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Mardi 6 octobre 2020
195.
Pierre-Augustin Caron de BEAUMARCHAIS
(1732-1799). P.S. « Caron De Beaumarchais », en marge de
la copie de sa « Lettre circulaire de M. de Beaumarchais aux sept Chambres de Commerce Maritime »,
1
er
juillet 1788 ; 1 page in-fol.
200 / 250€
Pièce justificative préparée dans le cadre de l’affaire qui l’oppose à Bergasse et Kornmann [une liste des pièces
figure en annexe à
Court mémoire, en attendant l’autre, par P.A. Caron de Beaumarchais. Sur la plainte en diffamation
qu’il vient de rendre d’un nouveau Libelle qui paraît contre lui
]. Elle donne le texte de sa circulaire du 27 mai 1782 aux
sept Chambres de Commerce maritime, en envoyant 100 louis à chacune pour ouvrir une souscription patriotique
pour armer de nouveaux vaisseaux, à la suite des pertes françaises à la bataille des Saintes (Guadeloupe). En marge,
Beaumarchais signe et certifie cette copie véritable, ainsi que M
es
Mony et Gittard, notaires au Châtelet de Paris.
196.
Simone de BEAUVOIR
(1908-1986).
M
anuscrits
autographes (fragments) [pour
Faut-il brûler Sade ?
,
1951] ; 7 pages in-4 sur papier quadrillé.
400 / 500€
Pages de remplacement à dactylographier pour insertion dans cet
essai sur
S
ade
qui sera publié en décembre
1951 dans le n° 74 des
Temps modernes
, repris avec deux autres dans
Privilèges
(Gallimard, 1955), et depuis,
recueilli avec les mêmes, sous le titre
Faut-il brûler Sade ?
Le texte du manuscrit comporte de légères variantes
avec celui publié. « En quoi mérite-t-il de nous intéresser ? Ses admirateurs mêmes reconnaissent volontiers que son
œuvre est dans sa plus grande partie illisible ; philosophiquement elle n’échappe à la banalité que pour sombrer
dans l’incohérence. Quant à ses rêves, ils n’étonnent pas par leur originalité ; dans ce domaine, Sade n’a rien inventé
et on rencontre à foison dans des traités de psychiatrie des cas pour le moins aussi étranges que le sien. En vérité,
ce n’est ni comme auteur, ni comme perverti sexuel que Sade s’impose à notre attention : c’est par la relation qu’il
a créée entre ces deux aspects de lui-même. Les anomalies de Sade prennent leur valeur du moment où au lieu de
les subir comme une nature donnée il élabore un immense système afin de les revendiquer […]. Sade a tenté de
convertir son destin psycho-physiologique en un choix éthique ; de cet acte par lequel il assumait sa séparation, il a
prétendu faire un exemple et un appel : c’est par là que son aventure revêt une large signification humaine »…
On joint
les copies carbones d’une dactylographie d’époque de ces pages.
197.
Simone de BEAUVOIR
.
M
anuscrit
autographe (fragment) pour
La Longue Marche. Essai sur la Chine
,
[1955-1957] ; 12 pages in-4 sur papier quadrillé.
600 / 800€
S
ur
la
C
hine
. Fragments du récit du voyage officiel qu’elle fit avec Jean-Paul
S
artre
en Chine, du 6 septembre au
6 octobre 1955. Des passages entiers sont barrés d’une croix ; ailleurs on relève de petites corrections.
Le premier manuscrit porte en tête : « 2 à 5 septembre 55 », et est paginé 25 à 30 (avec un
bis
). Il s’ouvre par
des observations des voyageurs dans la salle d’attente d’Orly, où des voyageurs bien habillés jusqu’à la caricature,
à destination de Boston, contrastent avec ceux, sobrement vêtus, qui partiront en « expédition officielle » pour
Moscou… Notes sur les Soviétiques, Hongrois et Tchèques à l’aérodrome de Moscou, et sur un Sud-Africain,
également invité officiel du gouvernement chinois avec qui ils conversent ; aperçus du paysage ; rappel de la
présence occidentale en Mongolie depuis le XVII
e
siècle (savants, moines, aventuriers)… « Comme Paris est loin !
Derrière moi le temps et l’espace se sont si bien embrouillés, le système de nos besoins – faim, soif, sommeil – et de
toute ma vie a été si radicalement lissé qu’il me semble non avoir fait un voyage mais terminé un rite de passage,
long, fatigant, et qui m’a jetée insensiblement
ailleurs
. J’écoute l’aimable discours qu’on nous adresse en chinois et
qu’un interprète traduit. Les porteurs de hautes fleurs écarlates, la moiteur de l’air, la forte odeur végétale qui monte
de la terre me suffoque. […] Jusqu’ici quand je pensais à la Chine, je pensais à une histoire, une civilisation, un régime
[…] mais la Chine n’est pas une entité politique ; je devine avec joie, qu’elle a un ciel, ses couleurs, ses arbres, une
chair »…
Les 16 et 18 décembre 1956, elle envoie de nouveaux textes (paginés 476, 486 bis, 757, 781-782), sur la littérature
chinoise : « Sous les Mandchous, la décadence du monde féodal se réflète dans la littérature ; elle commença
à s’évader des règles formelles ; des genres nouveaux se développèrent. Le roman devint autre chose qu’un
divertissement […]
Le Rêve de la chambre rouge
entre autres est caractéristique de cette période »… ; et sur
Nankin : « Elle fut la capitale des Song dont le règne coïncida avec le plus beau moment de la civilisation chinoise,
et on la considère comme l’Athènes de la Chine. […] Les maisons ne ressemblent pas à celles de Pékin. Au lieu de
se cacher derrière des murs, elles exhibent des façades de deux à trois étages, garnies de fenêtres »… Etc.




