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20

« Votre jugement sur le

Voyage

m’a fait un immense plaisir...

«Humanité directe», comme vous l’avez écrit, définitivement... »

23. CÉLINE

(Louis-Ferdinand Destouches, dit). Lettre autographe signée «

Destouches-Céline 

» à Élie Faure. S.l.,

«

le 21 

», [novembre 1932]. 1 p. 1/2 in-8, en-tête imprimé des « Dispensaires municipaux » de la ville de Clichy ;

fentes à la pliure, petites déchirures marginales.

3 000 / 4 000

Lettre faisant suite à l’envoi de

Voyage au bout de la nuit

à Élie Faure,

peu après sa publication le

15

octobre et

sa mise en vente le

20

octobre

1932

.

« Cher Monsieur,

vous avez reçu mon livre parce que depuis toujours je lis les vôtres

, tous les vôtres et avec quelle

joie ! quelle passion, même ! Je n’aime pas à parler d’art. Je n’en parle jamais. Je suis loin, depuis toujours de l’Art et

des artistes. Sauf votre livre, je n’ai jamais eu aucun contact avec eux. C’est ma Bible.

Votre jugement sur le

Voyage

m’a fait un immense plaisir.

À mon sens, ce que vous dites est définitif, vous ne pouvez

pas vous tromper.

Aucun danger que je sorte de mon obscurité besogneuse.

J’y suis maintenu par 39 années de miteuses habitudes et

de “petite extract”

[réminiscence de « La Ballade des pendus » de François Villon, dans

Le Testament

]

.

Je vis aussi comme vous voulez bien trouver que j’écris, en crachant,

d’un jour sur l’autre. Vous comprenez tout cela

et je vous en remercie, du fond du cœur.

“Humanité directe”, comme vous l’avez écrit, définitivement.

Bien sincèrement... 

» Il s’agissait là d’une expression

empruntée à l’

Histoire de l’art

d’Élie Faure, expression qu’il reprendrait encore à son compte dans deux autres lettres

de

1933

.

Louis-Ferdinand Céline,

Lettres

, édition établie par Henri Godard et Jean-Paul Louis, Paris, Gallimard (Nrf, bibliothèque

de la Pléiade),

2009

, n°

32

-

37

.

« Il faut se placer délibérément en état de cauchemar

pour approcher du ton véritable !... »

24. CÉLINE

(Louis-Ferdinand Destouches, dit). Lettre autographe signée «

Destouches 

» à Élie Faure. Paris, [fin

novembre ou début décembre 1932]. 1 p. in‑folio, en-tête à son adresse du 98 rue Lepic.

3 000 / 4 000

Lettre écrite peu après la publication de

Voyage au bout de la nuit

, le

15

octobre, et sa mise en vente le

20

octobre

1932

.

«

Cher Maître et confrère, c’est avec un très grand plaisir que je fais parvenir mon bouquin à notre confrère Béliard

[le docteur et homme de lettres Octave Béliard]

. Je vais en Allemagne pour un mois prochainement

[voyage

subventionné par la S.D.N., en Suisse, en Allemagne et en Autriche]

. À mon retour, je vous ferai visite, si vous me le

permettez, et nous nous entendrons pour aller voir Mr Béliard.

Vous avez trop raison en ce qui concerne la hideur du fond humain, il faut se placer délibérément en état de

cauchemar pour approcher du ton véritable !

Bien sincèrement et cordialement à vous...

»

Sur le succès de

Voyage au bout de la nuit

et son adaptation cinématographique en projet par Abel Gance

25. CÉLINE

(Louis-Ferdinand Destouches, dit). Lettre autographe signée «

Destouches 

» à Élie Faure. Paris, [mars

1933]. 2 pp. in-folio, en-tête imprimé à son adresse du 98 rue Lepic, enveloppe.

1 200 / 1 500

Élie Faure, qui connaissait le cinéaste Abel Gance et avait préfacé un ouvrage de lui en

1930

,

Prisme

, l’encouragea à

entreprendre l’adaptation cinématographique du

Voyage

, lui écrivant que c’était un « chef-d’œuvre », une « orgie

littéraire », une « épopée multitudinaire ».

C’est dans l’entourage de Cendrars, à la revue

Eurêka

, que Céline avait rencontré Abel Gance. Il le perdit longtemps de

vue, puis lui envoya un exemplaire dédicacé du

Voyage

. Poussé par Élie Faure, il avait renoué avec lui dans la perspective

d’une adaptation à l’écran. Le

4

mars

1933

, Abel Gance signa avec Denoël une option sur les droits cinématographiques

du roman, et un scénario fut même établi pour lui par Francis Norman. Mais Céline, même s’il était flatté, n’était pas

prêt à accepter, et laissa le projet s’enliser. Il demeura en relations directes avec Abel Gance jusque vers

1936

, lui

demandant par exemple de l’aide pour placer son ballet

Naissance d’une fée

. Par la suite, le lien ne fut maintenu que