Lot n° 15

Léon Bloy (1846-1917). L.A.S., 25 août 1909, Saint-Louis, à sa femme Jeanne ; 2 pages in-8. Cette lettre figure dans les Lettres intimes (à sa femme et à ses filles) mais certaines phrases ici biffées au crayon en ont été supprimées. Bloy...

Estimation : 350 / 400
Adjudication : 400 €
Description
raconte à Jeanne l’émotion « très douce » qui le laisse encore « tout vibrant » au moment où il lui écrit : « Aussitôt après mon déjeuner avec la bonne Mme Tieulet qui me charge des bonjours les plus affectueux pour vous trois, j'ai reçu la visite de Raoul Simon qui m’a embrassé avec tendresse en me disant qu’il devient chrétien. Il se fait instruire par un prêtre dont il est très-content & se voit sur le point d’entrer dans l’Eglise. Le cher garçon me racontait cela, les yeux pleins de larmes & tu penses bien de quelle joie j’étais pénétré. Naturellement il a voulu savoir ma situation actuelle. Apprenant que je suis captif ici pour attendre ces gens du ministère, il m’a promis d’écrire ce soir à un sien ami dont le nom juif allemand m’échappe, lequel est tout puissant auprès de Briant dont il est le compère & il le priera d’agir d’autorité, en toute urgence. Puis il est parti me laissant dans une sorte d’éblouissement amoureux, comme si j’avais reçu la visite d’un messager de Dieu. Je suis sûr que la suite sera belle. Tu vois, Jeanne, que ma vie de solitaire à Montmartre est singulièrement intéressante ». Il a été contrarié par une contrainte du percepteur, « papier ignoble qui n’avait été précédé d’aucune sommation préalable ». C’est alors qu’il eut la visite de Ratinat qu’il envoya porter 25 francs au percepteur pour avoir la paix. « Conversation nulle, comme tu penses. Pas un mot de du Puy. Ce pauvre homme m’était envoyé pour me délivrer de ce souci & je sais que tout ce qui arrive est adorable ». Bloy a été touché en recevant les lettres de ses filles Véronique et Madeleine. « Les prières de ces chères enfants me sont infiniment précieuses & j’en sens l’effet d’une manière telle qu’il m’est impossible d’être triste. Sois persuadée, chère amie, que notre séparation très-passagère est voulue de Dieu & qu’elle nous sera très-profitable » Il voit chaque jour ses amis Brou et Dupont. « On ne veut pas que je sois seul & réellement je ne le suis pas, même lorsqu’il n’y a personne dans la maison. J’ai de si belles choses dans le cœur ! ». Les passages biffés concernent du Puy de Nartus, avec qui Bloy était encore en bons termes (ici « le bon du Puy »., mais qui disparut avec l’argent de la souscription pour le monument à la mémoire de Villiers de l’Isle-Adam, histoire contée dans le Vieux de la Montagne, où du Puy est nommé Charles-Louis Tourteau de la Citerne des Lapsus d’Ancône).
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