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« Je proclame haut, émotivement et fort
toute notre dégueulasserie commune, de droite et de gauche
d’Homme.
Cela, on ne me le pardonnera jamais... »
33. CÉLINE
(Louis-Ferdinand Destouches, dit). Lettre autographe signée «
LFC
» à Élie Faure. Paris, «
le 18
» [mars
1934]. 4 pp. in-8 sur 2 ff. à en-tête imprimé du « Pigall’s tabac », enveloppe conservée.
4 000 / 5 000
«
Je suis anarchiste, jusqu’aux poils...
»
Lettre écrite peu après les émeutes du
6
février
1934
, à la suite desquelles Élie
Faure avait signé
L’Appel à la lutte
lancé par André Breton et les surréalistes, et avait invité Céline à s’engager
politiquement contre la montée de l’extrême droite.
«
Bien cher ami, vous savez combien j’admire, je m’enthousiasme, je vénère tout ce que vous avez pensé, donné, écrit.
Je me suis servi énormément de votre œuvre. J’ai pillé, appris, épelé dans votre texte. Je le fais encore, je le ferai
toujours.
Vous êtes un de mes rares maîtres – et sans doute le plus intime, le plus direct.
Alors ?
[La]
question n’est pas là, q
[uan]
d je m’insurge contre vos directives actuelles. Je me refuse absolument, tout
à fait à me ranger ici ou là.
Je suis anarchiste, jusqu’aux poils. Je l’ai toujours été, je ne serai jamais rien d’autre.
Tous m’ont vomi, depuis les
Inveszias [pour
Izvestia
, organe de presse officiel du gouvernement soviétique]
jusqu’aux nazis officiels
[le parti nazi,
au pouvoir, avait interdit en mai
1933
la traduction et la publication en Allemagne du
Voyage
, et l’avait placé dans
l’autodafé organisé par Goebbels]
. Mr de Régnier,
Comœdia
, Stavinsky, le président Dullin, tous m’ont déclaré
imbuvable, immonde, et dans des termes à peu près identiques. Je ne l’ai pas fait exprès mais c’est un fait. Je me trouve
bien ainsi parce que j’ai raison.
[Henri de Régnier, dans le
Figaro
, et un critique du périodique
Comœdia
avaient
exprimé des opinions méprisantes voire insultantes sur le
Voyage
, de même, aux dires de Céline, que l’escroc Alexandre
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