Lot n° 116

[LE MONNIER (Abbé G.-A.)]. Fêtes des bonnes gens de Canon et des rosières de Briquebec… Suivi de : Discours d’un nègre marron… À Avignon – Paris, Chez l’abbé Le Monnier ; Chez Prault ; Chez Jombert, 1777, in-8°, maroquin vert...

Estimation : 4000 / 6000
Adjudication : Invendu
Description
olive, triple filet doré autour des plats, fleuron en angle, mention [Amico lioi offerebant amici uniti] en lettres dorées sur le premier plat, et emblème maçonnique sur le second, dos lisse orné, doublure et gardes de tabis rose, roulette intérieure dorée, tranches dorées sur marbrure (reliure de l’époque).
ÉDITION ORIGINALE de ce recueil dédié à Mgr Talaru, évêque de Coutances. Seul le Discours d’un nègre marron, qui a été repris, & qui va subir le dernier supplice avait d’abord paru séparément en 1759. La célébration idyllique de la vertu populaire. Destinée à récompenser une jeune fille reconnue pour sa vertu, l’institution des rosières se répandit en France à la fin des années 1760. Elle fut mise à l’honneur par La Rosière de Salency que Favart fit jouer à la comédie italienne en 1769 et dont la musique fut reprise par André Grétry en 1774. L’abbé Guillaume-Antoine Le Monnier (1721-1797), originaire de Saint-Sauveur-le-Vicomte dans le Cotentin, aumônier de la Sainte-Chapelle, contribua à la création des fêtes des rosières de Briquebec (Cotentin) et de Canon-les-Bonnes-Gens (aujourd’hui Mézidon Canon, entre Caen et Lisieux). Le Discours d’un nègre marron : une prise de position contre l’esclavage. Venant clore le volume et écrit afin « d’exciter les Blancs à l’humanité envers les Noirs », le texte, qui fut publié pour la première fois en 1759 et sera repris par Fréron dans L’Année littéraire, fait date dans la prise de conscience de l’inhumanité des traitements infligés aux esclaves africains. Le Monnier, mettant en scène un esclave qui a fui parce qu’il ne voulait plus enfanter d’esclaves, y dénonce fermement l’analogie esclave-bétail qu’il pousse jusqu’à sa conséquence extrême : l’élevage d’hommes. Un frontispice dessiné et gravé par Moreau le Jeune. Exemplaire revêtu d’une intéressante reliure maçonnique aux marques dorées de la Loge des amis réunis. La Loge des amis réunis, dite aussi Loge des fermiers généraux, relevant de l’Orient de France, fut fondée en 1771 par Charles-Pierre Savalette de Langes (1745-1797), trésorier général. Développée en marge de l’obédience, elle devint rapidement une des plus prestigieuses loges parisiennes, réunissant représentants des finances publiques et de la banque protestante européenne. Condorcet, inspecteur général de la Monnaie de 1774 à 1791, en était membre. La mention latine frappée au premier plat reste mystérieuse ; le décor du second présente plusieurs symboles (triangles, astre rayonnant, sphynges, faisceau de licteur…) et devises (« Notre union fait notre force ») placés sous le vocable de l’Orient de Paris. Les pièces qui composent le recueil de l’abbé Le Monnier, et tout spécialement le Discours d’un nègre marron, font toutes référence à l’esprit de vertu et à la fraternité entre les hommes, thèmes éminemment au cœur des préoccupations maçonniques. Le volume, bien conservé, est préservé dans une chemise-étui bordée de Gruel. Dimensions : 200 x 125 mm. Provenance : Roger-Pierre Monmélien, qui consacra son importante collection à la Normandie et à Barbey d’Aurevilly, avec son timbre humide au feuillet de titre. Frère, II, p. 175 ; Kaucher (G.), Les Jombert : une famille de libraires parisiens dans l’Europe des Lumières (1680-1824), n° 582 ; Hoffmann (L.-F.), Le Nègre romantique, personnage littéraire et obsession collective, Payot, 1973, pp. 113-114 et 118.
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