré du bien sur mon compte et que vous ayez cru pouvoir le dire...

»

– Une belle évocation

du géographe anarchiste Élisée Reclus, oncle d’Élie Faure

(

12

juillet

1905

), un long et

magnifique éloge du critique d’art Gustave Geffroy (s.d.), etc.

Joint, 6 pièces,

soit

2

billets autographes d’Eugène Carrière

dont un illustré d’un dessin original

(s.d., mine de

plomb,

11

x

7

cm), probablement de ceux que, rendu aphone par son opération de

1902

, il écrivait pour communiquer

avec ses interlocuteurs : «

Ils provoquent les sentiments et les passions naturelles.

[dessin d’un personnage,

probablement un prêtre]

. Il gardait ses gens à l’église.

». – «

Je me promets de faire à Mons un joli album avec René,

Lucie, Nelly

[trois de ses enfants]

et que j’appellerai

Jeunesse

. C’est un souvenir de

[illisible]

. Quel dommage que cette

maladie

[illisible]

. Incurable sans espoir.

» — Fragments autographes d’Eugène Carrière (

1904

,

2

ff., fentes aux pliures),

notes de lecture sur l’ouvrage

Velazquez

d’Élie Faure, et réflexions philosophiques et morales sur l’Homme. — Un

dessin représentant une femme en robe espagnole à volants (mine de plomb,

10

x

7

cm, sur un feuillet in-

16

avec

en-tête imprimé au nom d’Élie Faure). — Notes manuscrites présentant une synthèse sur Velázquez (

20

pp. in-

16

oblong). — Une lettre autographe signée d’une des filles d’Eugène Carrière, Nelly Choublier, adressée à Élie Faure (s.l.,

14

novembre

1908

), le félicitant pour l’ouvrage qu’il venait de faire paraître sur son père.