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présentât. Vent d’ouest Le thermomètre depuis quelques jours à 15° la nuit à 27 ou 28 le jour. Lorsque le vent est fort il monte à 25

ou 26. Quand il est faible il va jusqu’à 30°. Les puits faits ont donné de l’eau à 8 pieds au-dessous du niveau du Nil. On voit sur la

rive l’eau qui s’écoule des terres. Le 5 dans la tente à 3h le therm. à 34° on souffre peu parce que l’on sue beaucoup. La chaleur était

plus désagréable il y a 2 heures. Du 9 depuis plusieurs jours le thermomètre monte de 30 à 32° à l’ombre et dans les tentes il y a un

ou deux degrés de plus au soleil. Mis dans une encoignure exposée au soleil il est allé à 46. Le terrain brûle les pieds malgré les

souliers. Hier à 10h du soir il était à 25. Le vent est brulant depuis trois jours quoiqu’il ne vienne que de l’ouest. Hier soir il éclairait

dans le Nord-Ouest.

Le 15 à 11h 28° à 2h 33° vent du sud Sioute est à une demie lieue du Nil sur la rive gauche. Elle est bâtie en brique crue et cuite.

L’art du maçon y est un peu plus avancé que dans les autres villes du Saïd que j’ai vues. Il y a des ornements au brique de différentes

couleurs assez jolis. Les tombeaux sont au pied du Mokattam et sont plus jolis que les maisons des vivants. Ils sont tous recouverts

d’un enduit blanc et les cours sont plantées de mimosa. Les portes sont construites en briques rouge et brune et qui produise une variété

agréable. On trouve le dôme en petite quantité. On cultive principalement le bled, l’orge, le lin et le doura. J’ai vu souvent des épis de

bled de 5 pouces et demi de long. Plus on monte plus on trouve de sable ferrugineux sur les bords du Nil…

» ; « (…)

La cote de

Cosseir offre un golfe peu profond, qui est rempli par un rocher de corail (…) Une fissure qui se trouve dans le rocher forme le port de

Cosseir qui est entièrement ouvert du côté de l’Est. (…) la ville peut contenir une centaine de maisons (…) le lendemain de notre

arrivée nous allâmes faire une promenade en dromadaire à 2 lieues de Cosseir. Ce furent les Abadès, tribu d’arabes nubiens qui se

charge d’escorter la caravane moyennant une rétribution assez forte qui nous fournirent nos montures. Cet animal a le trot assez doux.

Mon arabe était monté derrière moi et le dromadaire ne paraissait point surchargé.

En revenant nous aperçûmes quelques gros poissons qui nageaient dans leu d’eau qui restait sur les rochers. Trois de nos arabes nous

proposaient d’en aller prendre avec leurs lances. Nous acceptâmes la proposition bien persuadés qu’ils n’attraperaient rien et nous leur

promîmes une réole s’il en apportaient un. Après une demie heure de chasse où ils montrèrent leur habilité à marcher nu pieds sur des

rochers pointus (…) Les Abadès sont une tribu d’arabes qui tiennent toute la chaîne de montagnes depuis Cosseir jusque-là de Sienne.

La tribu principale est dans les environs de cette dernière ville. Ce n’est qu’une espèce de détachement qu’ils envoient près de Cosseir

moins pour escorter que pour faire payer tribu aux caravanes. Les Abadès sont petits, ont les cheveux longs et crépus. Le teint basané

et les yeux entièrement petits. Ils conservent leurs cheveux et leurs barbes et quelques uns les coupent un peu court et ils ont une belle

coiffure à la brutus, d’autres les conservent longs, et dans la forme des perruques blondes qu’on portait à Paris à l’époque de notre

départ…

»

François-Michel de Rozière (1775-1842), fils de notaire du roi au Châtelet de Paris, fut élève à l’école des mines, de la promotion

1794, et suivit à ce titre les cours de Dolomieu, le célèbre géologue et minéralogiste.

Au printemps 1798, il s’embarqua à Toulon comme spécialiste en minéralogie avec 167 autres scientifiques pour explorer l’Égypte,

dont Dolomieu et Cordier. Dès l’été 1798, on le voit participer à une reconnaissance du cirque ou hippodrome d’Alexandrie ;

quelques mois plus tard, en janvier 1799, on le retrouve au Fayoum ; au printemps 1799, il fait partie de la commission Girard en

Haute-Égypte. En décembre 1799-1800, il se joint à une grande caravane pour se lancer dans la péninsule du Sinaï. En janvier 1801,

il est envoyé étudier les lacs de natron. Bien qu’il ne soit pas membre de l’Institut d’Égypte, il y rend de nombreux comptes-

rendus, notamment les 10 novembre et 2 décembre 1799, il y lit sa « Description minéralogique de la vallée de Qosseyr » et qui

constituera l’un des mémoires de la Description de l’Égypte. Enfin il rapporte de nombreux spécimens de minéraux qui entrent

dans les collections de l’École des Mines.

A son retour d’Égypte, il exerce ses fonctions d’ingénieur des mines dans l’est de la France. Nommé ingénieur en chef en 1810, il

fait une chute de cheval lors d’une tournée qui le laisse gravement malade. Ayant reçu une affectation dans le nord de la France, il

obtient de rester à Paris pendant un temps pour continuer à travailler à la Description de l’Égypte. Professeur de chimie et de

métallurgie à l’école des mines de Saint-Etienne de 1820 à 1824, puis chargé de s’occuper exclusivement du XIVe arrondissement

minéralogique regroupant la Saône-et-Loire, Nièvre, Allier et Cher. Nommé chevalier de la Légion d’honneur en 1832, il est mis à la

retraite le 27 avril de la même année, accablé d’infirmité et obligé de marcher en béquilles, devenu impotent de la jambe droite.

Rozière est l’un des contributeurs majeurs de la Description de l’Égypte, à l’instar de la qualité des planches de minéralogie

réalisées sous sa direction. Cette importante production éditoriale est à la mesure de son activité lors de l’expédition d’Égypte.

Cette contribution importante à la Description de l’Égypte s’élève à 9 mémoires publiés entre 1809 et 1826 : « Description des

carrières qui ont fourni les matériaux des monuments anciens, avec des observations sur la nature et l’emploi de ces matériaux » ;

« Mémoire sur les vases murrhins qu’on apportait jadis en Égypte, et sur ceux qui s’y fabriquaient » ; « De la géographie comparée

et de l’ancien état des côtes de la Mer Rouge… » ; « Notices sur les ruines d’un monument persépolitain découvert dans l’isthme de

Suez » ; « Mémoire sur l’art de faire éclore les poulets en Égypte au moyen des fours » ; « Explication des planches : le vinaigrier » ;

« Discours sur la représentation des roches de l’Égypte et de l’Arabie par la gravure et sur son utilité dans les arts et dans la

géologie » ; « Description minéralogique de la vallée de Qosseir » ; « De la constitution de physique de l’Égypte et de ses rapports

avec les anciennes institutions de cette contrée ».

Nous tenons à remercier la bibliothèque nationale d’Égypte située au Caire ainsi que M. Pascal Beyls, historien, pour nous avoir

aidé à authentifier ce document et à en identifier son auteur.

2000-4000