198
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198.
Simone
de
BEAUVOIR
.
M
anuscrit
autographe d’une
interview, [
Où en est la
révolution cubaine ?
], [début
avril 1960], avec L.A.S. d’envoi
à une dactylographe ; 20 pages
et demie in-4 avec ratures et
corrections, sur papier quadrillé.
800 / 1 000€
Réponses à une interview sur
la révolution cubaine, au retour
de son séjour de plus d’un mois à
Cuba
. Les remarques de Beauvoir,
numérotées de 1 à 19, correspondent
à des questions de Claude Julien ;
l’interview sera publiée dans
France-
Observateur
le 7 avril 1960.
La réalité de la révolution cubaine
est « plus riche, plus complexe, plus
passionnante » que Beauvoir ne
l’imaginait : « La presse française et
étrangère a beaucoup insisté sur le
caractère romantique, improvisé,
désordonné qu’elle prêtait à cette
révolution ; elle m’apparaissait de
loin comme très sympathique, mais
pas très sérieuse. Or j’ai rencontré
à la Havane des gens très réfléchis,
très compétents, très avertis des
problèmes qui se posent à eux ; ils
sont jeunes, c’est vrai, mais ils en
ont conscience […] ils remédient à
cette inexpérience par beaucoup de
travail et de réflexion. Les anciens
combattants de l’armée rebelle
portent la barbe et souvent les
cheveux longs, ils conservent leur uniforme même s’ils sont ministres : leur aspect déconcerte un peu les Européens
et les Américains du Nord ; mais il ne répond à aucune bizarrerie, […] aucun désordre intellectuel ou moral. J’ai
rencontré
C
he
G
uevarra
; il y a un surprenant contraste entre la solennelle banque où il est installé, et Che Guevarra,
avec ses longs cheveux, sa petite barbe, son béret, et son air d’extrême jeunesse. Mais j’ai constaté qu’il répondait
à toutes les questions avec une grande compétence : la solidité de ses exposés m’a frappée. Je n’ai parlé avec lui
que deux ou trois heures, et je ne suis évidemment pas une spécialiste ; mais on m’a dit qu’il étonnait les spécialistes
eux-mêmes ; […] il discute les traités de commerce avec une précision et une intelligence supérieures, généralement,
à celles de ses interlocuteurs et c’est lui qui finit par les mettre dans sa poche »… Elle raconte leur premier contact
avec Fidel
C
astro
, et l’« effrayante impétuosité » avec laquelle la foule s’est ruée sur lui à la fin de son discours
d’inauguration d’une école… Elle rapporte des remarques de Guevara sur le choix d’un ministre des Finances, de
J
imenez
sur le taux d’analphabétisme, d’
O
ltusky
sur le destin de la révolution… Elle commente la réforme agraire, et
marque clairement les limites de la comparaison entre Cuba et la Chine : « Cuba n’a pas d’appareil, aucune idéologie
a priori, et seulement six millions d’habitants »…
199.
Paterne BERRICHON
(1855-1922) poète, peintre et sculpteur, beau-frère de Rimbaud. L.A.S., 12 février,
à son « cher Maître » ; 1 page in-8.
100 / 150€
« Merci pour le plaisir que nous a fait la représentation. Quel vigoureux poëte vous êtes et quel charme sain a votre
vers aux sonorités puissantes, et musculeux luxurieusement ! Ça repose des cruautés maladives de l’école poëtique
à laquelle on veut que j’appartienne. Encore, bravo ! bravo ! […] Je désire faire un croquis de votre tête pour ajouter
à ma série commencée des Poëtes : voulez-vous me la livrer pendant une demi-heure, un matin (quel ?) chez vous ?
Je ne vous cacherai pas que j’en tirerai parti dans un journal illustré et peut-être pour une publication spéciale. »
On joint
une carte de visite de son frère jumeau Alexandre Dufour ; l’article de Marguerite-Yerta Méléra,
L’union
dans la mystique rimbaldienne – Paterne Berrichon et Isabelle Rimbaud
(
Mercure de France
, 1
er
mars 1927) et des
coupures de presse.




