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Mardi 6 octobre 2020
200.
Léon BLOY
(1846-1917). L.A.S. « L.B. » (minute), 2 janvier
1898, à l’abbé Auguste
R
astoul
, vicaire à Saint-Pierre de
Montrouge
; 2 pages grand in-8 remplies d’une petite écriture
serrée, avec ratures et corrections.
400 / 500€
Étonnant brouillon de lettre à son confesseur, à propos du
Salut par les Juifs
.
Il évoque le cas de l’abbé Olmer, « juif de naissance qui trouve,
quand il le faut, des sommes énormes pour des œuvres chrétiennes.
Ce sont vos paroles. Vous me les avez dites au moment où je venais
de me livrer pour un an, comme un enfant très-soumis ou comme un
esclave à la S
te
Vierge, sur votre conseil. […] Détesté des catholiques
aussi bien que des non-catholiques à cause de mon indépendance
& de ma soif d’Absolu, je présente le phénomène assez rare d’un
écrivain supérieur, considéré même par quelques-uns à l’
égal d
’un
homme de génie, & qui ne trouve pas son pain. Non seulement
aucune publicité catholique ne m’est favorable, mais mon nom ne
saurait être prononcé par une bouche chrétienne. Vous êtes, mon
cher abbé, l’unique prêtre ayant pu m’avaler, jusqu’
à ce jour. La
répugnance des non-catholiques, ordinairement plus ouverts aux
choses d
’art que leurs adversaires, est moins grande, à la vérité,
moins insurmontable. Mais je me suis vu forcé de les châtier si
souvent & ils ont reçu de moi de si épouvantables volées que ceux
mêmes qui me lisent le plus volontiers aimeraient mieux se faire
arracher la peau du derrière que de paraître me bienvenir d’une
façon quelconque
»
. D’où l’insuccès de ses livres, et sa « misère continuelle. Misère admirable, je vous assure & que
Dieu semble avoir faite pour nous. Deux de nos enfants en sont morts. Que son Nom redoutable soit béni. Quand le
péril est trop grand, nous le prions avec force d’une manière inattendue & mystérieuse. Cependant j’ai mon œuvre
à faire. Je dois accomplir la tâche que Dieu m’a donnée. […] Rien à la maison, pas même de quoi vivre un jour &
des dettes de toute nature. Bref, la faillite la plus ignominieuse à courte échéance & l’impossibilité immédiate de
subsister. […] Dieu nous a toujours sauvés à temps. […] Puisque votre abbé Olmer est juif ne pensez-vous pas qu’il
serait très-bien que l’auteur du
Salut par les juifs
(livre resté sans salaire) fût secouru dans la détresse & dans son péril
de mort par un de ces juifs pour lesquels il a parlé comme jamais catholique n’avait parlé
»..
.
201.
Petrus BOREL
(1809-1859). L.A.S., Asnières 20 août 1840, à Émile de
G
irardin
; 1 page petit in-4.
800 / 1 000€
Rare lettre sur ses contes
. Il adresse à Girardin « un petit conte dramatique (de l’étendue d’un seul feuilleton),
lequel serait bien flatté de vous plaire & de trouver une
petite place chez vous, où, si une tendresse paternelle trop
excessive ne m’abuse, il pourrait bien être, ce me semble
de quelque effet. L’an dernier
Janiquette
sut mériter
vos bonnes grâces, Dieu veuille que
Gottfried Wolfgang
rencontre aujourd’hui à son tour un aussi doux accueil ! »
Sinon il fera reprendre son manuscrit…
202.
Petrus BOREL
. L.A.S., Paris, 3 avril [1844], au
Président de la Société des Gens de Lettres [Arsène
H
oussaye
] ; 1 page in-8 à en-tête du journal
Satan
avec vignette gaufrée, adresse.
600 / 800€
Il se présentera le lendemain jeudi « devant vous & devant
M.M. les membres du comité réunis sous votre présidence,
pour vous soumettre respectueusement l’article que je me
propose, avec votre agrément, d’insérer dans un des plus
prochains numéros de mon journal »…
[Depuis février 1844, Pétrus Borel était le directeur-gérant
du journal
Satan
; selon Jules Claretie : « Il fonda, moins
pour vivre que pour passer sa bile sur les hommes et les
choses, le
Satan
, un petit journal armé en guerre qui se
fondit bientôt dans le
Corsaire
et devint le
Corsaire-Satan
,
journal vif et mordant, aux crocs aigus, qui savait happer et
faire la plaie large. »]




